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- Style : Anthemon

MAR DE GRISES - Streams Inwards (2010)
Par MEFISTO le 2 Octobre 2010          Consultée 4268 fois

Il y a de ces groupes, débutants ou non, qui marquent rapidement une génération. Surtout s'ils officient dans un genre plus ou moins couru comme le Doom/Death Progressif à tendance dépressive (aussi appelé « Dooth Metal »), comme c'est le cas avec MAR DE GRISES, entité déjà vénérée dans sa sphère grâce notamment à l'album "Draining The Waterheart", qui nous avait soumis en 2008 une collection de morceaux aussi jolis que troublants. Le nec plus ultra du spleen énergique !

"Streams Inwards" va encore plus loin, intelligemment, tout en réduisant considérablement la longueur du voyage (de 64 à 47 minutes), mais en n'oubliant aucune des enivrantes particules du corps céleste des virtuoses. « Couper dans le gras » est un procédé destiné à élaguer le remplissage, trop présent sur "Draining The Waterheart", et MAR DE GRISES l'a très bien exploité sur son troisième album, ne piétinant qu'à quelques endroits.

Un disque que le groupe aurait tout aussi bien pu transformer en Death Mélo à la INSOMNIUM (en deux fois mieux), en accélérant le rythme de ses compositions planantes, puissantes et… oui, ultra mélodiques. Ouh, je n'ose même pas imaginer ce que ça aurait donné… Mais les Chiliens ont opté pour un des styles les plus ahurissants de beauté et de profondeur, le Dooth, qui leur permet de bien asseoir les émotions à fleur de peau qui ponctuent leur travail. Et ne reculant devant rien pour créer un vortex affectif aux nombreuses couches, des portions Postcore et progressives/instrumentales sont incorporées ça et là (parfois abusivement, comme sur l'inutile "Spectral Ocean"). Le résultat est une musique flamboyante, touchante, forte, hurlée à la Lune dans un maelstrom coloré ne lorgnant pas souvent vers la noirceur.

Certains reprochent ce dernier point à MAR DE GRISES, ils auraient aimé plus de « darkitude qui tue », de cauchemars sanglants dans ces rêves irisés… De Death Mélo rapido en somme. Eh bien, si on est attentif et qu'on pénètre tranquillement mais sûrement dans l'univers absolument grandiose du quintette en ralentissant son ouïe, impossible de ne pas sombrer dans un fantasme de sentiments troublés, où la violence ou la colère n'ont pas d'emprise. J'avoue toutefois que les zicos auraient le potentiel de nous entraîner aussi facilement dans l'abîme que dans les cieux. Quelques germes pleins de promesses ont poussé sur ce "Streams Inwards", mais n'allons pas extrapoler, les Chiliens détiennent une formule magique éloignant le canon de la tempe. Et leur guitariste et bassiste jouent parallèlement dans un autre combo Doom/Death, signe que l'étiquette ne risque pas de se décoller demain…

Leur musique tel quel est juste belle, aux antipodes du Funeral Doom ou du pur Prog, à quelque part entre les deux. Eh oui, entre les deux, il y a cette « mer de tourments », cette « mar de grises », brassée par la mélancolie et la tristesse, l'apanage des groupes Doom de ce monde. Seulement, les Chiliens, autant avec des synthés aériens remplaçant parfois un chœur ou une simple caresse, un chant déchiré ou des guitares écorchées vives, le font mieux que la plupart des combos dépeignant les eaux troubles de l'existence. "Starmaker", "Catatonic North" et la merveilleuse "A Sea Of Death Comets" sont ici d'évidentes références, des appuis sur lesquels l'auditeur pourra, au fil de l'album, garder vivante cette sensation de solitude exacerbée aux mille teintes. Bourdonnements émanant des confins les mieux gardés de l'âme, bouillonnements trop souvent tus par orgueil qui ne demandent qu'à éclore.

Oui, MAR DE GRISES c'est avant tout l'ivresse de la beauté même dans la dépression (l'inoubliable "Shining Human Skin", "Knotted Delirium" et ses passages musclés et éthérés), c'est une spirale de lamentations marbrée d'espoir. Je vous défie de ressentir cette dualité assez subtile, mais très accessible, que les Chiliens mettent en scène. Tout est question de se laisser imprégner sans gêne, de plonger dans cette turbine ensoleillée tournant au gré des vents contraires et froids de "Streams Inwards".

Ceux qui ont aimé "Draining The Waterheart" seront agréablement surpris par cette sortie de fin d'été. Plus concise, recherchée, gorgée d'envolées mélodiques, plus « formatée » mais pas dénuée de sensibilité. "Streams Inwards" ratisse large et confirme le statut de future superstar du Doom de MAR DE GRISES. Je sais que vous n'aimez pas ce terme, « superstar » (à moins que vous soyez du genre à prier Brousse Dickinsonne), mais les Chiliens pourraient avoir le talent pour remettre le Doom au goût du jour. Car avouons-le, il a déjà eu meilleure mine. The Doom is doomed ! Mais plus maintenant… The Doom « was » doomed…

*Je vous conseille de jeter une oreille sur la version deluxe, car vous aurez droit à une pièce d'extra de 9 minutes, "Aphelion Aura", douce complainte à voix féminine qui s'évapore comme un banc de brouillard. Un beau geste de la part de MAR DE GRISES, alors que les morceaux d'extra sont souvent bancals.

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- Juan Escobar (chant, synthé)
- Rodrigo M. (guitare)
- Sergio Álvarez (guitare)
- Rodrigo Gálvez (basse)
- Alejandro Arce (batterie)


1. Starmaker
2. Shining Human Skin
3. The Bell And The Solar Gust
4. Spectral Ocean
5. Sensing The New Orbit
6. Catatonic North
7. Knotted Delirium
8. A Sea Of Dead Comets
9. Aphelion Aura (bonus)



             



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