En attendant l’été, replongeons-nous en arrière vers un album passé quasi inaperçu mais dont le feeling musical était potentiellement prêt à exploser.
Nous sommes dans le doom atmosphérique avec pas mal de variations de tempos et clairsemé de petits riffs frôlant le thrash mais très discrets. Un trio vocal (résonance d’outre-tombe, chant clair et voix féminine) se découvre d’un des plus bels effets dans le genre. Le tout est accompagné d’un violon chagrin de circonstance saupoudré avec parcimonie. Très fin, très raffiné avec cependant des erreurs de jeunesse …

« Acme » est assez anecdotique … néanmoins intense et bourré d’idées. Cet opus est un des petits joyaux qui faisaient croire déjà à l’explosion mondiale d’un phénomène metal nommé doom atmosphérique. Ce phénomène a bien eu lieu et continue de se renouveler mais hélas, sans SIRRAH. Ici, privilèges accordés aux ambiances et changements de tempo, ma foi, assez bien ficelés.

Si l’album était frais et plaisant, il y avait cependant des morceaux qui manquaient de finition : une fin qui diminue lentement alors que le morceau appelle à de nombreux soubresauts musicaux. Un peu comme si, ils avaient enregistré tout ce qu’ils avaient écrit, y compris les titres non-aboutis, et cela devait tout de même figurer sur le CD !!! Pourtant, "Acme" était tellement innovant (à tout le moins du point de vue auditif. Celui-ci était différent de ce que l’on entendait à c’temps-là).

Émotions et voyages durant un peu moins de 45 minutes nous bercent l’âme avec une drôle de sensation qui nous fait hésiter entre haine et mélancolie. Des transitions assez surprenantes, dis-je, et donc les bienvenues : par exemple sur le titre "Iridium" : bruitage en entrée suivi de riffs lourds enlacés par quelques envolées de tristesse pour finir dans un désarroi qui, allez savoir pourquoi, n’aboutit pas !
Ici, les musiciens prennent le temps d’installer une atmosphère avant de la combiner (de l’harmoniser) avec un nouveau passage … du moins c’est l’idée de ce que l’on pourrait se faire d’un gars qui fait découvrir sa chanson aux autres membres du groupe … mais après, faut peaufiner un tantinet mes enfants, m’enfin !!!

Il y avait un je-ne-sais-quoi d’envoûtant, de passionné et de mélancolique … quelque chose qui nous prenait aux tripes tant les mélodies regorgeaient d’idées et de sonorités intéressantes. Décalage entre musique et placement des voix le plus souvent. "Panacea" est un fabuleux interlude divertissant (sorte d’auto-parodie du metal ?) mais de nouveau, finissant en queue de boudin par des applaudissements ! Vous allez m’dire que ça tombe bien pour un interlude, mwouais …

A ma connaissance, SIRRAH n’a sorti que deux galettes dont la seconde avait perdu de son identification personnelle en gagnant un meilleur son. Pensez-vous que nous y avions gagné au change ? Définitivement : non !

Adorant cet album, il y a qu’un regret : c’est qu’ils n’ont pas poursuivi … dans cette voie. Alors, réjouissons-nous tout de même, il nous reste cette emprunte qui nous donnera un des plus beaux souvenirs anecdotiques metal de doom atmosphérique qui soit.

Mention particulière au morceau finissant la galette « In the final moment » : le plus court de l’album et cependant le plus réussi à mes yeux.

Si vous tombez un jour (ou une nuit, hein !) dessus par hasard - la pochette étant rouge bordeaux avec une femme agenouillée et nue prenant la pause de martyr sur fond de flou artistique (espèce de chambre vide remplie de poussières et … étrangement, une fenêtre ouverte !?!) - essayez de prêter une oreille avertie et ainsi, vous m’en direz des nouvelles …