C'est écoutable depuis milieu 2010 grâce aux distributions aux concerts et pourtant ça vient tout juste de sortir. Et bien évidemment, aucun brutalleux digne de ce nom n'a loupé le buzz énorme autour de CEREBRAL BORE. La hype du style de la décennie, pour un album tout à fait honnête mais n'allant pas au delà des standards du style. Du moins pas dans le fond. C'est dans la forme que se situe la différence, et, pour y aller sans tabou en toute honnêteté, je vais maintenant me rabaisser jusqu'à toucher le sol de mon front et lécher les pavés jusqu'à l'hémorragie en hommage à Simone Pluijmers.
JE T'AIME SIMONE !!!
Voilà, c'est fait, elle est pas aussi sexy qu'une autre Simone (mais celle-là elle est rousse alors faut la brûler) mais elle est au moins aussi douée. Dans son domaine.

Le groupe a beau ne pas le mettre en avant, tout le monde est au courant, dans CEREBRAL BORE c'est une nana qui tient le micro. Connue avant sous le pseudo de Smoonegrri sur Youtube, du temps où elle cherchait un groupe (z'avez vu comment je suis trop renseigné?), puis finalement recrutée pour faire exactement le même job qu'un mec. Ça gruike, ça growle, bonne voix huileuse pleine de gros glaires jaunâtres ultra gutturale et super puissante, qui nous épargne les abominables cris suraigus habituels des deatheuses (LANDMINE MARATHON, TARD...). Tantôt on lorgne côté PROSTITUTE DISFIGURMENT, où encore SUFFOCATION. Preuve par 9 qu'Angela Gossow, c'est qu'une fiotte. Voilà, bien en place, ravageur, efficace, plein d’énergie et charismatique. Elle fait son job normalement, sauf qu'elle a pas de bite. Unique différence qui change absolument rien à la musique au final.

Derrière ce phénomène de foire qui ne change la donne qu'à la première écoute, les zikos assurent bien. Du Death moderne très technique et expéditif, pas le moindre solo, tendant à sonner Deathcore sans les gimmicks de breakdowns lourdingues. Le batteur nous fait étalage de sa maîtrise à haute vitesse, mais est un poil trop triggé pour que ses blasts fassent vraiment leur effet. Une boîte à rythme aurait fait exactement la même chose, sauf que beaucoup d'auditeurs auraient hurlé à la tricherie. Donc on a jusque là un bon album avec une vocaliste monstrueuse et une batterie en plastique, on note également une basse inexistante sauf quand elle dégage tout le reste pour nous dire «coucou !» ("The Bald Cadaver") et une pelotée de riffs efficaces sortant des grattes abrasives et tranchantes.

Classique mais efficace. Dans la droite lignée des HUMAN MINCER et autres EXECRATION, le Death joué ici ne se prend pas la tête et dispose d'un effet rouleau-compresseur poussé. Pas d'autres ambitions que nous en mettre plein les esgourdes dés qu'on ressent un besoin urgent de brutalité plastique et intense, mais se condamne à prendre la poussière par intermittence. Mais ici on a une assez bonne durée de vie grâce à une construction non-linéaire, ainsi certains titres sont particulièrement rageurs ("24 Years Party Dungeon", meilleur titre de l'album aux paroles sorties tout droit du dernier BENIGHTED), certains fredonnent un mid-tempo écrasant et robuste (le titre éponyme, au début puissant et jouissif ; le court slam final de "Mangled Post-Burial"). Le travail guitaristique et structurel ne perd pas l'auditeur, restant simple et caractéristique, aux accents DYING FETUS prononcés dans la plupart des riffs. L'équipe rythmique se contente de cogner de manière nette et précise là où ça fait mal, sans mélodie ni rien et bande les muscles jusqu'à se faire saigner.
Et notre Simone s'amuse comme une folle, se permettant même quelques lignes très drôles (les YIPI YAPA HIHI de "Entombed in Butchered Body" foutent un grand sourire sans le vouloir) entre deux carnages gutturaux qui flanquent une sacrée leçon à la plupart des grands.

Donc non, ce "Maniacal Miscreation" n'est pas du tout l'album du siècle. Et même si la nature les a dotés d'une énorme paire de corones leur ayant permis de pécher une sacrée tigresse, on ne va pour l'instant pas plus loin qu'un potentiel affiché ne demandant qu'à s'affirmer. De très bons débuts mais passé la surprenante touche féminine et la production énorme, on se retrouve devant un objet plutôt commun bien que très très bien exécuté.

SIMONE JE T'AIME : Très attrayant dans la forme mais passé l'effet de surprise, les influences marquées et le côté trop calibré prennent le pas...