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MOB RULES - Savage Land (1999)
Par BAST le 17 Septembre 2010          Consultée 3525 fois

L’aventure débute sur un malentendu. MOB RULES serait-il un clone de RHAPSODY ? Un faisceau d’indices pousse à cette allégation. D’abord, la formation allemande a intégré Limb Music, label dont la tête de gondole adopte les formes acérées d’un dragon. Eric Philippe, ensuite, a conçu la pochette de "Savage Land" ; les couleurs chaudement contrastées ou le trait un brin enfantin qui le caractérisent évoquent fortement les deux premiers visuels de RHAPSODY dont le graphiste Belge s’est occupé précédemment. Enfin, MOB RULES, à l’instar de son collègue Italien, initie sa carrière par un concept-album, reprenant à son compte la thématique des Mad Max pour dépeindre une fresque post-apocalyptique.
Forcément, ça n’a pas raté : MOB RULES dans ses toutes jeunes heures a surtout concentré sur lui l’attention des amateurs de metal symphonique. On le sait désormais, MOB RULES et RHAPSODY ne jouent pas au même jeu ; priser le premier n’offre aucune garantie quant à l’appréciation du second.

MOB RULES met davantage en avant sa rythmique, comme en attestent les premières notes d’"Insurgeria". En outre, si les deux groupes manifestent un appétit vorace pour les mélodies folkloriques, elles ne puisent par leur inspiration dans le même creuset. RHAPSODY est médiéval ; château fort et troubadours sont les images qui viennent le plus aisément à l’esprit alors que MOB RULES évoque plus volontiers les légendes celtiques ("Hold Back The Light"). Enfin, alors que RHAPSODY fait son possible pour que sa musique restitue le passé à nos oreilles, MOB RULES produit un assemblage assez étonnant où les airs traditionnels sont apposés sur une rythmique plus moderne, le but étant de dresser un décor tenant autant du futur que du passé. C’est une humanité blessée que conte MOB RULES, survivante d’un holocauste nucléaire et retournée à l’âge des tribus et des superstitions.
Malgré le thème apocalyptique mis en musique, MOB RULES entremêle deux sensations opposées où l’anéantissement et l’espoir interviennent tour à tour ; parfois, on a droit à des titres épiques assez pesants ("Rain Song"), d’autres fois à de vives teintes optimistes ("Savage Land Pt. I (Strangers In Time)"). MOB RULES, du reste, ne se déparera jamais de cette double casquette, dénonçant les travers de la société et constellant sa musique de lueurs d’espoir. Un prêcheur sans l’austérité accablante, en somme.

Sur son premier album, MOB RULES n’affiche pas encore son visage le plus séduisant. L’album montre quelques brèches que les Allemands parviendront à colmater au gré d’une carrière fructueuse et rondement menée. La production, pour commencer, manque d’une certaine pêche. Certains titres qui se voudraient plus rentre-dedans sont entravés par quelques coups de mou, la faute à un son légèrement insuffisant ("Coast To Coast"). Ensuite, il faut avouer que MOB RULES, pour ses débuts, reste empêtrés dans ses influences, surtout la paire de guitaristes qui ne goûte guère l’aventure, ici, mettant bout à bout des riffs et des soli sans grande originalité ("Down In Nowhere Land"). Matthias Mineur, on le sait à présent, coupera rapidement le cordon qui le tient attaché à la scène allemande des années 80 et proposera plus tard davantage de personnalité.

A côté de ça, on se rend compte dès cet album, le premier donc, que MOB RULES n’a rien de la formation anecdotique débarquée là pour profiter à peu de frais du revival heavy de la fin des années 90. Les titres forts sont en nombre et l’ambiance générale décrite plus haut, originale et captivante, permettent à "Savage Land" de figurer parmi les meilleures surprises de l’année 1999.
"Savage Land Pt. III (No Reason Why)", par exemple, en dépit d’une simplicité manifeste, touche immédiatement : la structure épurée permet une accroche rapide, les ambiances, sans pathos excessif, sont traversées d’une mélancolie et d’une rage qui prennent aux tripes, Klaus Dirks, vocaliste de talent, donne une saveur unique à des lignes de chant adroites. Le meilleur MOB RULES se déclare ici. "Coast To Coast" mérite aussi sa citation. A mi chemin entre la ballade aventureuse et le mid-tempo mélancolique, montée le long de changements de rythme et rehaussée de lignes de chant doucereuses et d’un refrain un peu plus énergique, elle fait partie des titres représentant le mieux le style MOB RULES, celui dont la tendance est de lutter contre l’étiquetage systématique selon lequel un morceau doit avoir une et une seule appellation, hymne, ballade ou que sais-je encore. Même si on surprend MOB RULES à tirer les ficelles de la ballade, "Coast To Coast" s’impose au final comme un titre échappant aux règles et s’aventurant, sans excès de témérité non plus, sur des chemins de traverse inattendus. Enfin, il faut parler de "End Of All Days". Titre le plus long de l’album, il arbore les mêmes atours que "Coast To Coast" : ballade de prime abord, mais avec une densité et une évolution propres à la pièce épique que les albums conceptuels ont tendance à imposer en clôture. Ce titre est un régal et impose déjà Klaus Dirks comme un chanteur incontournable.
Sur trois quart d’heure de musique, à peine une dizaine me déplait, située dans la seconde moitié de l’album, située aussi juste avant le dernier titre si fort qu’on tendrait à l’oublier. Les coupables sont "Blaze Of First Warning", lequel s’avère si totalement dénué d’idées que les mélodies défilent sans capter l’attention. Je concède aussi les lacunes de "Pray For Sunlight", censé articuler une montée en puissance et qui, malgré de bonnes interventions de Klaus Dirks, n’explose pas comme on s’y serait attendu.

MOB RULES démarre fort. Et il fera mieux encore, année après année, grâce notamment à une production plus adaptée et une volonté de davantage se distinguer de ses compères. Les Allemands, et aujourd’hui personne ne prétendra le contraire, ont un son, une identité forte. En dépit de la progression affichée au gré de son évolution par MOB RULES, ce premier essai, avec ses lacunes et ses défauts, s’avère sans conteste comme une mise en bouche idéale.

Note : 3,5 / 5

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- Klaus Dirks (chant)
- Oliver Fuhlhage (guitare)
- Matthias Mineur (guitare)
- Thorsten Plorin (basse)
- Arved Mannott (batterie)


1. Prologue
2. Insurgeria
3. Rain Song
4. Hold Back The Light
5. Secret Signs
6. Savage Land Pt. I (strangers In Time)
7. Savage Land Pt. Ii (pianista)
8. Savage Land Pt. Iii (no Reason Why)
9. Coast To Coast
10. Blaze Of First Warning
11. Pray For Sunlight
12. Down In Nowhere Land
13. End Of All Days



             



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