Forcément, avec un nom aussi accrocheur pour les accros de jeu vidéo, on ne peut que jeter un coup d'œil curieux : comment ne pas penser à la saga "Metal Gear Solid" enfantée par le génialissime Hideo Kojima ? Mais le parallèle s'arrête là.
Car sous cette appellation se cache en fait le projet solo de Jon Schaffer, le leader indiscutable du groupe ICED EARTH. On parle bien ici d'un album entièrement généré par le maître à penser de la "Terre glacée". Pour preuve, il y assure évidemment toutes les parties guitare (quoi que), mais également la batterie (qui est ici entièrement programmée !) et surtout le chant !
Derrière ce titre des "fils de la liberté" (faisant référence à "une organisation secrète de patriotes américains pendant la rébellion des 13 colonies contre l'Angleterre, à la fin du XVIIIe siècle. Ils résistèrent à l'oppression britannique en s'attaquant aux symboles du pouvoir britannique en Amérique, mais aussi à ses agents et à ceux qui soutenaient la Couronne. Ils furent impliqués dans les campagnes de boycott et les émeutes urbaines du contexte prérévolutionnaire"), notre Américain pure souche nous sert un concept album un poil caricatural.
On trouve ici le discours vu et revu du bon patriote, ne voyant que sa nation et sa sauvegarde.
Partant en croisade face aux méchants et à l'ignorance (mode simpliste), Schaffer se donne la (pompeuse) mission de susciter (?) la curiosité de son auditoire face à la corruption globale des banquiers qui empêche l'indépendance des individus et des pays. La boucle étant ainsi bouclée pour justifier l'appellation du projet.
Bref, contenu lourdingue car trop grossier dans l'approche ("We The People") et risqué (politique, politique) qui vient forcément peser dans la balance, notamment dans un contexte de "concept album".

Côté musique, il faut avouer que Jon Schaffer est une belle surprise au chant. Inutile de trop s'étendre sur le côté guitare qui ne saura surprendre les plus férus dinguos d'ICED EARTH. Peu de surprises de ce côté-là. Non, ici le chant est propre, clairement adapté à ce Power Metal bien troussé que l'on va retrouver tout au long des 9 titres de la galette.
"Jekyll Island" ouvre parfaitement dans ce sens ce "Brush-Fires Of The Mind" : un morceau épique de plus de 7 minutes, porté par des riffs accrocheurs et un refrain efficace. Un titre qui fonctionne parfaitement, mettant l'auditeur dans de très bonnes dispositions.
Malheureusement, le soufflet retombe assez rapidement. Les tracks suivantes ne sauront pas conserver le même esprit et ne feront que tomber inexorablement dans un aspect fade et simpliste : une structure intro/couplets/refrains et un quasi systématique sample "blabla" qui devient vite gonflant, une batterie fadasse comme rarement (logique, avec un ordi) et un côté "coquille vide" de plus en plus pesant au fil des écoutes. Et il ne s'agit pas de nous faire le coup des guests pour espérer nous tromper sur la marchandise : non, non, la présence de son comparse d'ICED EARTH Troy Seele sur (Don't Tread On Me" et "Felling Helpless") ou de Jim Morris (sur la réussie "Jekyll Island" et "Indentured Servitude" puis "The Cleansing Wind") ne pourront pas changer la donne...
Pourtant, il tente le bougre : la ballade "Our Dying Republic" est loin d'être déplaisante pour autant, mais il lui manque ce petit côté de folie ou de mélodie qui viendrait en faire une franche claque. La power ballade suivante ("The Cleansing Wind") échouera de la même façon. Rien à faire...
On tombe même sur un riff aux saveurs orientales sur "Don't Tread On Me", avec un final introduisant les premiers samples de l'album. En effet, Schaffer nous parsème une très grande partie de notre écoute d'extraits de discours et de slogans divers et variés (le final de "False Flag"). En fait, pas tant que cela, car tournant toujours autour de ce thème de la réaction, de la défense de la nation. Bref... très rapidement pénible à la longue...

Quand on durcit le ton côté son, on trouve un morceau comme "Tree Of Liberty" ou l'improbable croisement entre du QUEENSRYCHE et le "Bark At The Moon" d'OZZY OSBOURNE. Frappant cette ressemblance. A ce sujet d'ailleurs, on retrouve cette ambiance côté mix entre "Empire" et "Operation Mindcrime"... le talent en moins.

Ce que l'on retient au final de ce "Brush-Fire Of The Mind", ce n'est qu'un album facile, au son aseptisé, dont l'ensemble ne saurait faire sauter au plafond un métalleux avide de nouveauté.
Il faut être clair : c'est globalement juste correctement troussé et j'attendais bien plus (mieux ?) de Jon Schaffer, qui nous sert ici une sauce trop proche d'ICED EARTH, mais beaucoup trop molle du genou. Peu assaisonnée, manquant de mordant, un comble pour un produit estampillé Power Metal...