Ils sont méchants, ben oui, ben oui, viennent tout droit de la Black Forest allemande et ont un nom à coucher dehors (*). Ils sont bruyants, old school, puent le fond de grange et sont, admettons-le, peu intéressants. Wow, je devrais être toujours direct comme ça, je me sens comme un flic à face de bœuf…

AASKEREIA officie dans ce qu'on appelle le Black Pagan, que vous connaissez très bien, celui qu'on confond avec raison avec le Black Naturaliste (forestier) ou, parfois, le Black Dépressif. Enfin, les fans de sous-genres (dont je fais évidemment partie) s'y retrouveront, car les Allemands se promènent pile poil entre ces nombreuses minces lignes rouges. Et s'ils baissaient le ton d'un cran, sans doute seraient-ils affublés de loin de l'étiquette Folk, mais bon, faudrait vraiment qu'ils perdent leurs multiples défauts et arrivent à soulever les passions mieux que sur leur premier album, "Mit Raben Und Wölfen". Ouf, que c'est pénible.

Le premier coupable ? Grim (à ne pas le mélanger avec Garm, qui lui, a une voix magnifique) est tout simplement détestable. Son chant va chercher dans les extrêmes, soient les hurlements stridents et agressants, pires que les grincements Black dépressif habituels, le chant épico-compréhensible un peu ringard et les rares raclements graves. Non, franchement, il fout la merde ce mec et fait oublier que ses petits amis musiciens se « débrouillent » quand même bien. Il attire l'attention comme des ongles sur un tableau ou un oncle ivre se mettant à chanter de vieilles ritournelles traditionnelles durant la période des Fêtes. Pathétique.

Quant à la musique, aux influences diverses tel que décrit plus haut, elle est légèrement entraînante. La batterie oscille entre le mid-tempo et la « petite défonce » gênée de Black faiblard qui ose pas montrer ses grosses veines. Surtout celle de la trique, essentielle pour une jouissance toute légitime, n'est-ce pas ? Eh bien, AASKEREIA ne vous fera pas crier de plaisir, à moins que vous soyez d'une naïveté sans bornes ou que vous appréciiez le steak tartare, car n'attendez pas que le four vous chauffe le cul.

Mais bon, soyons bon joueur et donnons à ces faux César ce qui leur revient par pitié : l'ambiance de l'album est horrible. Eh oui, et pas seulement à cause de la qualité du son, de Grim le Terrible ou du peu de profondeur, mais la noirceur est appréciable. Bingo, c'est du Black. Au moins auront-ils respecté cet aspect… Car pour le reste, il ne sert à rien de pleurnicher ou de comparer cette pomme de route au pire Noël de notre existence que nous avons passé comme Rémi sans famille, à boire de la piquette au bord d'un feu de foyer improvisé dans un cendrier, AASKEREIA ne mérite vraiment pas cette attention.

À tel point que je me questionne sur la pertinence de sortir de tels disques dépourvus d'âme, de mélodie, de rage « vraiment » effrayante, de coffre et de sérieux. C'est nous prendre pour des idiots de nous vendre l'idée de la promenade hivernale cauchemardesque en forêt. Après on se demande pourquoi le groupe n'a rien chié depuis 2004… Pas même le moindre EP. Tant mieux.

Bon, je quitte, les flammes se sont éteintes dans mon cendrier…


(*) Expression québécoise signifiant : un nom laid ou impossible à prononcer.