Les Croates de TRUE ont trouvé le moyen pour se faire remarquer des milliers d'autres formations Death de la planète grâce à deux moyens : un anecdotique, l'autre pragmatique.

L'anecdote se trouve dans le titre : les fans d'OPETH trouveront le moyen de crier au plagiat. Eh ben, je leur conseillerais de changer de vie au plus vite, car nous sommes ici en pleine et pure coïncidence. Et puis merde, on s'en contrefout.

Le pragmatisme se reflète dans l'utilisation d'un instrument folk discernable dès les premiers instants où il se fait entendre. Ça tranche et frappe comme une masse en plein front. Je parle bien sûr du tambura, long luth indien ressemblant à une cithare, qui est conçu pour créer une résonance harmonique sur la note de base. Bref, une répétition, un trémolo folk qui insuffle à la musique de TRUE une saveur unique. Jamais je n'avais entendu un tel son, à cette densité en tout cas. Le tambura fait partie intégrante de l'ensemble, ce qui tranche clairement avec ce gros Death musclé des Croates. Un Death somme toute assez mélodique, mais pas du stock pour minettes, ça c'est clair.

TRUE aère énormément ses compos, surtout les trois longues et excellentes "Once", "Who Am I?" et "I Kill For Nothing", avec des bridges de durée variable. Que ce soit au tambura ou non, le groupe montre par là ses puissantes racines ethniques. On pourrait même croire que TRUE est espagnol ou italien, ou indien ou… Bref, ça tranche en bordel !

Parlant de puissance, TRUE est capable de bûcher comme un vrai démon, guitare et basse poisseuses, batterie au plancher et chant guttural en prime. Les massacres remarqués sur "I Kill For Nothing" sont assez éloquents. Inutile d'ajouter que le tambura se pointe souvent à travers ces bourdonnements et ces toms nerveux… "Once" est particulière en ce sens ; tandis que la batterie ne cesse de répéter le même rythme sous couvert d'une agréable nappe atmosphérique, le tambura laisse échapper ses notes aiguës, avant que le groupe ne ramène ce gros jus épais des grattes qu'il shake à merveille.

Ce qui rend TRUE aussi particulier est l'accumulation de breaks dans le trio susmentionné, l'absence de cohérence dans les compos, le sentiment de ne suivre aucune ligne directrice. Caractéristique que l'on retrouve souvent chez ce genre de nouveau groupe provenant de contrées non reconnues pour leur apport au monde métallique. Et merde que c'est rafraîchissant !

Mais la vérité vraie est que "Still Life" est mal balancé. À côté des trois grosses pierres de l'édifice, les petits cailloux que sont "Massacre", "The End" et "Okus Crnila" font davantage office de remplissage que de réussites. Soyons sérieux : trois énormes plages de plus de huit minutes et trois autres (sans compter l'intro) qui ont à peine trois minutes de moyenne et qui n'ont pas grand-chose à dire ? Plutôt bâclée comme construction. Manque de ciment. Et c'est bien dommage, car pour un premier effort où l'identité de TRUE est clairement affichée, on retiendra un bien drôle de schéma malgré notre surprise rehaussée d'un franc sourire.

Le plan de match pour le prochain, si prochain skeud il y a ? Pousser davantage ce côté progressif et planant que les Croates semblent capables de maîtriser. Et tout ira bien, comme sur le superbe bridge de "Who Am I?". Car merde, qui connaissait sincèrement ce putain de tambura ? Juste pour cela, le bonheur que ces cordes apportent à une musique aussi malodorante qu'est le Death, j'embarque.

*J'adore la pochette. Ce chien hargneux défendant son lunch (une tête de bétail) me fait trop bondir d'ironique joie.