“Tacatacatacatac ! Boom ! Boom! Boom! Oooorgh!”

Voilà ce que nous réserve BRAIN DRILL, à première vue. Mais entrons si vous le voulez bien, dans le vif du sujet...

Natif de la nouvelle scène Death Metal émergente aux États-Unis (Californie), BRAIN DRILL est un de ces derniers représentants. Avec des formations aux doux patronymes (DECREPIT BIRTH, CONDEMNED), les USA seraient-ils redevenus le nouveau fief du Metal extrême ? Peut-être. La plupart de ces groupes sont aguerris par des années de pratique (certains viennent de différentes formations). Ils sont talentueux, ultra motivés et apportent du sang neuf. D’ailleurs, BRAIN DRILL ne tardera pas à recevoir le fruit de son labeur en signant chez Metal Blade Records, leur premier album en 2008 : "Apocalyptic Feasting".

Attention : pour les réfractaires du genre, passez votre chemin et au plus vite ! Sinon, vous allez vous faire bouffer la couenne (et la cervelle), car l’écoute intégrale de ce "Apocalyptic Feasting" tient de la performance (Apocalyptic Listening, plutôt).

BRAIN DRILL, c’est du pur dépucelage en règle ! De suite, l’auditeur est littéralement soufflé par ce maelstrom d’ultra violence. Celui-ci est assez similaire à CANNIBAL CORPSE pour le jeu des six cordes, d’ORIGIN pour les claquages de fûts et de BROKEN HOPE pour les vocaux. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort (aucun répit n’est laissé à l’auditeur). Au menu, 10 titres pour 35 minutes de blast intense, de riffs accrocheurs (et ils sont nombreux). La facture est très (ultra) technique et les breaks nombreux (et violents), les riffs tombent toutes les 30 secondes, systématiquement accompagnés de tappings hystériques. Le batteur réglé sur 500 bpm s’en donne à cœur joie avec ses gravity beats joués à outrance (un sacré style). Le tout est joué avec un sens inné de la composition et de l’efficacité (leur niveau technique est vraiment impressionnant). Si on ajoute à cela une production excellente (claire et puissante) et des parties vocales variées (du growl au criard), le résultat est particulièrement probant.

BRAIN DRILL ne plaisante pas et développe aucun second degré (ou alors il faut vraiment creuser pour en trouver). D’ailleurs, qui dit brutal Death, dit gore. Les textes sont bien sûr sanglants et les titres évocateurs (« Gorerification », « Consumed by The Dead »). Le visuel conçu par les soins de Par OLOFSSON (un artiste très sollicité en ce moment) nous emmène dans un monde chaotique peuplé de zombies venus se repaîtrent d’un festin de chair humaine (hmmm...). Le tout baigne dans un décorum de fin du monde (festin apocalyptique donc). Joyeux programme, dont vous pourrez vous faire une idée ici

Malgré un bon feeling, la violence dégagée est proprement pathologique (il faut l’entendre pour le croire) et assez problématique. Je m’explique : il est tout simplement impossible de distinguer à travers ce magma sonore, un des morceaux en particulier (mis à part pour les férus du genre… et encore). Je dirais qu’il est de par son intensité, hermétique, voire sectaire. A force d’en faire trop, ce combo gave l’auditeur de plans extrêmement complexes, sans se soucier du reste. C’est d’ailleurs ce que je leur reproche. Un peu plus d’aération n’aurait pas été de trop. BRAIN DRILL souhaite se faire une place au soleil dans le milieu du Metal extrême par le moyen d’une musique très codifiée et préparée avec soin, pour être assimilée par un public ciblé. Soit, mais il va falloir qu’ils calment un tant soit peu leurs ardeurs. Car là, on frôle de justesse l’indigestion !

"Apocalyptic Feasting" est donc un disque réservé à un public averti. Pour les autres il ne vous reste qu’une seule chose à faire : fuyez !