« Le trône rouge sang ». Facile d'être attiré par ce nom. "Souls Of Damnation". Encore mieux. Et avec une telle pochette, c'est gagné d'avance, non ? Je ne sais pour vous, mais un pasteur squelettique entouré de fidèles momifiés, ça me fait rire. Ça fait trop Death, trop « pas de classe », trop « j'enfonce mon poing dans la gueule du conformisme et je fume l'opium du peuple ».

BLOOD RED THRONE nous provient de Norvège, comme vous le savez sans doute, contrée surtout reconnue pour ses brûleurs d'église et ses sosies poilus maquillés en noir et blanc. Sauf que ce petit pays de 4,7 millions d'habitants est également une manne formidable dans le Death bien gras. Un Death sans concession, sérieux, pas trop mélodique, pas trop coloré, mais qui lacère avec précision.

BRT est de cette race, mais il faut faire gaffe, car les nordiques sont de savants expérimentateurs. Leur jeu est vachement dense et est ponctué de petites surprises, dont des variations constantes de tempo aux fûts et des sursauts nerveux de basse rendant le tout légèrement plus « coquet » côté technique. Mais pas assez pour les étiqueter "Brutal Technique". S'ils ne pas si « brutaux », les Norvégiens sont quand même de sacrés défonceurs. Avec leur feuille de route personnelle et commune poinçonnée de plusieurs méchants styles métalliques, impossible de s'attendre à autre chose que du bourrin plombé de froideur. Du solide, de la vibe, du tabassage, des growls de bête mal léchée, BLOOD RED THRONE déchire sur ce cinquième album.

Au-delà de sa férocité primitive méthodique (antithèse complémentaire dira-t-on), le groupe est à son meilleur quand il arrive à extirper une ligne mélodique de ses tempêtes, un riff assassin auquel on s'identifie immédiatement et qui rend les cellules accrocs. C'est le cas de la pièce d'ouverture, lourde et groovy à mort, engraissée par la basse immense d'Erlend Caspersen, mon zico préféré sur la galette ; il rocke le mec, un peu devant le toujours aussi brillant Tchort à la gratte principale. Ce dernier assure grave sur "Harme" et "Prove Yourself Dead", dont les riffs créent automatiquement un moshpit dans vos oreilles ébahies. Merde que ces morceaux doivent être efficaces en concert ! On ne s'en lasse pas et ils valent à eux seuls l'écoute du skeud. Les moments de faiblesse à l'empreinte quelconque tels que "Throne Of Damnation" ou "Not Turgenjev But Close" sont des excellents en-cas avant ces assauts.

Or, le danger avec les albums d'où se détachent clairement certaines plages est cette hétérogénéité tant crainte par les amateurs. Les albums pop souffrent souvent de cette tare et on ne souhaite même pas cela aux métalleux qu'on déteste le plus ! "Souls Of Damnation" est malheureusement atteint de ce syndrome de l'album « en bungee » qui, d'habitude, n'arrive pas à coller plus que trois étoiles sur ses épaulettes de vaillant soldat. Certes, toutes les balles de magnum de ce cinquième opus des Norvégiens sont fatales, mais même le condamné mérite plus de profondeur, ne serait-ce qu'un dernier repas et/ou un disque délicieux de l'entrée au dessert. "Souls Of Damnation" n'est pas cet album, malgré, encore une fois, un brio de la part du quintette, notamment du côté des soli et des ambiances austères et grises. Ne vous méprenez pas, BLOOD RED THRONE est un combo capable de foutre le bordel dans n'importe quel party… et pas de la mauvaise manière.

Pour les aficionados de Death, je vous conseille de vous procurer la version spéciale contenant deux titres bonus, dont une reprise de "Affiliated With The Suffering", enregistrée sur l'album du même nom en 2003. Enfin, les collectionneurs d'anecdotes seront surpris (ou pas) de savoir que "Souls Of Damnation" était le titre d'une chanson de leur premier album, "Monument Of Death", sorti en 2001… Comme quoi la boucle peut parfois être bouclée !

Note : 3/5, pointant vers le haut…

Top : "The Light The Hate", "Harme", "Prove Yourself Dead", "Affiliated With The Suffering"