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GOREGRIND  |  STUDIO

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2003 Le Mort

THE DAY EVERYTHING BECAME NOTHING - Le Mort (2003)
Par DARK MORUE le 1er Octobre 2013          Consultée 2147 fois

Quand on parle de Goregrind à des gens normaux (genre des metalleux, on se comprend), ils en pensent pratiquement toujours la même chose. Genre c'est tellement du Metal que même les metalleux voient ça comme du bruit, du coup ça m'amuse de me dire que certaines personnes tiennent exactement le même discours en parlant de SLIPKNOT. Ah si seulement ils savaient. Au final ça donne un truc du genre :
"Ah ouais, cette musique de dégénérés handicapés du solfège, avec un cochon en infrabasse au chant, des riffs inexistants, du blast et tout ? Paraît même qu'ils sont obligés d'être zoophiles et qu'ils mangent leur caca, et que sur scène ils se violent entre eux et jouent uniquement dans des fosses sceptiques pleines de vomi !".
Du coup, pour contrebalancer un peu le Goregrind débile (mais tellement bon) représenté par la fine fleur tchèque genre GUTALAX, ROMPEPROP, RECTAL SMEGMA et autres COCK AND BALL TORTURE ou AHUMADO GRANUJO sans oublier nos confrères de GRONIBARD, je vous présente un bon petit skeud bien chargé en lipides et autres gerboulades, mais réalisé avec grand sérieux, venant du droit du Pays des kangourous et d'AC/DC. Le jour où Tout est devenu Rien, ça s'annonce bien. Oui je sais que c'est traduit avec les pieds, pas la peine de me le signaler.

Et donc, ces vieux briscards de la scène ont fait un petit bout de chemin depuis ce premier album, leur première réalisation est désormais datée d'une dizaine d'années. Toujours bien actifs (leurs derniers singles en date butent), avec une discographie assez bien remplie (deux autres albums, nettement moins convaincants que ce "Le Mort" par contre) et même une bonne place sur l'affiche de la version australienne de l'Obscene Extreme Fest cette année. TDEBN est donc un sacré pilier de la scène Goregrind, estimé, reconnu, mais œuvrant quelque peu dans l'ombre. Un peu dommage certes, mais pas si étrange que ça. Et au niveau strictement musical, pour une fois, pour le genre, ça déconne pas.

Ce qui surprend d'office, c'est cette production. Absolument dantesque, parfaite pour le genre, c'est ultra grave et gras, avec un bassiste qui prend plus de place que les guitares tout en ayant un son de grosse guitare. C'est fluide, c'est méchant, tellement gras que ça dégouline des enceintes, et c'est juste parfait pour mettre en place tout le reste, faire fonctionner à plein régime le groove et la hargne. Et ça, boudiou, il y en a !
Sur "Le Mort", il y a un truc. Une manie de décocher chaque note de manière sèche, détachée, qui la fait taper plus fort que d'habitude. Un petit machin en bonus sur la batterie qui fait que ça groove un peu plus, que c'est plus brutal... Ce son de pédale qui se marie totalement au grain des guitares, voilà. Ainsi, quand ça sort du riff abyssal qui défouraille, les murs tremblent carrément devant autant de basses (genre "Subtext"). Mais ça n'oublie pas ses origines : en pur Goregrind assumé, c'est aussi Gore que Grind. Mais pas que.

Les structures des morceaux sont typiquement Goregrind, les sonorités aussi, bref. Par contre ce qui surprend c'est le sérieux et l'application qui sont ici de mise, on a pas cette habitude dans le genre. Même un morceau totalement furieux comme "Horror", qui fonce dans le mur et fait tout exploser, se permet de groover comme un damné, chaque riff étant tellement épais et dodelinant qu'on a pas d'autre choix que se mettre à danser dans le gras. Et quand le groove atteint son paroxysme (l'énooooooorme "Gravel") là c'est la guerre. Mais là où la plupart des groupes du genre mettent un beau bordel dans un circle pit peuplé de gens ivres morts déguisés en bite et jetant du papier toilette, ici on reste cadré, on se tape dessus, on headbangue et on hurle, sans être trop régressif. Juste bestial. Et pour ce genre particulier de Goregrind, qui se revendique davantage de CBT que de CARCASS, c'est une denrée rare, dont il serait dommage de ne pas profiter.

Et puis cette ambiance... Rien de fun, tout est morbide, on découvre un cadavre en décomposition dans un hangar désaffecté ("Method", "Industry", "Naked"). Pas de samples ou presque, sobriété maximale, pas d'éclatement de violence trop débridée (ça va souvent vite, très vite même, mais totalement sous contrôle), chant typique du genre tout en restant bien efficace... Oui ce genre de chant immonde qui repousse tout le monde. Là c'est assez sobre, le pitch y va pas assez fort pour que ça fasse des bulles, on a juste une alternance d’infra-basses globuleuses avec de rares cris écorchés filtrés, belle réussite qui ne rajoute qu'une couche de gras. En résulte un album ultra massif, nous donnant juste l'impression de nous frotter à une grosse masse gluante et noire, à la magnifique pochette parfaitement à l'avenant. Et puis merde, ils ont le meilleur logo de tous les temps. Et en plus, les titres de morceaux en un seul mot, courts et précis, ça claque. Je crois que je suis amoureux.

Bref, voilà un bon gros truc pour ceux qui veulent se lancer dans le Goregrind sans y laisser trop de neurones. J'avais conseillé GRUNT comme premier pas dans le vomi accessible et fun, maintenant pour ceux qui veulent découvrir une facette plus sérieuse, bardée de riffs qui butent, variée, massive et tout simplement de qualité, vous avez THE DAY EVERYTHING BECAME NOTHING. Que vous aimiez ou pas, au moins, après avoir écouté ça, vous pourrez plus dire que le Goregrind est uniquement réservé aux crétins puérils qui parlent que de bite.

Bébé mort : Goregrind mais pas crétin, groovy, efficace, tapant là où ça fait mal avec le plus grand sérieux du monde. Et cette production mes aïeux...

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- Tony Forde (chant)
- Dave Hill (guitare)
- Dean Engert (guitare)
- Xavier Irvine (basse, chœurs)
- Martin Evans (batterie)


1. Revisionist
2. Naked
3. Subtext
4. Horror
5. Method
6. Gravel
7. Industry
8. Blind
9. Protect
10. Mortem



             



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