Poursuivons sans tarder notre ballade enchantée dans le DOOM DEATH des années 90. Il était une formation Suédoise que beaucoup ont déjà oublié aujourd’hui. La faute à une carrière en dents de scie qui reflète une inspiration souvent vacillante et de rares fulgurances. Autant vous dire tout de suite que les débuts de LAKE OF TEARS ne sont pas mirobolants. Nous sommes en présence d’une joyeuse resucée du TIAMAT période "The Astral Sleep" (1991) et "Clouds" (1992). Même le chanteur et principal compositeur Daniel Brennare semble pomper sans vergogne Johan Edlund jusque dans ses tics vocaux, c’est dire. La seule différence notable entre les deux combos réside dans l’utilisation des claviers qui sont ici très discrets. Ces derniers sont distillés par le producteur Tomas Skogsberg, vous en déduirez bande de petits malins que l’enregistrement s’est effectué au studio Sunlight. Bien entendu, le niveau général reste nettement plus faible que chez TIAMAT.

Mais ne dressons pas un tableau trop noir. Il serait totalement erroné de croire que la galette ne présente vraiment aucun intérêt. Nous signalerons que l’œuvre propose une certaine recherche de riffs accrocheurs sur l’ensemble des compositions. La démarche est louable mais cela ne fonctionne pas constamment et souvent l’ennui guette l’auditeur friand de sensations inédites. Nous avons en effet parfois l’impression d’écouter des schémas musicaux très ressemblants. Il est vrai également que le son n’est pas de la toute dernière fraîcheur et qu’il se révèle relativement brouillon. Toutefois ces imposantes guitares bourdonnantes accompagnées de ce chant Death plutôt doux caresseront les râleurs dans le sens du poil.

Nous sommes obligés de reconnaître qu’il se passe quelque chose…parfois. LAKE OF TEARS parvient à piocher dans le grand frère TIAMAT assez de moelle onirique pour qu'une partie des morceaux soient tirés vers le haut. De ce fait on trouvera des riffs marquants sur le sympathique "Under The Crescent" puis un refrain que l’on aurait aimé plus percutant. Le mid-tempo "Eyes Of The Sky" étonnera par son efficacité et ses rythmiques entrainantes. Étrangement les passages les plus Doom sont les moins réussis. "Upon The Highest Mountain" et "Tears" deviennent si poussifs et si inintéressants qu’ils décrocheraient des bâillements compulsifs aux plus endurcis. Et que penser de l’immonde "Evil Inside" qui patauge gaiement dans le potage. Les autres plages sont heureusement plus réjouissantes et grâce à leurs mélodies tristes et leurs riffs plombés, elles sauront satisfaire les nostalgiques. Le titre éponyme ainsi que le puissant "As Daylight Yields" ne manquent pas d’atouts malgré quelques longueurs, alors que "Netherworld" est sauvé par son refrain implorant et son break acoustique.

Nous serons donc indulgents avec ce premier LAKE OF TEARS dont le niveau est quasi identique au "Godless Beauty" (1993) de CEMETARY, disque soit dit en passant sensiblement plus abrasif. La raison nous dira que le groupe évoluera d’une manière flagrante et qu’en définitif ce "Greater Art" s’il demeure ancré dans son époque et parsemé de faiblesses, possède un curieux magnétisme. Il est probable que l’amateur du style ressortira occasionnellement ce recueil de la naphtaline afin de s’en rappeler les teintes diaphanes et les humeurs mélancoliques.