Splortch.
Le doux bruit du groupe qui explose.
Tout le monde ou presque connaît l'histoire : NEGLIGENT COLLATERAL COLLAPSE a éclaté, et ce même éclatement donne naissance à deux sales gosses tapageurs : les zombifiés d'EARDELETE et les bouchers de JIG-AI. Deux nouveaux fleurons du goregrind à la tchèque, le premier plutôt groovy, et le second, objet de cette chronique, totalement furibard et charcutier.

Hop, ils sont Tchèques mais ils jouent quand même sur l'imagerie japonaise. Les Guro-Hentai pour être plus précis. C'est quoi ? Pour résumer, l'adaptation déviante d'un manga pourrave genre Love Hina entre les mains de Nishimura et Takashi Miike : fini les tentacules et l'érotisme bas de gamme, ça tape dans le lard et ça repeint la baraque, on enduit les murs de purée d'Hamtaro broyé au mortier. D'ailleurs, un Jig-Ai, qu'est-ce que c'est ? Ils sont mignons, ils nous racontent tout dans le livret. Ça se résume en quatre étapes :
1/ Être une femme (sinon on dit Hara-Kiri, eh ouais, je suis méga renseigné moi).
2/ Se trancher la jugulaire d'un coup sec avec un truc tranchant.
3/ Être mort.
4/ Le rester.
Et ça sert à quoi ? Ben à mourir pardi, oubliez pas qu'on parle de Japonais.
Donc vous vous doutez que pour apprendre à tricoter autrement qu'avec des viscères, on repassera. Ici c'est du pur sang, ça gicle et ça cogne, c'est proprement dégueulasse et paradoxalement tellement brutalement bon ! Le goregrind pur jus, alliant le groove de dingue et le matraquage au burin incisif et épais.

Le grind à la tchèque, on le retrouve ici dans toute sa splendeur. Les titres sont courts, l'album dépasse à peine la demi-heure, on est plongé dans le bain direct et on en ressort tout dégoulinant de liquide rougeâtre visqueux. Le son est des plus gras et brutaux, le batteur massacre sa caisse claire à la bûche en toute occasion, et le chant on n'en parle même pas. Pitché jusqu'à l'estomac, ruisselant et porcin, en bon cliché du sanglier liquéfié qu'on écorche à l'épluche-patate enduit de vinaigre.
TOUS les ingrédients sont là. On les mixe au shacker en rajoutant des gros bouts de viande encore vivante et hop. On obtient un putain de bon album, terriblement classique mais tellement énergique, juteux et impulsif, qu'il nous colle un pêche monstrueuse. Gras, humide, heureux. De la bonne série B, un slasher à la con qui a compris que les dialogues entre les meurtres, c’est chiant, on veut que ça tâche et pis c'est tout !
Bien évidement ça blaste pas sans discontinuer, y'a un paquet de bons riffs dans le tas, souvent groovy et entraînants, comme le tube total "Ninja Gangbang" et la furieusement headbanguante "Gourmet Specialities Of Necrozoophil".
Y'a également des petites perles planquées au fond de ce tas de chair fumant. "Pet Nam Spadla VS Skakal PES" reprend je sais pas trop quoi mais c'est une reprise et c'est pour les gosses, et c'est jouissif à en mourir de dislocation à force de se trémousser dans son salon les tripes en lasso au-dessus de la tête. Et aussi le dernier morceau un peu à part, qui fait la part belle à des bizarreries électroniques sur fond de hurlements de grands singes subissant les expérimentations colorectales d'un quelconque scientifique hirsute qui essaye de ranimer les morts à grands renforts de potion magique en seringue. Un peu de variété et quelques repères au sein d'un opus quand même des plus hargneux et intenses.

Dans l'excès total, bourrin, dansant, joyeux et pas malsain pour un sou, ce premier opus des affreux Japonais d'ex-URSS a de quoi mettre l'intégralité des amateurs de Goregrind de son côté. Bien plus violent et brutal que NCC, plus énergique mais ne disposant pas la même science du riff qui tue que son jumeau EARDELETE, cette sortie signée Bizarre Leprous fait office de référence du genre des dernières années. D'ailleurs, le second volet sorti deux ans après nous balance exactement la même recette, à quelques améliorations près.

Splaf : Du Goregrind encore plus Gore que Grind. Vous êtes prévenu, c'est pas du Casher. GRUIIIIIIK!