La machine est repartie ! Comme si son but était d'engendrer le plus bruit possible, de déranger un max, avant de s'arrêter à nouveau. Cette machine, c'est LITURGY.

Ce groupe est bluffant à premier abord. Je ne sais pas si c'est son look, son attitude ou sa provenance (Brooklyn, NY) qui poussent les magazines de rock à lui donner une vitrine, mais il se retrouve dans plusieurs publications non spécialisées en Metal. Inutile de vous dire que les avis, dont le mien, sont partagés. Ici, on crie au manque de clarté dans la démarche du groupe et là, on s'insurge presque du caractère trop extrême des compos, voire leur contenu répétitif et agressant.

J'avais été assez impressionné par le premier album de LITURGY, espèce de Black psychédélique/fusion à la KRALLICE mais plus urbain et hardcore sur les bords (donc extrême), mais je dois avouer que contrairement à KRALLICE, justement, la sauce commence déjà à tourner. Est-ce la multiplication de ce genre de formule extrême et explosive qui me rend si blasé, est-ce le peu de dissemblances entre "Renihilation" et "Aesthetica" qui me déçoit à ce point ? Est-ce tout simplement quelques plages ridiculement ennuyantes comme "Generation", cet instrumental hallucinant d'inutilité qu'est "Helix Skull" ou "Glass Earth", cet a cappella plutôt moche, qui me poussent à froncer les sourcils ?

Oui, mais probablement que ce qui cloche ici est l'absence de « vraie » personnalité. Ce Black fusion mélangeant la densité du Black avec la verve psychédélique du Hardcore extrême, a un mal fou à se faire adopter. Je n'arrive pas à saisir les motivations du groupe, à part jouer vite, vite, vite, et gueuler fort, fort, fort. Par exemple, je crois entendre de la mélancolie sur "Tragic Laurel", titre plutôt évocateur, mais je ne parviens pas à la ressentir entièrement. Est-ce moi le problème ? Pourtant, ce morceau est assez accrocheur ! Mais il est si… incontrôlable que c'en est fatiguant. On ressort exténué, violé, jusqu'à la prochaine claque, que l'on prendra naïvement dans la gueule en se demandant ce qui a bien pu nous arriver et surtout, pourquoi on l'a reçue !

Parmi ces baffes qui valent la peine d'être gobées sans peine, et là je vous somme de ne pas crier à la contradiction, je vous conseille fortement "High Gold" (quand elle commence enfin !), "True Will", "Veins Of God", la seule mid-tempo du disque, "Harmonia", et la meilleure, selon moi, "Glory Bronze", une des seules qui me fait vraiment ressentir un truc, aussi ténu soit-il. Vous avez ainsi suffisamment de raisons de tenter cette expérience, sans repartir avec un numéro de téléphone et le sourire aux lèvres. Non, des cernes vous guettent davantage…

Dans le fond, LITURGY se fout de nous. Trip égocentrique avant tout, grosse orgie de sonorités suraiguës et de défonçages de tympans. Nous sommes dans l'époque du gros n'importe quoi, je vous le rappelle, et les Américains s'inscrivent parfaitement dans cette vague. Il n'en demeure pas moins que LITURGY, sur "Aesthetica", est une grande curiosité. Et ce serait mentir que de prétendre qu'il n'a rien à offrir, car certaines plages sur cet opus sont complètement délirantes car pas trop poussées dans les derniers retranchements du gros bon sens.

Alors je lui laisse sa chance comme un gros ourson laisse la vie sauve, en doutant fort que ça donnera quelque chose.