NEGATIVE PLANE... Putain, on aura tout vu. Des Blackeux américains assez underground pour être accueillis dans cette écurie qui s'appellent NEGATIVE PLANE ? C'est le retour du 11 septembre ou quoi ? Avec un tel titre, "Stained Glass Revelations", on pourrait le croire, même si pour l'heure on se foutra bien de ce que le trio nous raconte comme conneries. Leur musique à elle seule vaut l'écoute de ce deuxième album, vous en ressortirez les neurones fumantes !

D'abord, l'atmosphère. Les New-Yorkais ont opté pour une production cradingue – dans le sens que les instruments semblent sortir des entrailles de la Terre – et un climat ritualiste, ténébreux (la pochette est très évocatrice). Le résultat ressemble certes à un du vieux Black, mais le Black de NEGATIVE PLANE s'éloigne des cadors qu'on connaît pour se rapprocher de la vase de groupes stoner ou doom. Bon, les tempos sont rarement rattachés à cette bergerie, mais je vous avertis, "Stained Glass Revelations" est visqueux et nauséabond. Tout en étant, à la lueur des chandelles, lumineux.

Si l'atmosphère permet de décrocher rapidement de notre petit univers bardé d'iniquités, la réelle force de "Stained Glass Revelations" est de nous projeter dans un monde effroyable et romantique à la fois, occulte et planant. Le même genre que GHOST en somme, mais en plus hard, bien sûr. Les instrumentales "The Fall", "The Third Hour", "Charnel Spirit" et "Stained Glass Reflections" auront tôt fait, avec leur piano et orgue caustique, de tisser une toile sombre et baroque sur les six pavés – tous accrocheurs – constellant cet opus. Ces derniers, s'ils sont archi mal mixés, ont littéralement le Diable au corps.

Le groove de NEGATIVE PLANE est irrésistible, vous reconnaîtrez en lui l'influence du Heavy Metal des débuts. Sa batterie détonne un peu car, encore une fois, mal mixée. Mais ce que la plupart d'entre vous retiendront est cette voix d'outre-tombe et cette guitare maniée de psychédélique façon par Nameless Void. Et quand je dis psyché, je ne suis pas loin de la vérité ; les sons aigus que ce type fait naître en secouant sa guitare sont tout bonnement hallucinants ! On se croirait souvent dans un asile de fou dans les années 70, avec ces cordes résonnant comme des hurlements accouplés à des riffs western spaghetti hyper cool et d'autres, plus incendiaires, ne trahissant pas l'allégeance des Américains. Je vous dis, c'est bluffant comme jeu, j'ai rarement entendu ça ! Et en plus, ça sonne vieux garage puant, l'ensemble produit sans gêne un écho honteux, maléfique, comme si tout ce que ça prenait pour paraître méchant était de baisser au plus bas niveau la qualité de l'enregistrement. Stratégie basique, mais qui ici est doublement efficace.

On croit à ce Black « satanique » parce qu'il empeste l'humidité et le cadavre sacrifié sur l'autel de la médiocrité sonore, on y croit car les « mélodies » aériennes et pincées s'envolant comme des chauves-souris font décrocher la mâchoire, que la basse d'Ignotus est très audible et renforce des compos déjà géniales, que la musique de NEGATIVE PLANE insuffle un espoir que le Black saura toujours dépeindre les mêmes bonnes vieilles fresques tout en captivant l'auditeur.

Encore un groupe de New-York qui met le feu aux poudres du Black ! Eh beh… Si ça continue, faudra commencer à croire que la capitale du monde a décidé de devenir la nouvelle capitale du Black, qu'il soit atmosphérique ou crado. Ce ne sont pas les exemples de réussites qui manquent, mais bon, ne crachons pas sur l'Europe et les contrées froides…