SPELLBLAST fut l’auteur d’un premier album méritant et prometteur. Trois années de recul m’incitent toutefois à tempérer l’enthousiasme dont je fis la démonstration à l’époque. Quelques déconvenues jalonnant le début d’année 2007 m’ont poussé à focaliser mon attention et mon ressenti sur la substance la plus nourricière de "Horns Of Silence", occultant des défauts assez facilement décelables. Les commentaires, vos commentaires ô sagaces lecteurs, ont eu tôt fait de remettre de l’ordre dans une vérité trop mollement jetée.

"Battlecry" et son successeur présentent de fortes similitudes. Au centre des débats, les mêmes thèmes reviennent, qu’il s’agisse de ce speed mélodique bâti sur l’accroche ou de la touche folklorique omniprésente. On notera toutefois une fine ligne de démarcation. Le folklore, d’abord, SPELLBLAST a décidé de le renforcer, mouchetant de ses couleurs vives (je les perçois ainsi) la plupart des titres de son second essai. Ensuite, et n’est-ce pas le souhait de toute formation, la production a progressé d’un cran. Les Italiens, jouissent là d’un rendu dont la précision s’est accrue. Au premier rang de la distribution de moyens neufs, on aperçoit les guitares dont l’équilibre et la profondeur toucheront plus immédiatement les intraitables et la batterie que l’on découvre débarrassée de son voile opaque, adoptant en l’instant présent une accessibilité moins timorée.

Il y a un aspect sur lequel je tiens à insister et c’est en qualité d’intéressé que je le fais : Fabio Lione, vocaliste chez RHAPSODY, est invité sur "History Of A Siege – Heroes" et "History Of A Siege – Slaughter", donnant une réplique de classe et de hargne à Jonathan Spagnuolo. En revanche, ce n’est pas forcément pour cette raison que les titres en question figurent parmi mes préférés de l’album. La cause en est davantage mon goût immodéré pour les compositions épiques et fédératrices. Ici, je me sens plutôt bien servi. Du reste, "Battlecry" me parait trop peu assidu dans cet exercice, bien qu’il s’y montre adroit, privilégiant davantage les compositions folkloriques mid-tempo. Certaines s’avèrent réussies, d’autres moins.
"Path On The Sea", par exemple, en dépit d’artifices martiaux (chœurs en fond, bruits de bataille), peine à s’élever. Quelques mélodies intéressantes sont à souligner, comme les lignes de chant en amont du refrain, mais le résultat manque globalement de tranchant. Au contraire, "Command Charge", d’abord parce qu’il assume plus pleinement ses accointances avec la scène folklorique, fait étalage de bien meilleures dispositions. Mariage improbable entre HELLOWEEN et FINNTROLL, c’est une composition astucieuse et passionnante, forte de mélodies du terroir brillantes (le thème récurrent, les chœurs) et d’une structure ajustée au mieux pour leur offrir la lumière idéale.

"Battlecry" est ainsi fait, d’un bout à l’autre. Le folklore a longuement voix au chapitre, et la section metal réquisitionnée pour lui affuter sa lame, connait une réussite variable à interposer sa pierre de meulière. Sapé du triptyque de tête mentionné plus haut, le second effort des Italiens ne récolterait qu’une demi-couronne de lauriers (pas le plus classe des looks, j’en conviens). Grâce à eux, à leur force et leur saveur d’épopées, grâce à une poignée de congénères somme toute agréables ("Cold Wind Of Death", "Brave And Fierce"), SPELLBLAST tire la conclusion de cette chronique à son avantage.
Le meilleur l’emporte avec une bonne longueur d’avance et "Battlecry" se place comme un fort honnête successeur à "Horns Of Silence".