Ça démarre à la OPETH pour bien vite trouver son univers personnel dès la première transition planante et libératrice du riff de départ qui lui, vous l’avez compris d’emblée, était lourd et suffocant.

La voix touche au Death et au Doom lorsqu’elle se veut puissante; tandis que sa tonalité s’épanouit dès qu’elle passe en mode clair. C’est alors une force mélancolique - quasi dépressive - qui va nous envahir jusqu’au passage énergique suivant. Le meilleur exemple ? Vous le trouverez à 7 minutes et 34 secondes du véritable premier morceau de l’album qu’est "Where dead kings lie". Véritable, car nous pouvons tout de suite zapper ce "Prologue" inutile représenté par deux coups de stick (baguettes du batteur) suivit de 2 ou 3 coups de tome lent ET RIEN D’AUTRE (!) durant pratiquement une minute… s’inspirant même, aux dires de nos corbeaux funèbres, de « Conan le Barbare ». Hé bien oui, je vais vous le faire: attention, tous en chœurs: « C’est barbant » !!! Idem pour l’"Epilogue" qui en est un copié-collé, navrant.

Sinon, pour le reste, c’est bien meilleur et nous retrouvons de-ci, de-là, l’environnement d’un certain MORGION hélas défunt. Il est vrai que la section rythmique basse-batterie provient de ce cher disparu en renaissant d’une bien belle manière, ma foi, sans pour autant plagier.

"Hyborea" est de tendance « doomesque » de par ses longues envolées tristes, prenant le temps d’installer une ambiance dépressive ou introspective, c’est selon. Nous découvrons alors des rythmiques passablement pachydermiques qui plantent admirablement le décor tel que le début de "To reach emptiness". La suite l’est beaucoup moins (lente et lourde, veux-je dire). S’ensuit donc une rythmique énergique proche du Death qui nous oblige à suivre KEEN OF THE CROW dans ses divagations artistiques. Puis c’est de nouveau un changement lorgnant cette fois-ci vers le Dark. Bref, cet album assume divers courants du Metal pour se les accaparer dans un premier temps, pour ensuite les ingurgiter, puis enfin les recracher à leur sauce personnelle… et ça fonctionne !

Difficile également de rentrer directement dans cet univers tellement les breaks innombrables envahissent l’album. Certaines transitions sont abruptes (entendez par là stoppées net) mais jamais elles n’agressent l’audition. Disons que nous passons souvent d’une humeur à l’autre, ce qui est déconcertant mais aussi, cela montre un panel riche en émotions. En revanche, n’espérez pas entendre un seul solo de la part de KEEN OF THE CROW. L’atmosphère prédomine l’ensemble et franchement, nous pouvons nous en passer sur ce genre d’exercice musical, m’est avis…

Car si les structures sont complexes, les riffs « guitaristiques » sont simples mais surtout efficaces. Point n’en faut ! L’intérêt est avant tout de se laisser bercer par les mélodies qui nous touchent. Peu importe la technique (quoique, soit dit en passant, ces musiciens savent astiquer leur manche respectif d’une bien belle dextérité !), le but est atteint, pour peu que nous voulions bien accepter de rentrer dans le monde d’un groupe qui a su d’emblée montrer une personnalité attrayante. A suivre donc…