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- Style : Drakkar, Manowar, Heimdall, Dragonheart

DOMINE - Champion Eternal (1997)
Par BAST le 4 Mars 2011          Consultée 3226 fois

DOMINE, d’abord, ce sont des pochettes kitsch (signées Giovanna Corsini) plaquées sur un digipack kitsch (les albums de DOMINE ne sont disponibles qu'en digipack, je crois) à l’intérieur duquel on trouve de gentils membres arborant vêtures kitsch et poses kitsch. Pour draguer des meufs classes (pas kitsch, donc), un album de DOMINE, ça se cache, au même titre qu’une revue zoophile ou qu’une collection numérotée et dédicacée de Pif gadgets (c'est rigolo parce que Pif, comme par hasard, joue du clavier sur cet album).
Évidemment, on écoute du metal par ici alors on ne s’arrête pas à ce genre de détails.
Qu’on enfourne le disque et là, tout d’un coup, il se passe des choses. C’est peut-être encore un peu kitsch(*), mais ce Heavy Metal épique fait un bien fou.

Premier responsable, Adolfo Morbiducci (le coquin se fait appeler Morby, diminutif choisi parmi quelques autres dont Morbide et Morbiducu). Ce gars a une voix… Qu’il braille dans une chambrée et c’est toute la caserne qui se lève, prête à en découdre, si vous voyez ce que je ne veux pas très bien dire. Son slogan à lui, ce pourrait être : "pour faire de la musique épique, c’est la voix qu’il vous faut" (je tiens à signaler que ce slogan est le fruit d’un premier jet totalement instinctif, je pourrais le renforcer ou le fignoler sans souci mais ne le fais pas, préférant vous faire profiter de la franche et fraiche spontanéité qui m’anima tandis que ledit slogan jaillissait de mes doigts).
Son intervention, moitié gémissement, moitié cri sauvage sur "Rising From The Flames" ou son hymne d’encouragement adressé à ses copains combattants sur "The Eternal Champion" ont de quoi tirer des frissons sur la peau des plus endurcis.
Je tempère d’un dixième, toutefois : Morby débute (dans le métier) et n’est pas exempt de petites fautes de justesse (le refrain "The Eternal Champion" à la fin duquel Morby vacille sensiblement) ; en outre, dire qu’il est servi par une production exemplaire serait de très mauvaise foi. Ce dernier point s’explique d’ailleurs aisément. "Champion Eternal" n’est-il pas le premier album de DOMINE ? Si. Ne s’agit-il pas de l’un des tous premiers disques lancés par Dragonheart, un label italien à qui il a sans cesse manqué millions et influence (mais dont j’ai toujours apprécié les productions) ? Si. "Champion Eternal" n’a-t-il pas été enregistré au Planet Sound Studio (Florence), à l’époque où un riff rendait vert de peur un studio Italien ? Si, aussi.
Ainsi, par moments, vous surprendrez Morby vous taillader, très involontairement, les tympans. Sachez que ce désagrément occasionné par une technologie défaillante et un manque d’entrainement s’estompera sur les albums suivants.

Second responsable, Enrico Paoli, guitariste et principal compositeur du groupe italien. On va donc s’attarder un peu sur lui. Sur sa manière de faire cracher sa guitare, on pourrait s’étendre, déjà. Le bonhomme n’est pas un fou de technique, s’attachant d’abord à retranscrire l’ambiance épique dont ne se départit à aucun moment DOMINE plutôt qu’à travailler aux sentiments les amoureux de vitesse d’exécution et autres tournicotis mélodiques. Pourtant ses soli me parlent. Ils sont effectués avec un feeling impeccable, mettant dans les mélodies une intensité épique très prononcée, presque poussée à son paroxysme ("The Chronicles Of The Black Sword"). Les riffs, quoique dénués d’originalité, ont du mordant, aussi. Je vous concède que la production les dessert globalement. Pourtant, on tient quelques enchainements de qualité, comme sur l’intro de "Rising From The Flames" ou de "The Eternal Champion".

"Champion Eternal" est épique, oui, et c’est peu de le dire. Si vous savez lire et que les romans ne vous effraient pas de trop, je vous invite à compulser (ou lire, ça fonctionne aussi) l’œuvre de Michael Moorcock, cet écrivain à qui l’on doit le cycle (un peu rébarbatif, c’est vrai) d’Elric, rédigé au début des années 60. DOMINE dit s’en inspirer et l’ambiance épique dont bénéficie "Champion Eternal", tirant souvent sur la mélancolie, semble en effet directement puisée dans les romans de l’anglais : Elric combat, souffre copieusement dans son corps, mais aussi dans sa tête quand les questions existentielles lui bouffent la moitié de son temps.

