"When Fire Is Father" tourne en fond sonore en ce moment, la situation, l'ambiance qui émane de ce titre et l'état (d'ébriété) dans lequel je suis plongé me pousse à écrire, me fournit l'inspiration nécessaire. Tout comme l'opium pouvait aider certains poètes maudits, ou les drogues dures certains artistes Rock adulés de nos jours. Je prends donc mes touches de claviers (et non ma plume, j'eusse aimer cependant en avoir une, une vraie) pour vous parler de RAS ALGETHI. Groupe que je ne connaissais pas avant de lire une demande de notre cher Acid King (le bougre porte le même nom que le groupe, oui !) que je tiens d'ailleurs à remercier illico. Un grand "Merci" (en majuscule) à toi mon cher de m'avoir fait découvrir ce groupe si spécial.

Commençons par là. RAS ALGETHI est spécial, certes, mais en quoi ? Groupe a un unique album (suite à une Demo), il sort son méfait en 1995, l'année du sacré "Stormcrowfleet" de nos compères SKEPTICISM. Et si j'évoque ce nom ici ce n'est pas pour appâter le chaland et vous promettre monts et vaux et... merveilles. Mais c'est bien entendu car il y a un rapprochement à faire, un fil à tendre entre ces deux noms, certes mince mais un fil quand même. Les deux formations œuvrant dans un Funeral Doom à l'allure solennelle et inoffensive, nous berçant et nous cajolant dans nos complaintes multiples et autres tristesses profondes. Les deux groupes partageant en point commun l'utilisation omniprésente d'un orgue (voire même d'un piano chez RAS ALGETHI (cf l'interlude "With A Halo Of Flames", charmeur) ou de toute autre instrumentation pouvant donner à leur son un côté majestueux, chargé en émotion (mais pas en cholestérol). Sans oublier les multiples chœurs qui viennent tapisser certains passages de l'album, aériens à souhait.

Car oui, là où RAS ALGETHI, l'homme de l'ombre, se détache de son compagnon de route SKEPTICISM, aveuglé sous les flashs des appareils photo (on peut en voir un sur la pochette de leur album sorti la même année d'ailleurs, vieux fous) c'est bien dans la facette beaucoup plus lumineuse de leur musique. Groupe sombre à la musique plus lumineuse ? Oui vous avez tout compris, la pochette va donc bien dans le sens de leur musique, et non de leur "brillance", de leur présence au sein de la scène, aussi vite arrivée, aussi vite repartie, oubliée. Pourtant les petits gars de RAS ALGETHI pourraient plaire à un bon paquet de gens. Que ce soit les allergiques à la musique Metal, les non fans de Funeral Doom qui n'aiment pas en avoir trop sur le bide ou même l'amateur de grande orchestration et de musique solennelle, d'église ou que sais-je encore (vous savez aujourd'hui il existe tellement de choses sur le marché). Le champ d'investigation est large et si vous n'aimez pas le Doom en général, les sonorités lourdes et les voix de morts vivants pas frais, soyez rassurés mes frères, nos amis Italiens (pas commun ça dis donc !) sont là pour vous !

"The White Hypnotic" porte bien son nom. Boule de lumière intense qui vous éclaire de mille feux et vous délivre de tous vos pêchés. Le groupe sait y faire et l'étiquette Metal n'est que très peu souvent de la partie. A part un batteur qui n'oublie pas son rôle de plombier en martelant son kit de manière régulière (avec quelques passages à la double même, le fripon!), et les guitares oscillant entre les leads macabres, les envolés aiguës et les moments plus écrasants (rares mais à souligner quand même), la dominante de l'album est au repos, au recueillement. L'absence de bassiste aidant. Et c'est là où le combo surprend. On s'attendait à un album en désaccord avec la pochette comme il en existe des centaines, une baffe de lourdeur, un ouragan avançant lentement mais surement, assourdissant et dévastateur. Au final on récolte quelque chose de plutôt simple à s'enquiller, enchanteur et qui nous plonge dans un état de sérénité quasi-totale, avec ses moments chargés de growls salvateurs sur fond d'orgue clair et lumineux.

Une bouffée d'air frais, rafraichissant et apaisant, l'opus de RAS ALGETHI en conquerra plus d'un, c'est sûr. Donnez lui sa chance, vous ne pourrez être que charmés par tant de pureté, d'aisance et de solennité. Sortir quelques morceaux du lot aurait été vain et inutile à la fois. Cet album est un voyage, il vous emporte tout au long de sa petite heure. Allez ne faites pas les idiots... appuyez sur "Play".


As I enter the pits of spiritual void...


Note réelle : 3.5/5