On ne compte plus les pays, les copies, les influences ni les groupes. Il y en a trop. Des bons, des moins marquants. Les bases ont été jetées il y a si longtemps qu'on a peine à croire à une résurgence dans tous les genres. Dans toutes les formes artistiques, le Metal y compris bien entendu, sclérosé par des pastiches grotesques osant prétendre se rapprocher de leurs idoles, les icônes forgeronnes qui ont donné au monde métallique ses standards de comparaison que l'on traîne encore comme un boulet aujourd'hui. Je vous renvoie à tous les classements top 100 ou top 200 des meilleurs albums de Metal de tous les temps qu'on retrouve ici et là sur le web. Ces derniers souffrent d'un flagrant manque de modernité. Et pourquoi ? Parce que des formations comme NERVECELL, bien que très douées, n'arrivent pas toujours à déclasser les disques de référence. Et ce n'est pas nécessairement une question de recul, d'ancienneté si vous préférez, mais une question d'en avoir trop entendu.

Quand on croise un groupe nous faisant vibrer la patate, c'est différent. Que l'entité ait deux ou vingt ans d'expérience, un bon album est un bon album. L'important est de se libérer des chaînes attachées naturellement aux nouveaux combos et reliées aux standards. NERVECELL n'y arrive pas. J'ai beau essayer, je ne peux prétendre que ce quatuor de Deatheux a ce qu'il faut pour attirer les projecteurs.

Issus de Dubaï, la ville à la mode, ces musiciens aux couilles grosses comme la Mer Morte offrent pourtant un album solide, sans grandes failles. Bonne prod', bonnes grattes, chanteur correct, ça s'écoute sans grimacer. Mais… ne serait-ce pas là un problème ? L'homogénéité à ses limites, non ? Eh bien oui. Et c'est mon principal reproche à ce "Psychogenocide" à la pochette assez débile, merci. Je n'arrive pas à délier les ingrédients de ce Death direct, un brin mélodique et technique. Certes, les Arabes (provenant de divers pays en plus) ont déployé de grands efforts de composition, on tangue sans cesse entre le Death basique, le Death Technique et le Death Mélo, mais les divisions se confondent sans qu'on les remarque vraiment. De là cette osmose qui rend le tout un peu ennuyeux et… anonyme.

Pourtant, NERVECELL nous présente une intro géniale trahissant ses racines et nous plongeant illico dans sa culture. Après, niet. Rien, aucune référence. Pas même une seule corde ethnique, un seul sample ou incartade ensoleillée. Enlevez cette intro et ce combo peut provenir de Suède autant que du Brésil à ce que je sache. Dans une époque comme la nôtre où les normes s'épuisent rapidement, NERVECELL aurait dû faire plus que quelques trémolos et mélodies arabisantes, presque cachées en plus dans les enchevêtrements de grattes. Il aurait ainsi pu se distinguer avec ce deuxième album… en 12 ans d'existence. Il commence à se faire tard…

"Psychogenocide" est donc un album à se farcir pour l'amour brut du Death, sans obligatoirement être attentif. Suis-je trop sévère ou suis-je simplement une victime du trop-plein de souches métalliques issues des mêmes gènes ? Je ne sais trop. Je sais seulement que même si des morceaux comme "Anemic Assurgency", "Shunq" et "Driven By Nescience" sont pas mal et nous permettent de hausser le sourcil, le reste de l'album se confond dans un étang trop bien connu. Peut-être prendrez-vous votre pied avec "Psychogenocide", mais moi, je peux penser tout de suite à des dizaines de groupes semblables que je choisirais d'écouter avant lui…

Triste et plate constat, qui me force à rayer temporairement NERVECELL de ma liste de formations pleinement originales et dignes de mention. Espérons que le groupe réussira à sortir de l'anonymat après une décennie d'existence et saura teinter sa musique de sa nationalité, plutôt que de copier des standards internationaux au son formaté qui n'ensorcellent plus personne.

Note : 2,5/5.