Il faut parfois éviter de se gaver de tous les plats afin de mieux en apprécier certains. Métaphore de merde qui ne veut rien dire puisque si on commande un bon gros menu dégustation avec, au hasard, un service de 6 plats, on ne va pas faire la fine bouche et se contenter, encore au hasard, du premier et du dernier. C'est juste parfaitement con. Bref tout ça pour dire, et putain que c'est mal dit, que TROUBLE, c'est bien quand on écoute "Psalm 9" et "Plastic Green Head" (je vous l'avais dit, elle sent la viande morte, mon analogie minable). Voilà, "Plastic Green Head", 6e album d'un combo qui aura bien évolué dans le temps, un disque qui s'apprécie de jolie manière lorsqu'on le rapproche de "Psalm 9" (promis, je vais m'en sortir), un premier album qui n'a pas grand-chose à voir avec ce 6e album qui est vachement différent (je pédale dur, je touche terre d'ici peu). Ce 6e album est bien le dernier avant la sempiternelle reformation donc voilà… oui bon, drapeau blanc, carton rouge, je me décrotte et je reviens.

"Plastic Green Head", un sacré saut dans le temps et dans le style pour l'un des grands orthodoxes du Doom traditionnel. Un saut préparé depuis longtemps, TROUBLE ne s'est pas lancé dans le vide sans savoir où il mettait les pieds (contrairement à moi). "Manic Frustration" et son titre clin d'œil gros comme une baraque à frites avait pavé une voie parcourue sans embûches jusqu'à cet essai à l'étiquette complexe, Heavy Rock psychédélique à tendance sombre. Un essai qui n'aura intéressé personne à sa sortie, le gros des troupes Metal attendant impatiemment que METALLICA leur donne signe de vie et de musique, les autres continuant à se repaître d'un Grunge toujours fécond.

De Grunge il est d'ailleurs question sur "Plastic Green Head". Foncièrement Rock dans son groove, grisouille dans l'esprit et pionnier d'un Stoner qui cache encore son nom, le mélange prend plutôt pas mal et les quelques touches de vrai Heavy ajoutées à la sauce en font un bon condiment façon ALICE IN CHAINS. "Opium-Eater" en est la parfaite illustration, Eric Wagner toujours fidèle au poste se permettant de lorgner du côté de la texture vocale de Layne Staley, il faut vivre avec son époque. Mais tout ne sent pas l'air du temps chez le TROUBLE millésime 1995. Un premier titre qu'aurait pu composer le WINGER le plus tardif, les couilles en plus, un deuxième qui conserve quelque épice Heavy Doom…

La suite navigue avec un gros esprit psyché seventies sans qu'on puisse jamais crier au n'importe quoi. De toute façon, il ne s'agit là que du respect des secrets de fabrication du plus ouvert des menhirs orthodoxes. L'analogie avec le séminal "Psalm 9" sent l'évidence, une savante ratatouille et du caractère à revendre.

En sautant d'un coup d'un seul 11 années d'existence, TROUBLE parvient à nous ravir, l'effet lassitude est superbement évité et nous ne perdons pas notre temps avec une discographie peut-être trop foisonnante, en tout cas inégale ("The Skull" méritant à lui seul une bonne palette de tomates de Marmande, juteuses donc). Et que ceux qui ont déjà goûté aux autres réalisations des Chicagoans me pardonnent, ils apprécieront de toute façon également cette dernière livraison.

"Plastic Green Head", un album sans prise de tête équipé de deux reprises bonus pour le même prix. En somme, un bon plan pour les vacances.