J'adore la langue française, mais j'aime aussi la langue de Shakespeare pour sa commodité ; on peut résumer en un terme ce que vains babillages français tenteraient d'exprimer. Voilà sans doute pourquoi plusieurs webzines métalliques anglophones publient de courtes chroniques. Mais bon, ce n'est pas notre problème, à nous les francophones, qui n'hésitons pas à utiliser des mots anglais soit pour les franciser, soit pour résumer nos pensées. Pourquoi vous casser les burnes avec ce préambule ? Parce qu'en cherchant de l'info sur THAUROROD sur Google, je suis tombé sur un mot qui, à lui seul, résume "Upon Haunted Battlefields" et d'autres albums/combos s'y apparentant tels qu'HEAVENLY, FAIRYLAND, MAGIC KINGDOM ou FREEDOM CALL : cheesy. Non, pas « fromagé », mais un savant mélange de fantaisie, d'easy listening, de mélodies percutantes, d'une voix claire ensorcelante, de refrains accrocheurs, de guimauve kitsch, etc. Bref, du Power Metal épique rosé. Mais je préfère "cheesy". Comme vous pouvez le voir, c'est plus simple que l'énumération ci-haut…

Ce premier album des Finlandais est un condensé de nouvelles compositions, dont le morceau-titre, et d'autres présentes sur leurs trois démos qui ont été "revampées" pour l'occasion. Fait à noter : les deux guitaristes ont aussi joué dans le nouveau groupe de Power à chanteuse DOTMA, dont le premier album prévu pour sortir en mars est inférieur à la puissance de THAUROROD (« montagne maléfique » dans le langage de Tolkien). Il sera tout de même chroniqué par mes soins.

Ce "Upon Haunted Battlefields" est une excellente découverte et un très bel orchestre. À l'instar d'un PATHFINDER – révélation en Power l'an dernier – il a le potentiel pour aller loin, très loin. Oui, même s'il est cheesy. Et tout ça grâce aux ingrédients typiques des groupes qui réussissent dans cet univers fantastique du Power, souvent snobé pour son enrobage sirupeux : de la vélocité, des riffs accrocheurs ("Warrior's Heart", "Morning Lake", "Upon Haunted Battlefields", "Tales Of The End", "Into The Realms Of Hidden Me"), des balades irrésistibles comme "Shadows And Rain", un chanteur qui mène la barque avec diligence comme Marco Sandron (PATHOSRAY) sur le dernier FAIRYLAND, alors que le duo Emil Pohjalainen/ Lasse Nyman nous gratifie de soli aériens d'une grande maîtrise.

Et ils sont nombreux, THAUROROD n'est pas avare, son côté Speed Metal est assumé et confère à ce Power des plaines une énergie impériale, derrière laquelle planent des claviers corrects qu'on aurait parfois aimé jumelés à un chœur, aussi petit soit-il. Je pense notamment à "Into The Realms Of Hidden Me" ou "Tales Of The End". Les cordes et la batterie galopante passent avant tout, les Finlandais font honneur sans problème aux maîtres du genre et feront grand plaisir aux amateurs de capes et d'épées. Surveillez quand même l'excellent échange clavier/guitare au sortir du bridge sur "Cursed In The Past", du bonbon !

THAUROROD jouit ensuite d'une production bombastique collant parfaitement au caractère grandiloquent de ses fables chevaleresques. Power dans tout, "Upon Haunted Battlefields" est une attaque à dos de coursier dynamique qui ne saurait s'achever avant plusieurs dizaines d'écoutes tant il est aguichant. Des morceaux comme "Morning Lake" et "Tales Of The End" restent marqués au fer rouge et pourraient aisément figurer sur un tableau d'honneur des meilleures plages du genre avec leur fougue contagieuse et leur tendresse sous-jacente.

De "Warrior's Heart" à la grosse conclusion "Into The Realms Of Hidden Me" (oubliez la pièce bonus, ennuyante), il plane sur cet album une mélodicité et une force que l'on n'entend plus assez souvent. Vous savez, cette magie « à la Malmsteen » qui vous donne envie de tout abandonner et partir loin, sans regarder derrière…

PATHFINDER nous l'a offerte en 2010 d'une façon différente, voici venu le temps de THAUROROD le vaillant cavalier.