Deuxième album pour les Frenchies de BUKOWSKI. Leur première galette "Amazing Grace" (2009) avait réussi à faire parler du groupe dans la presse papier spécialisée. D’un intérêt mitigé sur disque, le trio révélait véritablement son savoir faire sur scène dans une veine Stoner-Rock efficace. Forts de l’expérience de la scène à travers plusieurs pays dont l’Argentine, les musiciens décident de battre le fer tant qu’il est encore chaud et retourne en studio afin de publier "The Midnight Sons". Que réserve donc cette nouvelle galette ? Comme beaucoup de groupes à l’heure actuelle, ce disque n’est-il encore qu’une excuse pour bouffer de la scène ? Dernier recours, il faut l’avouer, pour que les musiciens puissent gagner leur vie ? Nous ne saurions les blâmer. En plus, français en matière de rock, avouons que nous partons la merde au cul !!!!!

Sans avoir jeté l’oreille à la moindre note de musique de ce "The Midnight Sons", on est séduit par l’illustration de la pochette. Œuvre de la graphiste Mamzelle Mamath dont le travail sombre et enfantin se penche cette fois vers le satanisme. Ce qui bizarrement ne correspond pas à l’image de nos BUKOWSKI dont le patronyme seul, nous guiderait au hasard (!!!) vers des illustrations de référence littéraire. Le trio prend donc le contrepied et créé la surprise.

Sentiment confirmé, lorsque l’on découvre que le premier titre "The Grand Opening" commence en acoustique, alors que la grande tradition du Rock aurait voulu qu’ils débutent par un morceau qui pulse. Le morceau se plombe crescendo et le véritable effort constaté ici, c’est la voix de Mat qui a gagné en puissance. Leurs titres s’enchaînent efficacement et sans déplaisir, "Carnivorous" et "Stuck In The Mud", mais se transforment en classiques potentiels quand ils deviennent plus bigarrés, à l’image de "Slugs And Bats", alternant entre rage et mélodie. A y regarder de plus près, il n’y pas grand-chose de lumineux dans ce disque. Du Rock méchant et lourd, lorgnant le temps d’un "After All These Years" sur ce qu’ALICE IN CHAINS faisait de mieux dans les 90’s. Une mignonnette introduction enfantine annonce la thrashisante ritournelle qu’est "Hit The Ground Again" pas trop loin de DOWN également. Maitre Dottel (aka Motoraide) s’éclate à faire vrombir sa basse en fin de titre. Pied au plancher et sans temps mort, "Dark Waters" s’imbrique directement à la suite de celui-ci pour former une doublette saugrenue puisque cette fois d’inspiration "Faithnomoresque". Quatorze titres au compteur, le groupe tient à gâter ses supporters. On enchaine avec un "Fight" plus mélodique sur lequel une beatbox saugrenue vient clore le morceau. "Big Feast" courte intro d’ambiance nous conduit vers "Tonight’s Allright", en total accord avec l’ensemble. Ce disque, frugal et parfaitement homogène se veut donc être une bonne surprise.

"The Midnight Sons" délivre donc un Rock burné qui sort du cadre limité du Stoner dans lequel nous avions enfermé leur première offrande. Le chant est habité et il fait des merveilles à distiller des ambiances sombres, il gagne en émotion par son alternance entre mélodies et montées en puissance parfois rageuses. La production donne aux compositions la puissance et l’énergie que le groupe peut dégager dans le cadre du live. Un son juste énorme. Les mélodies, héritées de la pop gnangnan ont maintenant disparu. Nous n’évitons cependant pas certains passages convenus pompés sur les grands frères américains du genre. Saluons néanmoins la volonté du groupe à offrir des compositions travaillées. Moins direct que son prédécesseur "Amazing Grace", "The Midnight Sons" vaut vraiment le coup. Sans jouer sur une fibre patriotique inexistante, ce groupe français a du talent. Il nous reste à démontrer que le public peut en avoir.

Note : 3,5/5