Le Death Metal polonais est une petite mais explosive famille. Ses principaux représentants sont évidemment BEHEMOTH et VADER, mais plusieurs autres groupes fondés aussi au début des années 90 roulent leur bosse dans l'ombre de ces deux monstres sacrés. Les principaux seconds violons se nomment DECAPITATED, LOST SOUL, TRAUMA et… HATE.

HATE est un clone de BEHEMOTH, autant dans les parures que la musique. La guerre des jumeaux est si forte qu'aucun de ses membres, passé ou présent, n'a officié dans les deux groupes. C'est quand même fort. Et il y en a eu ! À l'inverse, plusieurs zicos ont joué dans BEHEMOTH et VADER, mais bon, tout cela n'est que vaine observation. Gardez seulement en tête, si vous l'ignoriez, que BEHEMOTH a un clone. Ou serait-ce HATE ? Enfin, si vous êtes las de BEHEMOTH, mais êtes accroc du Death froid et violent polonais, vous saurez où cogner…

Je n'arrive pas à me départir de cette image de Dolly la brebis à l'écoute de ce septième album des Polonais, dont le leader, Adam le premier pécheur (huhu), est arrivé sur le marché un an avant Nergal, leader de BEHEMOTH (et qui porte aussi le prénom d'Adam, parlez-moi d'une guerre…). HATE a tous les tics du méga groupe cité plus haut : les costumes, le maquillage, les thèmes, le gros son dans ta face, les guitares tranchantes à distorsion, la basse retentissante et le chant gras et colérique. Il tire de l'arrière côté batterie par contre, impossible de battre celle de BEHEMOTH et surtout, celle de LOST SOUL, très bon combo de Death technique. Tant qu'à être dans les comparaisons polonaises…

HATE a quand même des qualités… et sait tirer son épingle de la botte de foin à de rares occasions. Prenez par exemple l'« arythmie » de "Lux Aeterna", que je trouve géniale, le refrain scandé avec agressivité dix fois à la fin de la pièce-titre, l'ambiance et la mélodie sombres de "Trinity Moons", le riff "Hexagony"… Mais le reste n'est qu'ennui mortel et pompage indécent. Des morceaux comme "Quintessence Of Higher Suffering" et "Transsubstance" donnent envie de se trancher les veines, alors que "Wrists", qui aurait pu faire éclater la bulle dans laquelle les Polonais vivotent, s'écrase à plat elle aussi.

Il manque grandement, cruellement, de vie sur "Erebos". La production est fade et fait écho négativement aux compositions déjà limites du groupe, qui auraient pu mieux respirer et laisser émaner leur potentiel épique. On a envie de leur crier « bougez-vous le cul !», mais aucune de nos prières ne sera entendue. Pour de l'antichristianisme…

HATE est au final un groupe plutôt banal si on le colle à côté d'autres de sa génération. Pris seul par contre, il aurait pu mieux se sortir la tête du sable. Sauf que là… avec sept albums au compteur, HATE risque de tomber dans l'oubli plus rapidement que ceux qu'il poursuit. Dommage ? Non.

HATE n'incarnera jamais Erebos, fils du dieu grec Chaos, censé représenter la noirceur et les ombres. Il n'en a pas, mais alors pas du tout, la puissance.