En matière de Rock et de Metal, la Suisse n’est pas en reste et offre souvent de belles surprises. Ses représentants les plus connus étant SAMAEL, CELTIC FROST, CORONER ou NOSTROMO. On pourra toujours se demander comment un aussi petit pays fait pour engendrer autant de groupes de qualité, réussissant par la même occasion à faire connaître leur nom en dehors des frontières de l’Europe. En comparaison, la France c’est "peanuts" !!! Certains me voient venir. Effectivement, la France en possède un, mais ça n’est pas de lui dont il question aujourd’hui.

Depuis plus de huit ans maintenant, le groupe helvétique KRUGER occupe le terrain. La presse européenne n’avait pas tari d’éloges à la sortie de leur second opus, "Cattle Truck" (2004). Dépositaire d’une recette dense et unique, le groupe marque les esprits. A la frontière du Post-Hardcore avec des structures jazzy sans jamais verser dans le démonstratif, et surtout une lourdeur et une violence sourde et oppressante. Du grand art mais il n’est pas permis à tout le monde de s’approprier leur univers sans friser l’indigestion. Avec une identité si forte, il est quasi impossible de se réinventer sans se défigurer. Depuis lors, Kruger explore le genre dont il est le dépositaire quelque part entre UNEARTHED, NEUROSIS et MASTODON.

Leur dernière production, "For Death, Glory And The End Of The World”, apporte sa pierre oppressante et insidieuse à leur discographie. Au premier abord, cette nouvelle livraison est plus compacte, les passages plus ambiants (toute proportion gardée, nous sommes loin de ce que l’on pourrait appeler "atmosphérique" le titre "Anthem Of Pretented Glory" illustre bien ce propos). Même si certaines touches sont toujours bien présentes, mais cette fois engluées dans la masse de notes et de décibels. Concernant le chant, si tant est que l’on puisse le nommer ainsi, se situe plus entre hurlements et vociférations d’inspiration "death". Tout le travail étant de lui donner des inflexions de nature à ne pas ennuyer son auditoire. La structure des morceaux est plutôt étoffée, sur les neuf titres qui composent l’album, tous avoisinent ou dépassent les cinq minutes. Un seul, "Center", est à considérer comme un interlude respiratoire situé en milieu du disque ne durant qu’une minute 14.

Nous évoquions en introduction notre référence française à l’échelle internationale, elle est ici représentée par Jo Duplantier (GOJIRA) sur "Muscle". Ce "featuring" à l’américaine, loin d’apporter une couleur différente à ce "For Death, Glory And The End Of The World”, renforce l’idée que l’univers de ces deux groupes ne sont pas si éloignés. En effet, si le titre est efface, il ne dénote pas du reste de l’album si ce n’est par son intensité et l’absence de ces passages "ambiants" qui germent parfois chez KRUGER. Les deux morceaux les plus mélodiques ont été retenus pour clore le disque. Ils sont également les plus épiques et le rapprochement que nous faisions avec MASTODON est ici plus flagrant.

KRUGER est un Grand Groupe, courageux et avant-gardiste. En règle générale, nos cousins américains qui percent sur le marché après avoir éprouvé une recette gagnante, calment ou nuancent le propos. Concernant, KRUGER, nous pouvons les louer de rester sur les bases qu’ils se sont construites ou leur reprocher de ne pas prendre le risque de sauter dans le grand bain. Beaucoup s’y sont noyés en effet, mais le talent de ses musiciens renforce l’idée qu’ils devraient essayer. "For Death, Glory And The End Of The World" possède toutes les qualités d’un disque énorme mais il a le défaut d’ être le petit frère d’un "Cattle Truck" et d’un "Redemption Through Looseness". Espérant qu’il ne faille pas attendre encore trois ou quatre ans pour qu’explose enfin KRUGER.