Épique, donc. Souvent, on reconnaitra en DOMINE un chantre du Heavy Doom (les lignes de chant de "The Mass Of Chaos"), même s’il réside dans cet album des interventions mélodiques proches du revival Heavy (orchestrations ou plans empruntés au Speed Mélodique comme sur les lignes de chant de "The Midnight Meat Train" ou le solo de "The Eternal Champion"), un revival que les Italiens accompagnent d’ailleurs dans son éclosion dans la mesure où "Champion Eternal" est sorti en 1997, la même année que les premiers efforts d’HAMMERFALL ou de RHAPSODY.

La patte DOMINE existe. Elle se retrouve essentiellement dans la structure des titres et plus particulièrement dans la manière dont les refrains sont introduits. Les Italiens affectionnent les montées en puissance pour, au bout du compte, mettre dans les refrains une sorte d’aboutissement. Pour cela, le choix a été fait de les soutenir par des nappes de clavier. Cette méthode fait ici ses preuves. La solennité se fait épique, entrainante, on se surprend à lever le poing comme mû par un réflexe enfoui au plus profond de nos fibres guerrières ("The Freedom Flight").
DOMINE a couramment recours aux guitares acoustiques ("Rising From The Flames"), héritage Doom (il ne s’agit donc pas d’un point distinctif dont les Italiens pourraient se prévaloir) qui aère convenablement les titres et renforce, encore une fois, leur gravité. Enfin, les lignes de chant disposent d’un façonnage scrupuleux. DOMINE ne les aligne pas à coups de variantes incessantes consistant à troquer une note pour une autre histoire de ne pas se répéter, il cherche le renouvellement. Le titre de clôture et ses douze minutes passées en sont la meilleure illustration. Morby s’y saigne aux quatre veines (il a survécu, je vous rassure) pour entretenir la force de cet excellent titre.

Des défauts, on en compte sur ce premier opus. J’ai déjà évoqué la production un peu creuse. Il faut y ajouter une tendance à s’éparpiller. "The Mass Of Chaos", par exemple, se perd à force d’alterner les ambiances et les rythmes, produisant un résultat décousu ; DOMINE affectionne les cassures mais ne les maitrise pas toujours avec la même fortune. Enfin, sur ce premier album, je regrette certains passages à vide. DOMINE se montrera beaucoup plus fécond par la suite mais on le prend ici la main dans le sac, quand il rallonge ses titres plus que de raison, oubliant de fournir à certains passages davantage de matière, comme sur "Army Of The Dead". Ce titre, plutôt prenant grâce à son accélération d’avant refrain ou son pont acoustique pêche par un autre pont, quand un riff peu avenant est répété à l’envie et ôte au titre de sa force.

"Champion Eternal" n’est pas un grand album, reconnaissons-le. DOMINE n’y maitrise pas encore totalement son sujet et la production l’handicape dans sa quête d’excellence. Seulement, l’ambiance générale de cet opus, épique et puissante, mélancolique aussi, façonne des titres accrocheurs, éminemment fédérateurs. "Champion Eternal" a surtout des allures de révélateur (j’avais besoin d’une rime en "eur" et finir par "beurre" ne m'aurait mené nulle part).
Le fan de Heavy mélodique, nanti de la perspicacité que tout le monde sait devina une explosion imminente. Ce fut bien le cas : un boum accompagna l’album suivant, "Dragonlord" et un autre, plus fort (une sorte de badaboum) ébranla l’univers des convictions quand "Emperor Of The Black Runes", son coup de maître, vit le jour.



(*) Afin de bien dissocier ce qui est kitsch de ce qui est classe, je vous propose trois exemples :

A la Saint Valentin, votre petite amie vous offre un coussin rouge en forme de cœur : kitsch (et honteux).
A la Saint Valentin, votre petite amie vous offre un plan à trois avec sa meilleure amie dont tout le monde dit dans votre dos que c’est la plus jolie des deux : LA classe.
Dire à ses parents qu’on les aime : c’est kitsch, parfois mensonger.
Manifester sa haine envers vos parents tout en continuant à honorer votre visite dominicale afin de nettoyer les taches sur la moquette et préserver la salubrité de votre futur héritage : c’est classe.
Lors de votre premier contact MSN avec une fille rencontrée sur un forum dédié aux conduits en PVC, engager une conversation attentionnée et passionnée : c’est kitsch comme le rose bonbon du romantisme
Lors de votre premier contact MSN avec une fille rencontrée sur un forum dédié aux conduits en PVC, écrire "s’lut" puis déboutonner aussitôt votre braguette : c’est classe.

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- Morby (chant)
- Enrico Paoli (guitare)
- Riccardo Paoli (basse)
- Mimmo Palmiotta (batterie)
- Pif (claviers)


1. Hymn
2. The Mass Of Chaos
3. The Chronicles Of The Black Sword
4. The Freedom Flight
5. Army Of The Dead
6. The Proclamation
7. Dark Emperor
8. Rising From The Flames
9. The Midnight Meat Train
10. The Eternal Champion



             



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