Ok, là j’avoue, je joue avec le feu.

Chroniquer un 3e album de DEATHROW alors que mon papier sur "Raging Steel" plafonne à 600 lectures en plus d’un an de parution, c’est juste défier une nouvelle fois le Top 50 des chroniques les moins lues sur NIME, synonyme de honte, d’indifférence et autres quolibets en interne (1).

Rendons-nous à l’évidence : tout le monde s’en fout de DEATHROW (moi pas, puisque je prends le temps de vous en causer présentement, mais bon ça compte pas). Statistiquement, 600 lectures en un an, si on met de côté tous ceux qui cliquent névrotiquement sur mes chroniques par erreur, dévotion ou sympathie, ça veut dire quoi ? Qu’en moyenne, j’ai été lu par une vingtaine de couillons et statistiquement ça veut dire que parmi cette « élite » y en a à peu près 2 ou 3 qui ont pris le temps d’écouter la merde d’album que j’ai tenté de vous vendre.

Tout cela n’est-il pas déprimant, ami lecteur (2) ?

« Alors pourquoi t’entêtes-tu » me direz-vous (je vous permets pas de me tutoyer, mais bon). La raison de mon obstination « thrashistique » dans le cul rance (3) tient uniquement dans le fait que cet album me plait beaucoup, il me va bien au teint et j’estime que j’ai pas à me justifier de tout ce que j’écoute, non mais oh ça va bien maintenant. Enfin, si un peu.

Donc DEATHROW à la base, c’est plutôt un groupe de Thrash qui bourrine. "Raging Steel" était sauvage, "Riders Of Doom" aussi (mais en plus maladroit). Mais dans l’ensemble, ça « thrashait sa mère » comme on disait au lycée, le genre de groupe qui s’écoute en serrant le poing avec des envies de se faire saigner les oreilles (quelle belle image). Du coup, on avait rangé DEATHROW dans le casier « Thrash 80 de D2 école SLAYER », tout au fond du tiroir, avec une grosse étiquette dessus marquée « mouais bof pourquoi pas à retenter à l’occasion ». Et forcément, comme c’est pas très vendeur comme étiquette, tout le monde a oublié DEATHROW.

En ce sens, "Deception Ignored" est une réaction, le sursaut d’orgueil de la part de l’élève moyen qui s’arrache pour se hisser à un niveau plus haut, plus convenable, une sorte de « tableau d’honneur » que le Destin aurait dû décerner à DEATHROW en 1988 (4). Pour cela, le groupe s’est déchaîné, a pris des risques, a poussé les manettes au maximum pour forcer un peu les choses. Le résultat de ce dépassement est juste « andjusticeforallien », soit un Thrash technique, viscéral, crépitant, furieux, d’une intensité étourdissante. Rien que ce "Events In Concealment" et on pense à "Blackened", on se laisse porter par ces riffs incisifs, ce rythme sauvage morcelé de cassures (un peu maladroites parfois). DEATHROW n’étant pas METALLICA (ni CORONER), le rendu louche davantage sur un mélange entre DARK ANGEL et MEKONG DELTA que sur l’extraordinaire "AJFA" de vous-savez-qui (genou à terre, main sur le cœur), dont DEAHTROW n’effleure même pas le dixième de la virtuosité.

Mais tout de même, vu d’où le groupe vient, on peut dire que le mini miracle a presque eu lieu.

Et c’est toute la morale de ce "Deception Ignored" : quand un groupe peine à percer, semble condamner à l’oubli, il a tout intérêt à tenter un coup de Trafalgar, à jouer son va-tout plutôt que de continuer à péricliter médiocrement. Dans l’absolu, la « stratégie » de DEATHROW aurait pu fonctionner. Du moins, le groupe avait plus de chances de s’en sortir avec un tel album, plutôt que de s’entêter à décliner son "Raging Steel" en plusieurs exemplaires. DEATHROW, avec ce "Deception", aurait pu se faire remarquer. Sauf que manque de pot, en 1988, tout le monde avait autre chose de mieux à écouter. Et en particulier, un certain « Justice pour tous » dont je ne taris pas d’éloges.


Donc DEATHROW a beau ignorer la déception, quand en plus le Destin se fout de votre gueule, ça sent vraiment le sapin.


Note : 3/5 (grande fut mon envie de mettre un « 4 » mais je me suis retenu courageusement pour rester crédible auprès de mon immense lectorat)


Morceau préféré : "Events In Concealment" (si fallait que j’en retienne qu’un, mais y a plein d’autres morceaux bien sur cet album, je vous assure, faut l’écouter)



(1) http://metal.nightfall.fr/index.php?choix=13&top=0 : vous n’imaginez pas le nombre de fois que j’ai dû cliquer moi-même comme un con sur ma propre chronique du "Strap It On" de HELMET, juste pour le sortir de ces limbes honteuses de la base de données de NIME.
(2) Oui, j’ai pas mis de « s » à lecteur. C’est fait exprès.
(3) Dans le cul rance = en l’occurrence. Je précise surtout pour MEFISTO - notre correcteur en chef - qui est québécois et qui a du mal avec l’humour de par chez nous, tabernacle.
(4) Dans mon souvenir, au collège, y avait les mentions « encouragements », « tableaux d’honneur » et « félicitations » que les profs décernaient aux fayots à chaque trimestre.