Suivons quelques farfadets, quelques forces mystérieuses nous attirant dans une forêt profonde, sombre, et paraissant pourtant sereine et empreinte de gaieté. Le monde de Lumsk s’installe, nous n’attendons que quelques sons métal pour nous sentir dans notre élément, et enfin, nous pouvons entrer dans les bois mystiques des Norvégiens.

Depuis que Skyclad a sorti son « The Wayward Sons Of Mother Earth », le metal folklorique a évolué pour devenir un genre bien spécifique, allant de l’indus folk (In Extremo, Eisregen) au heavy folk (Mago de Oz, Elvenking, Tuatha de Danann), en passant par le black folk (Aes Dana, Finntroll…), le thrash folk(Skyclad) et le folk metal tout court (Subway To Sally, ce serait dans quelle catégorie ?).
Avec ce premier album, les Norvégiens de Lumsk nous proposent un mélange de musique traditionnelle celtique fortement prononcée et de quelques traits bien marqués de rythmiques et de grosses guitares doomesques.

Difficilement comparable à d’autres groupes du même genre, Lumsk entre en scène de la meilleure des manières, chaque morceau semble puiser sa force dans les racines d’un monde onirique que nul autre groupe semble avoir déjà visité. Flûtes, violons, contrebasses, claviers teintés de magies et d’autres nombreux instruments et « imitation » d’instruments se succèdent en avant plan, accompagnant une voix féminine magnifique qui se débarrasse de tous les clichés du « métal à chanteuse » en évoquant davantage des groupes de musiques celtiques tels Solas, Deanta ou Garmarna (oui ok c’est de l’électro celtique, mais on va pas charrier non plus^^) plutôt que des groupes de métal gothique. Peut être est-ce aussi dû au choix de la langue, ici le Norvégien semble être parfait, et comme la formation n’est pas avare, elle ajoute quelques lueurs de chœurs et de chants masculins par ci par là…

Contrairement à de nombreux groupes qui ajoutent du folk au métal, la troupe norvégienne semble plutôt ajouter du métal à une musique folklorique des plus authentiques (et j’insiste bien sur ce fait, on est bien loin du seul pauvre petit violon qui essaye de se tailler une place pour revendiquer l’étiquette « folk »). Mais cela dit n’allez pas non plus imaginer que les guitares, la basse et la batterie sont oubliées ou sauvagement laissées en arrière plan. Elles sont simplement intelligemment utilisées pour faire « tenir » les atmosphères et les mélodies par quelques rythmiques lentes et des guitares grasses et ultra pesantes. On se rapproche alors d’un doom qui bat une cadence posée, violente, et imposante. De ce point de vu, l’amateur de folk se verra sûrement pousser des boutons. Quant à l’amateur de métal (un tant soit peu lourd et lent), il pourra alors se réjouir d’avoir trouvé la symbiose (presque) parfaite entre musique traditionnelle et doom metal.

Entre Féerie à la fois sombre et charmeuse, chants païens somptueux, volupté faite d’images fantaisistes et évoquant l’ancien temps, mélodies enchanteresses compensées par un côté metal pesant et prépondérant, Lumsk a trouvé une formule aussi originale que génialissime. Un premier album merveilleux, et une formation à suivre de très près.