Viré du groupe suédois CRASHDÏET en juillet 2008, le chanteur H. Olliver Twisted, qui avait fait forte impression sur le second album du combo scandinave, est parti voguer vers de nouveaux horizons. Avec d’autres compatriotes, il forme RECKLESS LOVE, énième groupe de Hard Rock reprenant à son compte l’héritage du Glam. Quoi de moins surprenant ? Avec le retour fracassant sur le devant de la scène de monstres sacrés comme KISS, RATT et surtout MÖTLEY CRÜE, la réhabilitation d’un genre qui a lamentablement sombré dans les affres du néant à l’aube des années 1990 est un créneau vendeur, qu’on aurait tort de se priver d’exploiter lorsqu’on débute dans l’industrie musicale. C’est sûrement dans cet état d’esprit qu’a été conçu ce premier album éponyme, outrageusement Glam sans le moindre complexe.

La cover du skeud est suffisamment parlante pour qu’on sache à quoi s’attendre : POISON a fait des petits ! RECKLESS LOVE n’est pas vraiment plus innovant que STEEL PANTHER et CRASHDÏET, fers de lance de cette nouvelle génération, en matière d’apparence : bandanas, pantalons en cuir moulants et autres oripeaux efféminés kitschissimes sont à l’ordre du jour. Niveau musical, c’est du même acabit, on retrouve tous les ingrédients qui ont fait le succès du Hard Rock tendance Glam outre-Atlantique : ambiance festive, riffs faciles, chœurs tonitruants, voix haut perchée, soli de guitare fusant de toutes parts et grosses nappes de synthé.

RECKLESS LOVE a fait le choix d’être rétro jusqu’au bout et ça se sent, son album n’a pas grand-chose à envier aux premières compositions de POISON et MÖTLEY, les moyens d’une production moderne en sus. Dans le plus pur esprit des années 80, les Suédois nous ont concocté une galette rafraîchissante, à l’ambiance estivale, relevée par un niveau technique très correct et par des lyrics enjoués qui causent surtout de filles et d’histoires de cul. Vous l’aurez compris, il n’y a pas grand-chose de nouveau sous les tropiques, et je ne serai pas étonné d’apprendre qu’un titre comme "Feel My Heat" remporte un certain succès sur les ondes scandinaves. De toute façon, l’innovation ça n’est pas vraiment ce que recherche RECKLESS LOVE, les membres du groupe n’en ont même probablement rien à cirer et préfèrent s’adonner à ce qu’ils aiment le plus, en rendant par ce biais hommage à leurs références artistiques. Les afficionados de LITA FORD devraient pouvoir y trouver leur compte…

Mais là où le bât blesse, c’est que de la bonne volonté et un bon capital sympathie ne suffisent pas pour accoucher d’un bon album. Plusieurs carences viennent plomber "Reckless Love". En premier lieu, la voix de Twisted, qu’on sent beaucoup moins spontanée que sur les compos de CRASHDÏET. Délaissant des vocaux puissants et rugueux pour quelque chose de plus aigu, de plus efféminé, de plus Glam’ en somme, il se force à officier dans un registre qui n’est pas le sien et s’égare par moments dans des délires à la limite de la caricature. Caricaturaux, certains refrains le sont aussi, avec des chœurs pas toujours très inspirés, voire carrément niaiseux et surtout, qu’on voit systématiquement arriver gros comme une maison. Tout cela manque sérieusement de finesse et d’inventivité à défaut d’être original, et personnellement je m’en suis lassé assez vite. Un titre comme "Back To Paradise" est ennuyeux au possible car recyclant bêtement des sonorités déjà mille fois entendues.

C’est bien dommage, parce qu’en dehors de ça le groupe est parfois capable de nous surprendre avec une certaine aisance technique et des plans vachement sympas. "Reckless Love" se laisse écouter, mais sans plus. A moins d’être totalement accroc au genre, l’auditeur averti a vraisemblablement peu de chance de s’y intéresser sur le long terme. Ceci étant, ce premier effort reste tout de même encourageant, et on est en droit d’espérer que le prochain album studio sera meilleur, car conçu par un groupe plus mature. A charge de revanche !

2,5/5.