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GNAW THEIR TONGUES - All The Dread Magnificience Of Perversity (2009)
Par ENLIL le 23 Octobre 2010          Consultée 4011 fois

GNAW THEIR TONGUES. Le barjo derrière ADERLATING et DE MAGIA VETERUM frappe à mort. Sa lettre n'en finit pas de meurtrir - et son esprit, de rendre les esprits vivants. "All The Dread Magnificience Of Perversity", dernière monstruosité en date d'un catalogue de l'infâme pour le moins pléthorique, achève l'hypertrophie d'un BM devenu chaos ritualiste, oppressant, corrosif. Le voilà qui exulte, initie : visage livide, crachats de cyanure, concrétions et enchevêtrements d'overdubs, samples aux tournoiements nauséeux, béances de couches et de surcouches révélatrices d'abîmes en suspension, analogues à celles que l'on retrouverait sur le "Tiefenraush" d'un TRIST épris de pratiques sado-bondage au mysticisme plus que douteux (avec du miel évidemment – ici rance et jaune pisse, tout droit sorti de la cave d'un Marc Dutroux besogneux et extatique).

Les ABRUPTUM, STALLAGH, THE AXIS OF PERDITION et toute la clique des pseudo-expérimentations badasses-mes-fesses feront mieux de retourner sous leurs couettes ; papa est de retour et vraiment, c'est trop d'horreur que cette venue osant replacer les points sur les i du terme « hiérarchie ».

Les types de BLUT AUS NORD sur "Mort" ou "The Work Which Transforms God" se seront bien gardés d'équarrir, de désosser à ce point la forme. Ici, dans l'abolition d'un riffing que remplacent les vrombissements d'une basse fuzzy, rêche, surpuissante et bouffée de rouille, ici, dans ce cloaque noise à l'anorganicité délétère, parois indistinctes, défoncées par des soubresauts rythmiques voués au maximum d'impact, de débordements et d'errements incontrôlables (toms et cymbales font ici figures de martyres). Sur elle deux mots encore : carence logique. Car c'est bien la logique, colonne vertébrale pour organisme vertébré, qui fait défaut à ce corps de fait hideusement informel, volatile et venimeux, mais si intense, si enivrant, si pertinent et légitime, aussi, que l'on se surprendra à contempler cette membrane obscène en formation, cette vireuse excroissance aux reflets troubles, fascinante, là, dans et à travers ce geyser à l'effervescence acide, brûlante, égaré quelque part dans cette cuve aux distorsions brutales, aux pulsations sourdes et étouffantes, sans repère ni appui aucun, ou presque...

Presque, car il serait rassurant - et en un sens justifié - de faire porter à la basse le chapeau de « facteur structurant » de cette vaste chierie. Charpente saturée certes, qui ne laisse pas de convulser et de se tordre en saillies maladives, mais esquissée la plupart du temps, effacée même, parfois, et dont les continuels affaissements soulèvent un nuage de scories rongeant peau et âme... s'agglutinent, autour et alentours de ces pseudo-soutènements en délabrement perpétuel, tout un agrégat de vertiges mouvants venus nous dégorger leur stridence, leurs hallucinations, leur majesté pernicieuse qui, brusquement, émerge au détour d'une macération rugissante, s'y déploie, s'y épanche et s'y complait, mélodique, invraisemblable, glorieuse.
GNAW THEIR TONGUES n'est rien de plus qu'une pathologie odieuse ; pathologie tirant de l'ignoble le substrat d'une beauté louche, inqualifiable à exacte proportion de l'effroi qu'elle inspire. ("Gazing At Me Through Tears Of Urine", entre autres choses)

Par ailleurs, c'est là que le talent de Mories éclate : lâcher la bride à une matière sonore certes, mais intégrer une dynamique, gérer les temps de répit, les reprises et les montées en puissance, réussir à tendre ce filin entre, d'un côté, le gouffre de l'inécoutable absolu et, de l'autre, celui d'une concaténation d'overdubs et de déferlantes d'infrabasses à terme usantes si mal amenées, voilà une qualité certaine que la progression des morceaux manifeste, particulièrement retorse, fourbe et riche en variantes. Entre les trois pistes centrales et cette conclusion cataclysmique toute en lourdeurs et vapeurs rituelles, Mories nous dévide ses gammes de l'innommable avec une certaine exhaustivité, déclinée sous bien des angles d'attaque... on n'en finit pas de déglutir et de mesurer son pouls. Même l'ami Flaubert, chantre implacable de la haine littéraire s'il en est, est comme qui dirait "invité" en guest-star sur la quatrième piste. La totale.

"All The Dread Magnificience Of Perversity" donc, élu la plus belle horreur 2009 par votre serviteur. Vivement le prochain.

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- Mories (tout)


1. My Orifices Await Ravaging
2. Verbrannt Und Verflucht
3. Broken Fingers Point Upwards In Vain
4. The Stench Of Dead Horses On My Breath And The Vil
5. L’ange Qui Annonce La Fin Du Temps
6. Gazing At Me Through Tears Of Urine
7. Rife With Deep Teeth Marks
8. All The Dread Magnificence Of Perversity
9. The Gnostic Ritual Consumption Of Semen As Embodim



             



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