Malgré sa virtuosité, HEL est pour le moment passé inaperçu. Ou presque.
Les allemands auront délivré jusque là trois petits albums, deux albums de black viking, et un album acoustique dans la veine du "Weiland" d’EMPYRIUM ou du "Kveldssanger" d’ULVER, marque peut-être d'une orientation définitive vers une musique unicolore.

Il me revient forcément de revenir sur "Falland Vörandi".
Un album où HEL prend des allures sacré, il s’élève, il s’élève... Une voix black lourdement terrestre donne le relais au chant aérien de Andreas Walthe. "Falland Vörandi" prend la forme des monts enneigés, il laisse partout les marques d’un BATHORY plus étoffé, et d’un EINHERJER moins rugueux. Ses échos résonnent dans un Valhalla aux allures début 90’s, aux parures encore assez sombres. HEL s’évade plus haut dans un Asgard luxueux, idéal. Et la froideur de la déesse de la mort réside dans un Midgard qui ne respire pas la maladie, mais plutôt l'héroïsme dans toute ses fiertés et ses débauches.

Un album qui parcoure tellement de sonorités diverses qu’il serait plus aisé d’en écouter des extraits plutôt que d’en faire ici la liste. Les variations en tout cas ne nous laissent pas le temps de nous endormir, ni même, et c’est là le souci, de complètement nous absorber. Car après un début véritablement abrasif, suant de résonances épiques à la fois old school et abreuvés de passages folk et atmosphériques d’une rigueur exemplaire, HEL s’étale sur des pistes de moins de 3 minutes qui nous laissent parfois à part. Pourtant ses idées foisonnent, il y a toujours cette authenticité fébrile, cette perfection dans le plus intime des folks et dans le plus épique des metal. Mais elles ne nous atteignent plus pleinement. Dans cette mosaïque de froideur, de beauté martiale, de mélancolie religieuse, on se sent frustré, on voudrait aller plus loin.

Certains me diront que ce n’est là que l’équivalent inversé d’un MOONSORROW, que ces pièces, mises bout à bout, peuvent former un long morceau d’une intensité inégalable. Et ceux là n’auront pas torts non plus !

Mais pour moi, il suffit d’entendre un "Dämmerug" blindé de mélodies voyageuses, d’ambiances épiques rock’n’roll, froides … Il suffit d’écouter ce seul morceau, exception de 6 minutes qui confirme la règle, pour se convaincre que HEL aurait gagné à avoir une approche plus « standard » de son concept, moins diffus, ou au contraire, il aurait dû être plus répétitif, nous laisser pénétrer de manière plus progressive dans ses mélodies et ses ambiances (une peu à la manière de l’actuel SIG :AR :TYR). Difficile cependant, lorsqu’on en arrive au dernier morceau, "Abschied" aux arrangements folks et classiques d’une mélancolie, de garder dans la tête que cet album n’est que seulement bon. Trouvez-moi plus de 5 instrumentaux plus intéressants que ça dans un album de Viking Metal et je me fais définitivement moine néo-païen.

Non, c'est excellent malgré tout.

"Falland Vorandi" demeure un album d’anthologie, car il est à mes oreilles l’un des albums de viking metal le plus frustrant de tous les temps, et au final également l'un des plus recherchés. Une sorte de boule de cristal qui regorge d’éléments émanant des fondements du black metal, du viking metal et du folk même. Il raconte à lui tout seul plus qu’une histoire-concept en allemand dont personne ne bitera un mot en France, si bien que s’il était sorti au début des années 90, l’on n’aurait pu que crier au génie. Il aurait été difficile pour quiconque de passer après lui !