Aujourd’hui, je voudrais rendre hommage à l’accordéon. Cet instrument si étrange qui s’étale de tout son long pour cueillir des sons de fête comme des soufflements mélancoliques. Cet instrument qui, en pleine confusion temporelle, réussit à nous évoquer aussi bien le farfadet fou courant sous les feux follets que le berrichon à béret bêlant en patois quelques sons pastoraux. Deux visions du folklore avec lequel notre bon vieil ami l’accordéon s’accorde et s’accroche.

"Weltenkraft" de FINSTERFORST donne une vraie dimension à l’accordéon. Derrière un Black mélo-épique somme toute assez rabattu, il nous fait partager de vrais moments de saveurs, de beauté intemporelle et/ou anachronique, et peaufine comme peu de groupes l’ont fait des passages accordéoniques d’une splendeur étonnante. Les quelques allergiques dudit instrument ne tomberont peut-être pas sous le charme éploré d’un "Lauf Der Welt", tant pis pour eux. Idem pour "Spiegelscherben" ; si tout le monde savait se servir de l’instrument souffleur avec tant de délicatesse et de superbe, le monde du Folk Metal serait peut-être un poil plus crédible… et aucun morceau ne fait d’exception. Quand on frôle le polka-clichesque qu’on croira emprunté à FINNTROLL ou KORPIKLAANI, on se rendra plus à l’évidence que tous ces groupes travaillent sur un tronc commun, et que si les Finlandais lui ont donné un ton de fête chacun à leur manière, FINSTERFORST arrive à lui appliquer plus de nuances, légères certes, mais définitives.

Mais FINSTERFORST, à côté de la quasi-perfection de ses parties qui sentent bon la musette n’a pas une telle capacité à donner de l’ampleur et de la consistance ni aux autres instruments folklos (j’ai bien entendu une flûte traîner par là, ça méritait le coup d’œil mais non le détour...), ni à son fond Black Mélodique.

Au final, on tire l’élément « accordéon » du lot et on reste sur notre faim quant au reste. Un peu frustré par une production typique, par un chant Black seulement « pro » et qui manque de conviction, l’absence de chants clairs ou au moins de variation dans les parties vocales, un côté épique un peu rabattu et qui aurait mérité plus d’attention… et j’en passe sans doute. Avec ça, dur dur de tenir tout l’album d’une traite.

FINSTERFORST ne se démarque pas du lot sur le reste de son travail, et en vérité, on se demande s’il est vraiment fait pour l’extrême tant l’affiliation Black et Folk se détache, l’un trop normal, l’autre si spécifique (sur l’accordéon du moins !). Les Allemands vont tout de même rester de côté comme jeunes espoirs du Black Folk. On espérera une suite peut-être plus solide sur tous les fronts.