Celui qui se cache derrière une pochette aussi impressionnante, un nom aussi bizarre et une musique aussi proche de celle de TYR n’est autre que Heri Joensen, le chanteur dudit groupe. Le bonhomme décrit lui-même son second groupe comme « plus rapide, plus progressif et s’étendant davantage sur la longueur ». Plus rapide ? Bon ok, éventuellement… quoique ça n’aille pas tellement plus vite que les morceaux speed de "By The Light Of The Northern Star" comme l’emblématique "Hold The Heathen’s Hammer High". Plus progressif ? Pas vraiment, comme jamais le groupe ne fait appel à des parties techniques ou des ambiances sophistiquées, ni ne semble chercher à transcender ses idées de base, à les développer, les enrichir sur la route (je vous le concède, c’est une définition très, très lâche, et très, très optimiste du terme ‘progressif’).
Davantage étalé sur la longueur ? Ca oui. Et là, HELJAREYGA en étale jusqu’à déborder de la tartine. C’est là qu’on aurait pu se méfier, car chez TYR, les pièces longues sont souvent bien chiantes (pour exemple l’imbuvable "Ocean" sur "Land"), moins bon que le reste dans tous les cas.

Pourtant, dans l’absolu, toutes les idées de base des morceaux sont plutôt bonnes : les riffs, les refrains, les lignes de chant… tout ça sent bon le Grand Nord et bordel, le Faroïen quelle langue extraordinaire ! …Mais tout aurait tellement gagné à être plus ‘compressé’.

Car le but du Prog, c’est de créer des paliers de progression, de rajouter des couches subtiles, de partir vers l’inconnu et de se perdre. Ce que fait HELJAREYGA, ce n’est pas vraiment ça, il part un peu en avant et sème des cailloux derrière, et puis revient sur ses pas en suivant les cailloux et part sur un autre chemin…mais pas trop loin quand même, restons sages.
Du coup, on n'en ressort pas avec des montées progressives dans l’extase, mais plutôt dans de l’homogénéité sans perte de risque, de la platitude qui se perd dans des soli de révisions de gamme. Reste au final la frustration. Dommage, car Heri a toujours cette fougue qui rend tous ses refrains géniaux, les riffs en eux-même ont vraiment de quoi plaire, mais tout est transformé en mouvements laborieux.

HELJAREYGA manque vraiment de nous transporter quelque part, et au final, on ne s’émeut que trop peu et on reste plutôt indifférent à l’écoute d’une musique ‘pro’ mais pas assez folle.

L'acoustique est presque salvateur sur des titres comme "Heljareyga" ou "Vetrabreytin" (peut-être quand même le meilleur morceau de la galette), mais bien peu de place lui est alloué, et le groupe ne semble pas vraiment peser à quel point des passages plus doux auraient renforcé leurs passages speed.

Echouant dans ses élans « progressifs » (et j’insiste sur les guillemets), HELJAREYGA fait figure d’un TYR qui échoue (ou d'un chou qui s'étire, lol, trodraule). Dommage, parce qu’il y avait de vraies bonnes idées mélodiques derrière tout ça.

A écouter tout de même, ne serait-ce que pour les quatre premières minutes de chaque morceau.