Le Death technique lourdingue est en train de devenir un des styles les plus prolifiques et courus de la deuxième moitié des années 2000. Une multitude de groupes commence à naître aux quatre coins du globe en repoussant les limites de la composition extrême et « compliquée » à tendance mélodique. AUGURY, ULCERATE, OBSCURA, et maintenant CENTAURUS-A (comme la galaxie), ont déjà tourné sur ma platine cette année. Un autre combo qui a passé chez Jacob Hansen, le studio de l'heure pour les Death métalleux les plus vitaminés de la planète.

Le point commun à tous les brûlots de cette race de Death métalleux propres ayant contracté la rage au sein, est cette ambiance d'apocalypse qui plane partout. Les Allemands jouent évidemment une musique très technique et hargneuse que l'on pourrait qualifier de « Deathcore thrashisé » au premier abord. Mais CENTAURUS-A lorgne surtout du côté Death technique aux relents thrash. Il faut bien sombrer pour apprécier une telle vague de breaks et de lames coupantes, vous le savez maintenant. Il faut se glisser dans la peau d'un condamné, coupable ou non, et se faire transpercer de centaines de pointes de javelots empoisonnées par la merde des industries meurtrières dépeintes sur la pochette de ce "Side Effects Expected".

Ces effets secondaires n'attendant qu'à nous exploser en pleine figure pimentent les neuf compos et la courte instrumentale ("The Ease") tatouées par les Allemands sur la ligne initiale de leur curriculum. Qu'ils nous assomment de leurs textes traitant de drogue, de violence civile, d'autodestruction et bien entendu de résistance face aux merdes qu'on nous sert à bouffer dans les médias, les cinq gaillards font réfléchir avec des paroles directes et vraies.

250 million people
And every third is armed
Ain't that really scary
Just imagine all the harm
Now don't tell me you're fucking charmed

Ces messages tombent sur nos têtes comme des bombes à neutron, gracieuseté de grattes véloces et mélodieuses ("Narcotic", "Dripping Red Canvas"), quand elles ne sont pas trempées dans la boue méthodique, une batterie sonnant comme une tonne de briques ("Praying Mantis"), une basse vibrante se laissant aller au jeu de l'expérimentation de temps en temps. Sans oublier le chant maugréant de Maik Matanovic, qui s'écoute tout seul dans cette tornade. Elle est particulièrement singulière sur "Drop Off" et ses descentes du coude.

Si sa musique fait mouche, CENTAURUS-A l'a peut-être sortie à un mauvais moment, car les initiés s'écrieront « pas encore un skeud de Death technique, bordel !? ». C'est vrai, le marché est saturé de ce type de manifestation brutale en costard. Les bleus adoreront par contre s'ils n'ont pas encore tété de cette bouteille d'eau-de-mort nullement dosée. Ils se régaleront comme des fous.

Il faut toutefois le reconnaître, les Allemands ont un sacré talent de pyromane et sont aussi brillants que la galaxie qu'ils prétendent représenter. Leur lance-flamme est braqué droit sur nous et tout ce qu'on a pour se protéger est notre ego. Qui va gagner ? Moi je ne jouerais pas aux cow-boys héroïques et me tremperais le bout du pavillon dans cette sauce extra forte. Même si la formule risque de saouler plus rapidement que prévu…

Top: "Praying Mantis", "Narcotic", "Drop Off", "Dripping Red Canvas",

Note : 3,5/5.