2000 voit débarquer un nouveau batteur ainsi qu’un second guitariste au sein de l’entité THY SERPENT. C’est aussi une volonté de poursuivre le changement de cap illustré avec l’album précédent "Christcrusher". Moins Black ténébreux, plus fluide sans renier l’essence même de ce légendaire groupe : la sorcellerie reste dans leurs tripes et le « lifting » vocal est des plus ensorcelants !

Seulement voilà, quatre nouveaux titres ne nous rassasient point. Quant aux sept autres, nous les avions déjà… Mais si, nous les connaissons par cœur et en plus, c’est pas forcément ceux-là que nous réclamions, n’est-ce-pas ? Allez quoi, un "Traveller Of Unknown Plains" ou un "Like A Funeral Veil Of Melancholy", en ce qui concerne le magnifique album de la Forêt, assaisonnés d’un "The Forest Of Blakulla" mais aussi d’un "In Blackened Dreams" de ces seigneurs vampiriques (voir E.P.) avec, en apothéose, un "So Free Are The Wolves" suivi d’un monstrueux "Calm Blinking" du troisième album studio ! Attention, ne crachons pas non plus sur les morceaux choisis qui sont, au minimum, plus que respectables ! Me faites pas dire le contraire. Mais bon…

Concentrons-nous dès lors sur ces nouveautés.

Nous restons dans le Black atmosphérique ; mid-tempo, la plupart du temps. Les Finlandais persistent dans cette recherche de la qualité esthétique et sonore de leur musique. Elle appelle plus au recueillement - c’est un comble pour du Black, quoique… - et développe sans cesse cette détermination de dépasser les clivages instaurés par des conservateurs. Le choix des attaques vocales est jubilatoire ; tantôt effrayantes, tantôt aussi limpides qu’un tranquille cours d’eau (en mode clair). Oh, ne vous méprenez point ! C’est bien du Black sérieux et quasi intransigeant mais qui va au-delà de la norme : ici, nous respirons. OK, l’ambiance générale est malsaine. Alors, faut plutôt y voir également l’appel à la réflexion : l’âme humaine est si retorse…

THY SERPENT a une identité solide qui lui colle à la peau (de serpent, humour !). Même si les arpèges remplacent allègrement les claviers éthérés, les dernières compositions en date virevoltent vers l’apaisement de nos sens, la plénitude d’une quête en fin de parcours. Je ne parle certainement pas d’essoufflement mais d’apogée d’un genre qui n’a JAMAIS, au grand jamais failli à la cause. Voulez-vous que je m’épanche ? C’est tout simplement beau !

Il n’y a pas la finesse et le doigté magique d’un EMPYRIUM. Nous n’en sommes pas loin non plus… Ici, la quintessence même consiste en l’espoir que nous procurent les bienfaits de leur musique, unique et intemporelle. Travail remarquable que nos jeunes découvreurs nightfalliens sont en droit de réclamer. Je les pousse même à commencer avec cette compile bien que, grand admirateur du groupe depuis ses débuts, un "Forests Of Wichtery" de derrière les fagots vous recommanderais-je de toute urgence !

Ne boudons dès lors point notre plaisir avec ce "Death" qui clôture avec magnificence une courte carrière, certes, mais tellement intense et passionnée (passionnante également) que ce CD est à écouter dans la plénitude et l’assurance d’un art parfaitement exécuté.