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GWAR - Hell-o (1988)
Par SHUB-NIGGURATH le 27 Décembre 2010          Consultée 4110 fois

GWAR. Quel drôle d'animal que celui-là. On le croyait mort, il bouge encore un peu. Certes, il n’a plus très fière allure à force de s’être longtemps égaré sur des voies impraticables à son humour de pachyderme. Pourtant il aimerait, à l’instar d’autres dinosaures qui n’en finissent pas de calencher, nous le faire croire capable de retrouver sa fringance passée. Pour quel résultat ? Faire du mauvais LORDI. Logique. Une vingtaine d’années, et la boucle est définitivement bouclée. L’explication de cette (r)évolution ne demandera guère plus d’une douzaine de chroniques.

Hors de question, évidemment, de torcher un joli baratin qui prétendrait en substance que GWAR, bien que sa vie ne vaille aujourd’hui plus une braise, tuait sa maman du temps où il en avait la force. N’en déplaise à Aaargh et Fredouille qui me traitent régulièrement de vieux con, je ne le suis pas assez pour avoir oublié la qualité toute relative des débilités que j’appréciais lorsque je l’étais moins. Et les rares qui ne découvriraient la bête que maintenant, dussent-ils en effet constater qu’elle s’ébrouait jadis gaillardement dans le gentil délire obscène et sanguinolent où elle soigne désormais son arthrose, en concluront certainement que GWAR, c’était déjà tout pourri même quand c’était mieux.

Ils n’auront pas tout à fait tort. Formé au milieu des 80’s par quelques étudiants désœuvrés de l’Université de Richmond, GWAR le rejeton de deux projets amateurs dont l’accouplement devenait d’autant plus urgent que chacun d’eux partait misérablement en sucette. Hunter Jackson et Chuck Varga s’étaient lancés dans l’autoproduction d’une minable série Z, vaguement SF, censée relater sous le titre onomatopéique de "Gwaaargh!" les aventures dégueulbif des grotesques "raclures de l’univers". Rien de plus classique à une époque où la mode consistait à pulvériser les valeurs d’une Amérique en plein renouveau conservateur, au moyen d’allégories gore explorant avec plus ou moins de subtilité les tréfonds de la bêtise humaine. L’entreprise, mal ficelée, et qui n’aurait pas même pu accoucher d’un des pathétiques nanars que nous a légués cette période, se cassa rapidement la gueule.

C’est là qu’intervient Dave Brockie, leader du petit groupe DEATH PIGGY qui se produisait également dans les locaux où devait avoir lieu le tournage. Intrigué par les préparatifs, il proposa de recycler l’essentiel du pitch et les affreux costumes en latex bricolés à l’occasion dans l’espoir de sauver sa propre initiative musicale. Brockie désespérait en effet de se faire pardonner un Punk Hardcore de MJC en y accolant des paroles navrantes de grivoiseries merdophiles. Un procédé putassier qui ne trompait plus personne mais pouvait gagner en crédibilité, et donc la commisération du public, s’il était le fait d’improbables créatures joignant les actes à la parole, et non plus de grands dadais tatoués à l’air un peu trop juvénile pour jouer les corps de garde.

Voilà comment le concept, destiné à imprimer la pellicule, s’est trouvé réduit à salir les planches comme un pauvre et suranné ersatz du Rocky Horror Picture Show sur vieux fond sonore de superette. D’accord, le pedigree et les performances scéniques des caractères rapprochaient davantage l’exercice d’une grand guignolade version foire à la saucisse. Ce qui, reconnaissons-le, faisait quand même cheap pour marquer durablement les esprits en 1988, date à laquelle sort "Hell-o". D’un côté, personne ne niera que le spectacle valût son pesant de tampons hygiéniques. Il y aura toujours un public friand de clowneries paillardes et sanglantes. De l’autre, restait à retranscrire cette redoutable efficacité, par nature théâtrale, sur un banal enregistrement studio. A défaut, GWAR se condamnait à devenir un petit cirque ambulant de province. D’un extrême l’autre, en quelque sorte. La thématique devait compenser la faiblesse musicale du bazar. Elle exige, paradoxalement, que le son soit à la hauteur de l’image.

