Avec le syndrome du "plus vite, plus fort", la technique devient l'élément fondamental d'un Death Metal réajusté et complexifié dans sa forme. Bon, je ne vais pas vous faire le topo sur la clique du Death technique, tout le monde connaît et chacun possède son avis là dessus.
Bien. Cette équipe (tout juste rafraîchie) nommée BRAIN DRILL nous offre une nouvelle fois (la troisième, en comptant l'EP de 2006 : "The Parasites") ce qu'elle a de meilleur, à savoir du "Brootôl" et du technique, orchestrés par cette hyper activité musculaire qui fait son petit effet… si on porte dessus une oreille profane. Par contre pour les bouchers en tout genre, c'est du classique mais un classique proprement exécuté.

Alors voilà, "Quantum Catastrophe", c'est huit titres pour quarante minutes (en gros), c'est du brutal donc et c'est toujours chez Metal Blade. Bon, c'est complexe mais ce coup-ci on suit le fil sans trop broncher. Légèrement foutraque pour la forme avec quelques surprises au bout (mauvaises pour certaines). La rythmique s'articule autour de la batterie avec cette technique de frappe connue sous le nom de "gravity blast" ou "gravity beats", une pratique revendiquée de toute part mais là, franchement, on s'en fout. L'important c'est que ces techniciens font que tout ce bordel sonne bien (voire mieux) et c'est le cas. La légère approximation de l'opus précédent (jouant sur les médiums) est gommée et en comparaison, "Quantum Catastrophe" produit par le groupe (avec l'aide d'un certain Zach Ohren) possède un rendu sonore soigné et surtout plus lisse qu'en 2008. Le résultat est là et le cahier des charges est respecté. Donc basta ! Maintenant du côté "artistique", c'est la valeur ajoutée à cette technicité qui fera que l'on accroche (ou pas) à cette imparable avalanche de sweep picking, notamment.

Bien sûr, aucune perte de souffle n'est à signaler et l'épreuve d'endurance est exécutée nickel chrome. Le travail fourni dans la composition nous offre de bons moments où ça transpire bien ("Nemesis of Neglect") et ça électrise le cortex ("Beyond Bludgeoned"). En creusant un peu plus (quelques écoutes suffisent), on s'aperçoit qu'à un moment donné, la place est laissée aux instruments avec le tiercé gagnant Ruskin/Munguia/Casey, ce qui est une bonne chose en somme. Et tout cela sans passer par la case gore metal salace des débuts, car désormais cette étiquette (pour ne pas dire ce boulet) est arrachée du mur des ricains pour un concept qui tourne autour de la destruction et de l'apocalypse, enfin ce genre chose quoi.

Néanmoins, ces petites différences n'amèneront pas de grandes conséquences. Dans les faits, ces mecs bourrent comme des taureaux et affichent clairement leurs limites, à leur propre dépend par des actions inopportunes. Par exemple quand Steve maintient son cap dans les graves du début jusqu'au milieu d'un morceau, ça va, c'est pêchu, c'est gros méchant tout plein, sauf qu'ensuite, ça vire dans le criard gueulard (à la Grind) et là ça casse tout. Donc, la dualité du registre vocal est moins convaincante. Sinon oui, c'est homogène et même bien plus que sur "Apocalyptic Feasting". Mais tout cela reste bien trop systématique à mon goût. Les death-growl, certes efficaces sont administrés par petites doses, les riffs coupés au millimètres, la batterie triggée, bref, ça devient commun et en plus on perd de la chaleur. Dorénavant le ton ne sera plus "organique" mais "mécanique". D'ailleurs les teintes refroidies de ce cher Par Olofsson (voir la pochette), sont "parlantes" et collent bien au nouveau son des californiens.

Mais bon, BRAIN DRILL joue à fond la carte de la technique pure, un peu trop même et pour pas grand chose finalement. C'est très loin de tout parce que le démonstratif prime sur tout le reste et que nos ricains ternissent (volontairement ?) leur palette d'expression. C'est le principal défaut de ce "Quantum Catastrophe", qui n'en est pas une pour autant car dans le genre c'est pas mal, c'est même distrayant par moment et malgré une évolution sensible et un travail réel, l'essai n'est pas transformé.