Comme vous vous en doutez probablement tous, ce groupe est un tribute band à Gandhi, toutes les paroles étant tirées de ses écrits. Une poésie rare, des mélodies fines et délicates, une douceur agréable, une légèreté incomparable imprègne cet album, que tout bon hippie se doit d'avoir dans sa discographie.

Bon, ça, c'était la minute calme, culture et raffinement. Parce que dites-vous bien qu'avec DEATHGAZE, c'est pas vraiment le genre de la maison. Au contraire, nos 4 zouaves bridés nous servent un Neo Metal teinté de Death, à base de riffs qui tachent, de growls ravageurs et de headbangs sauvages. Du bourrinisme assumé, donc.

Bon, okay, on tient un album gras et bourrin, mais après ? Eh bien, on tient un album varié. Oui, oui, vous avez bien lu. Un album de Neo, bourrin (pas brutal, bourrin), et varié. Vous ne me croyez pas ? Minute, les preuves arrivent.

En tout premier lieu, nous pouvons saluer les zikos pour avoir voulu faire un album varié et digeste. On évite le blast et les growls du début à la fin, un bon point donc. Et en lieu et place de ces moments de violence occultée, on apporte plusieurs éléments : du chant clair, des touches éléctros, des ambiances, et des soli discrets. Théoriquement, on évite toute redondance, c'est super. Et puis, on peut l'dire, cet album groove. Dans l'ensemble certes, parce que bon, "SxSxDxD", on va pas headbanger dessus, mais dans l'ensemble, ça donne vraiment envie de bouger. Un élément plutôt logique, lorsque l'on sait que DEATHGAZE était (aujourd'hui encore, mais dans une moindre mesure) un petit groupe, plutôt underground, et qui a donc plus à vocation de jouer live qu'enregistrer des CD. Son objectif, c'est d'avoir des compos efficaces qui assurent en live, avec un bon retour du public. Pas d'arnaque, on tient là un groupe honnête envers son (petit) public, et ça fait toujours plaisir.

Alors oui, les mecs sont cools, honnêtes, mais après ? Hum, question piège. Eh bien, c'est là que ça se corse (bien qu'on parle toujours du Japon). Parce que voyez-vous, cette envie de variété n'a pas que des avantages. En effet, à force de vouloir se diversifier, on finit par faire quelque chose qu'on ne maîtrise pas. Bah oui. Du coup, ces petites touches peuvent avoir un effet positif comme négatif. Par exemple, pour ce qui est des incursions en chant clair, le bon ("Proof" ou "Gethsemane") côtoie souvent le bof ("Dies Irae", "Yami Ni Ame Fukaishita Sekai", "Desease"), et parfois le carrément mauvais. Néanmoins, si vous reprochez à DEATHGAZE la qualité de ses vocaux, soyez rassurés : après cet album, c'est Ai, le bassiste, qui s'en chargera, le chanteur s'étant fait la malle. Par contre, j'ai pas dit que c'était mieux qu'avant. C'est juste une question de goût. Moi j'aimais bien Sou, même s'il était assez loin d'être exceptionnel.

De même pour les ambiances : là où "SxSxDxD" et "Grave" sont plutôt réussies, "The Fist." et "Miscarriage" le sont nettement moins, sans être totalement ratées. Et en plus, "SxSxDxD" aurait pu durer un peu moins longtemps, ça n'aurait pas été un crime. Là, ça fait un peu "les mecs, on a trouvé une bonne ambiance, on va la diluer un max pour remplir l'album". Mais je crois que le meilleur exemple de cette volonté bancale de varier l'album, ce sont les soli. Alors là, honnêtement, c'est impressionnant. Entre celui de "Proof" et de "Gethsemane", qui sont forts sympatoches, et joués davantage en finesse qu'en brutalité, et celui de "Dies Irae", qui est limite imbuvable... Allez, si on fait la moyenne, on va dire que les soli méritent… la moyenne, mais pas beaucoup plus. Dites-vous qu'en plus, ce morceau ("Dies Irae") était présenté en single. Bonjour les choix artistiques.

En plus de ce solo bizarroïde, y'a un autre truc assez incompréhensible. Là, je pense au refrain de "Mr. FREAKS"… sans déconner, le mec qui vous dit "Fuck you, kiss my ass" avec un chant grandiloquent bien sérieux, ça ne vous émeut pas vous, une telle poésie ? Bah DEATHGAZE, c'est ça : de très très gros contrastes entre les morceaux dynamiques (voire bourrins) ("Venom", "Genocide And Mass Murder", "the fist.", "killing floor", le morceau avec plein de chiffres), les mid (voire low) tempos peinards ("Grave", "SxSxDxD"), et des machins (voire trucs) en chant clair. Globalement, on s'y retrouve, et c'est sympa d'avoir voulu faire un truc varié, mais je pense que ça serait tout de même encore plus "cool" d'y arriver.

Oh, un dernier mot en passant : le batteur assure un max, jeu rapide, efficace au possible, varié, bon groove, et il évite de trop en faire… il est certain que sa présence est indispensable, et, au vu des nombreux changements de line-up, on ne peut qu'être heureux qu'il soit resté à son poste. Et comme la basse est bien sympa aussi ("Miscarriage" illustre assez bien cet état de fait), on obtient une très bonne base rythmique. Un des facteurs qui fait le groove de cet album, sans aucun doute.

Alors, qu'en conclure ? Eh bien, ce disque n'amène aucune révolution, on se « contente » d'un album efficace, avec sa propre personnalité, que le groupe a bien cherché à apporter plus ou moins adroitement. Néanmoins, on sent pas mal l'influence SLIPKNOT, voire RAMMSTEIN pour les incursions éléctros ("Grave" m'a évoqué RAMMSTEIN à la première écoute, allez savoir pourquoi). Et quoi qu'il en soit, n'oubliez pas : cet album est varié, tout du moins pour du Neo. Pas original, mais varié, ce qui fait qu'on passe un vrai bon moment, et ce d'autant plus en live. On n'y trouve aucune révolution, mais c'est vraiment un album que je réécoute avec plaisir quelquefois par mois, bien que la répétitivité des riffs de guitare ternissent un peu le tableau.


Morceaux qui méritent un coup d'oreille: "Venom", "Genocide And Mass Murder", "Grave", "The Fist.", Mr. FREAKS

Note: vu que ça n'a été pressé qu'à 2000 exemplaires, vous avez peu (voire aucune) de chances de le trouver en CD. Vous pourrez néanmoins facilement trouver ça sur des sites de streaming.