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BLACK METAL  |  STUDIO

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END - Iii (2009)
Par ENLIL le 15 Septembre 2010          Consultée 2717 fois

Vite, écrire, dépêcher les mots, car le blanc de la page Word devient intolérable. Il capte, aliène, dissout le regard dans un tout atone, englobant et impérieux. Il intime à consommer une minute, une heure, deux heures de silence, au détriment de la rétine et de sa santé. Ce blanc-là ne dépare pas avec le mutisme dans lequel m’a laissé, comme en un ressac accablant, la musique des grecs d’END. L’espace d’un temps indéfini, c’est à un croupissement de l’esprit, analogue à celui d’un certain Isidore Ducasse, que je fus rendu : les voilà, ces «crépuscules blancs» tiédissant sous mon crâne. Le voilà, ce violent et douceâtre face-à-face avec son néant personnel, ce «memento mori» résonnant comme un écho sourd ; d’une prise de conscience n’ayant pour seul témoin que le silence.

Pourtant, si je noircis en ces lieux cette page blanche, si je m’avance vers vous la paume des mains ainsi ouverte, c’est bien que le joug a été brisé, qu’un fondement et une lumière tentent de s’élever sur ce vide, tentent de dévoyer ce souffle par trop mortifère et effroyable pour que le langage puisse en supporter, sans corrosion ni abolition, la marque.

Le propos d’END, on s’en doute, embrasse étroitement la doxa du genre : voilà un BM que la mort, le néant et le ressentiment travaillent comme d’impitoyables focales. Un de plus, me direz-vous. Sauf qu’ici, l’œil avisé se confronte à un monstre, une synthèse au second degré de ce que toute une frange du BM a pu, ou peut encore, proposer dans le concentré nihiliste et l’hypertrophie vorace : loin des pleutreries et autres complaisances mono-riffiques, gémissements de suicidaires pleurards en sus ; c’est à l’avènement d’un HATE FOREST grec du dépressif que nous avons ici affaire, d’un TOTALSELFHATRED résigné à son sort, se riant d’une quelconque cure salvatrice par l’acte musical.

Noir, c’est noir, et il n’est guère surprenant qu’un tel totalitarisme puisse se passer du monochrome, mais d’un monochrome étudié, varié dans ses déclinaisons : celui dont le raffinage mortifère confère au grain sonore sa viscosité dense et fluide, pure car exempte de scories, que des leads aux digressions acerbes, aigres, ne font que sublimer. Miracle d’une production puissante, accordant à chaque instrument une place de choix dans cette redoutable mécanique, où chaque composant dûment graissé et lustré presse, dissout l’âme de l’individu comme on le ferait d’un vulgaire citron.

Noir, c’est noir. Le riffing, machine de mort tentaculaire, insatiable Moloch broyant toute résistance sur son sillage, frappe par sa musculature et son irrépressible souffle. Posé sur ces contorsions d’une cruauté frénétique, un vortex négateur de voix nues et tenues jusqu’à la rupture, roides et blanches comme l’os que l’on brise pour y trouver la mana, rauques et profondes comme le dévoreur appelant un dénouement que l’on sent proche, n’aura de cesse de tourmenter nos pauvres oreilles.

Non content de dispenser d’accélérations organiques et soufrées (souffertes ?) du meilleur effet, END abat régulièrement, et avec un talent égal, la carte du mid-tempo tétanisant, parfois sous la forme de blêmes arpèges électro-acoustiques aérant une atmosphère déjà sinistre ("In The Womb Of The Sick", entres autres), parfois en l’espèce de francs rouleaux-compresseurs au dynamisme odieux, parfois en ressacs rythmiques aux motifs décomplexés (le final d’"Ugly And Bygone"). Et force est de constater que c’est là qu’END réussit son tour de force : maintenir l’intérêt à un très haut niveau, et cela, suivant une formule inoxydable assurant une variété et un liant d’ensemble plus que satisfaisants.

C’est en ce sens que le propos d’END frappe avec plus d’éloquence que le dernier THE ARRIVAL OF SATAN, par exemple, au regard d’une finalité commune : parvenir à muer l’anthracite du désespoir en un monolithe écrasant, innervé d’une haine des plus viscérales.

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- Draenzarth (guitare, basse)
- Grahelm (batterie)
- Lurker (guitare)
- Domu (chant)


1. Catastrophe
2. Self-eating Mass
3. Still In Flesh
4. In The Womb Of The Sick
5. Lavish Gloom
6. Ugly And Bygone
7. The Largest Hearse
8. Megalomania



             



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