Histoire d’un instant, enlevez vos casques à cornes en latex pour GN-eux mal renseignés, arrêtez l’adrénaline des ambiances surchargés au clavier libidineux, et reprenons, cinq ans plus tard, la saga de ses bardes teutons dont le manque de visibilité dans le paysage folk-metallique me peine quelque peu.

Revenons à ce qu’il y a d’essentiel, au cœur des vallons, des collines et des monts (je vois quelques hippies au fond qui se dépoilent, non vous n’avez pas compris le principe). Je brode, mais le vent de fraîcheur et de douceur que nous amènent de nouveau Fix et ses musicos nous fait sacrément du bien. Certes, ce n’est pas si frais comme, "Götterlieder II" est une suite presque trop fidèle à son prédécesseur du même nom (mais pas du même chiffre).

On retrouve tout de même ce qu’on aimait de pur, charmeur et apaisant dans le premier opus, à savoir une musique folklorique épaulée par une distorsion encore un peu capricieuse, et magnifiée par des chœurs masculins et féminins confondus, absolument divins, éthérés et touchants. L’un des seuls groupes, finalement, laissant un type de chœur lent et certainement pas épiques prendre le rôle centrale de son œuvre. Et ce sont ces chœurs essentiels qui ont acquis une ampleur nouvelle, une attirance hallucinante. "Des Thors Hammer Heimholung" par exemple, met en lumière ce travail fin et méticuleux, irrésistible.

Il y a chez ODROERIR une dimension organique, charnelle, une embrassade de mère nature qui réduirait le mot "métal" a une aporie systématique, comme c’est surtout les cordes des violons, des mandolines et autres bizarreries à cordes qui lui confèrent sa dimension féerique.

Un peu à l’instar de la musique new-age celtique (même la meilleure), "Götterlieder II", tout comme son premier chapitre, paraît figé dans son ailleurs idyllique. Il manque un goût d’aventure dans ce tout homogène qui, malgré ses charmes, se trouve aussi enfermé par ses propres lois de lenteur et de nostalgie, un aspect qui, on le regrette, paraît d’autant plus évident que les morceaux s’étirent pour dépasser constamment la septième minute.
L’acoustique par exemple, semble parfois tourner en rond dans ses suites d’accord : l’exercice de 19 minutes qu’est "Allvater" devient alors bien fatiguant malgré des passages absolument magnifiques. Idée horrible même, on se prend à trouver le chant répétitif, un brin mielleux. L’élément électrique quant à lui, paraît toujours aussi optionnel. Et ce n’est pas tant dû à un son qui a gagné un peu en densité par rapport au premier opus, mais davantage au refus du groupe à accompagner son folk de riffs moins terre à terre et de rythmes moins simplistes et mous, rendant sa facette metal pour le moins uniforme, et très clairement inintéressante (là aussi, les solos de "Allvater" seront difficiles à intégrer).

ODROERIR fait certes plaisir à entendre, au moins dans l'intention, au mieux dans le clin d'œil globale de l'œuvre à un folk païen qui est encore un peu trop dans l'ombre. Cet album s’écoute avec aisance et nous donnera perpétuellement une sensation de calme, de bien-être, de beauté. Mais notre attention faiblit au gré des écoutes, et "Götterlieder II" de finir comme son prédécesseur dans un exercice de contemplation que l’on aime mais que l’on arrive pas, malgré tout, à adorer.