*Recette du jour*

Ingrédients : quintette – bâtons rouges ou C4 – allumettes – souffle nucléaire.

Marche à suivre : allumez bâtons rouges ou C4 avec souffle nucléaire du quintette.

BANG ! Donne un million de portions, servir avec lambeaux de chair et os éclatés.

J’ai jamais été très très doué pour la cuisine, plutôt pour la déglutition. Mon estomac crie constamment famine malgré l’opulence sociale m’entourant, alors ma nourriture ponctuelle est ce que le Metal moderne peut offrir de mieux dans son évolution et fusion des genres. Ça adonne vachement bien, car la France vient d’accoucher d’un autre combo de qualité : DARKNESS DYNAMITE.

Sa petite histoire débute en 2007 : deux E.P. de solide Core ("Darkness Dynamite" et "Through The Ashes Of Wolves") sont tombés dans l’œil de Metal Blade et deux ans plus tard, "The Astonishing Fury Of Mankind" détonne dans les bacs. Fermez la parenthèse.

DARKNESS DYNAMITE a un côté mature, adulte, incrusté dans son Metalcore. Style le plus souvent snobé par l’intelligentsia métallique pour sa facture adolescente incapable de se brancher sur une orientation claire, dévergondée, à la limite du Punk. Or, à travers ce raz-de-marée de bûchage obligé, se cache une volonté d’aller au-delà des clichés. Le bétonné solo sur "$15", l’intermède "A Simple Taste Of..." et la « touchante » instrumentale "The Everlasting Grace Of Mind", tendent à démontrer que les Français ne sont pas des gamins engraissés aux jus radioactifs. On tient une soue où les cochons ne font pas que se rouler dans la boue ; ils se nettoient une fois de temps à autres. DD est ainsi une curiosité devant laquelle le visiteur s’arrêtera plusieurs fois avant de remarquer et graver toutes les subtilités dans son disque dur interne.

Bon, les signes précurseurs sont disséminés partout et l’amateur averti remarquera que les Français lorgnent un peu du côté de leurs frères de GOJIRA, sans le vouloir sûrement, sur "Immersion Inner Nation" ou "Dare I Say" avec ce superbe reverb, ces percussions vivantes et ces breaks constants. Ça groove grave et ça rue brut. La voix amplifiée de Junior Rodriguez fera aussi penser à celle de Jo Duplantier de par sa puissance et son envahissement. Mais les principales influences découlent plutôt du Metal des années 80, comme le précise le groupe sur son Myspace.

DARKNESS DYNAMITE contrôle donc la rose des vents et s’oriente au gré de la température : après avoir chargé ses nuages avec le duo catchy de départ ("Supernatural" , "Hell Eve Hate"), il sait être planant (les passages aériens empreints d’une colère toute maîtrisée de "Chasing Inside", "By My Own" et la tempête finale "The Astonishing Fury Of Mankind"), alors que ses déboulades de mauvais garçon ("Hell Eve Hate" et l’excellentissime déjà citée "Immersion Inner Nation") évitent de trop disperser les nimbus et de garder les moutons noirs à la ferme. Mais attention, les bêtes sont grassement nourries et peuvent courir à satiété.

DARKNESS DYNAMITE m’a fait redécouvrir, avec son premier opus, un Metalcore que je croyais voué à l’échec dès l’incubation. Le temps et les formations de sa trempe apposent un baume sur cette plaie. L’hétéroclite listing de "The Astonishing Fury Of Mankind" donne l’effet d’une balle de ping-pong rebondissant sur les cellules grises : ses instruments ensanglantés et sa sympathique gueule de rebelle mélodique le rendent tout simplement incontournable.

Fans de Metalcore, surveillez la Dynamite des Ténèbres : le compte à rebours est commencé, mais sa mèche est longue, alors elle n’explosera pas avant que vous ayez pu largement profiter de ses étincelles ! (À croire que je suis meilleur en prose qu’en cuisine !)

3,5 / 5