Pas grand-chose, par conséquent, à tirer du Punk Rock mou du genou, délicieusement obsolète, voire carrément chiant qui ronronnait sur "Hell-o", hormis qu’il n’a rien de commun avec ce que produira GWAR par la suite. A décharge, cette réalisation a encore toutes les allures d’une simple démo. Affublée d'une pochette illustrée avec les pieds et accompagnée d'une mini BD (GWAR tendance Pifou Poche), enregistrée en quelques jours, elle laisse entendre la tonalité casserole médium caractéristique d’une production garage. Les titres, principalement écrits pour DEATH PIGGY, sont donc très loin d’obéir à la logique dans laquelle GWAR était enfermé. Au moins peut-on y entrevoir de quoi sera fait la suite et les efforts que GWAR devra consentir pour résoudre son dilemme.

Chanter des conneries sans passer ni prendre l’auditeur pour un con, n’est donc pas à la portée du premier groupaillon venu. Le mosh/thrash explosif de S.O.D. le lui permettait : peu importe le vecteur, scène ou disque, on en prenait plein la tronche. Et puis, c’était surtout l’histoire d’un coup tiré vite fait bien fait. A l'inverse, GWAR aura l'obligation de garantir le support à long terme d’un show dont les gags deviendront forcément récurrents, pour ne pas dire répétitifs. Aux compositions de fournir par conséquent le renouvellement nécessaire, en se montrant capables d’asseoir la concrétisation visuelle de l’idée principale (et faciliter ainsi la participation des deux potaches n’ayant aucune connaissance musicale particulière) et d’exprimer en toute autonomie sa dimension bouffonne (il faudra donc trouver autre chose que la peluche qui fait ouah ouah, et autres brrrrrr ou grouik grouik de carnaval).

Bref, on attendra de la structure des titres quelque chose de léger et de délirant qui, sans confiner non plus au foutoir, procurera objectivement la sensation d’écouter du GWAR. Ce qui n’est pas très clair, j’en conviens, en plus d’être difficile. Pareil processus requiert forcément des tâtonnements, qui se retrouveront sur les albums suivants, le temps que chaque musicien endosse véritablement le costume de son personnage et s'approprie sa complexe biographie. Le bagage technique de GWAR lui interdisait néanmoins de donner dans la réelle violence. Tant mieux. Le sympathique et ordonné n'importe quoi aurait en ce cas rapidement sombré dans le pathétique ridicule. De même, les textes auraient perdu tout intérêt à se départir de leur second degré cynique pour tomber dans la vraie méchanceté.

Pourtant, on sent que la solution est proche. Il suffirait d'un style plus mature et plus fouillé, donc plus heavy et moins alternatif. Il suffirait que les paroles s'écartent des âneries sans queue ni tête pour qu'on daigne les écouter, et qu'elles cessent d’assassiner les têtes de turc habituelles pour de plus surprenantes. Il suffirait que Dave Brockie devienne enfin et pour de bon la voix de Oderus Urungus. Tout ce qui fait de "Je m’appelle Jacques Cousteau" le titre le plus percutant et exotique de "Hell-o", à ranger avec les deux trois autres perles que contiendront les albums suivants. C'est peu, sans doute, mais suffisant pour constituer des hymnes qui appelleront, à eux seuls, à vénérer GWAR et lui pardonner son péché originel.

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- Dave Brockie 'Oderus Urungus' (chant)
- Dewey Rowell 'Flattus Maximus' (guitare)
- Steve Douglas 'Balsac The Jaws Of Death' (guitare rythmique)
- Michael Bishop 'Beefcake The Mighty' (basse, chant)
- Rob Mosby 'Nippleus Erectus' (batterie)


1. Time For Death
2. Aeiou
3. Americanized
4. I'm In Love With A Dead Dog
5. Slutman City
6. World Of Filth
7. War Toy
8. Captain Crunch
9. Pure As The Arctic Snow
10. Je M'appelle J. Cousteau
11. Gwar Theme
12. Bone Meal
13. Ollie North
14. Techno's Song
15. U Aint Shit
16. Rock N Roll Party Town
17. Black And Huge (version Import)



             



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