Le début d’automne et sa nature effervescente, ses couleurs chaleureuses qui se font la belle entre deux vents gelés. L’automne des contrastes donne une image riche et élémentaire. La vivacité des couleurs et des lumière si rares pour l’éclairer. On finit par profiter d’un peu de solitude pour glisser, bien au chaud dans nos oreilles, quelques arpèges timides et quelques vapeurs folkloriques. On vacille vers une mélancolie fine, on ne pense plus avec des mots. On préfère être seul ou être avec un proche qui sait se taire. Et tout semble disparaître de nos têtes… on boit une tisane et un whisky et on se couche dans un cocon sonore.

Et chez HEL aussi, tout semble avoir disparu : la violence, la grandeur, la noirceur… et les voix féminines, les orchestrations, les rythmiques chevaleresques. HEL a dénudé ses ambitions, pris tout le monde à contre-courant en annulant sa fougue pour glisser soigneusement vers quelques arpèges épurés. Il ne garde de son précédent essai que cette préférence pour le morceau court, nous privant encore de quelques repères.

Certains penseront certainement que "Tristheim" est une accumulation de breaks acoustiques auxquels il manque toute la partie Metal. Ils n’auraient finalement pas si tort, car, un peu comme le "Kveldssanger" d’ULVER ou les EPs d’AGALLOCH, il manque à cette finesse acoustique un peu plus d’audace, voire d’éminence. Si le modèle est le "Weiland" d’EMPYRIUM, on est tout de même loin de cette force, de cette grandeur. La comparaison n’est pas forcément bonne, "Weiland" veut déjà oser plus, il ne cherche pas à être si transparent que "Tristheim". Alors prenons pour références le petit premier de NEUN WELTEN. La principale différence est peut-être simplement que là où NEUN WELTEN se voyait toujours bouleversant dans l’écriture de ses mélodies, aussi simples et minimalistes soient-elles, HEL n’est pas si juste dans son écriture, bien qu’il ne perde jamais le visage triste de son ambiance. Un piano brumeux sur "Tiefes Wasser" nous évoquera aussi TENHI, et on ne pourra s’empêcher de penser aux formations citées en haut comme principal point de repère pour cet album, où HEL se fait méconnaissable, mais également beau et chaleureux, assez loin des accumulations parfois étranges de "Falland Vorandi". Ou peut-être lui manquerait-il un son plus particulier, ce qui faisait la principale force du très minimaliste CARVED IN STONE, par exemple.

En pleine confusion linguistique, je serais tenter de traduire "Tristheim" par "Royaume de la tristesse". Mais les Allemands ne donneront qu'une définition un poil incomplète de ce néologisme. Entre murmures, guitares éthérées et violon discret, HEL nous livre là une œuvre à vivre aux saisons froides. Touchante, mais qui aurait mérité plus de perfectionnisme.

Une parenthèse intelligente en tout cas… qui peut-être ne sera pas qu’une parenthèse.