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BLACK ATMOSPHÉRIQUE  |  STUDIO

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2009 White Tomb
2011 Mammal
 

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ALTAR OF PLAGUES - White Tomb (2009)
Par MEFISTO le 22 Mai 2009          Consultée 4761 fois

« La Terre comme un utérus »

La vie commence par un spermatozoïde téméraire et dégourdi qui réussit à séduire un ovule farouche. La vie grandit et tombe dans l’utérus, organe de la gestation dans lequel se développe l'œuf fécondé. Fragilité de l’âme pas encore née, angoisse de la future maman espérant que son petit sera pleinement constitué, la peau rose de bonheur.

Et si la Terre était un utérus ? Qu’y retrouverait-on ? Des embryons pétant de santé, des promesses d’un avenir éclatant ? ALTAR OF PLAGUES est pessimiste et ne croit pas accoucher de quadruplés ; si un seul peut s’extirper du ventre énorme aux lézardes polluées qui le retient prisonnier, alléluia ce sera. L’utérus de cette mère-porteuse est secoué de spasmes constants, entrecoupés de longs répits où le petit diablotin s’endort. Avant de se réveiller, affamé, et de recommencer ses complaintes, ses hurlements utérins, sa salve de poings menus sur les parois intérieures de son cocon. Sa maman, la planète, se promet d’ailleurs de lui reprocher ce comportement dès qu’il sera en âge de comprendre. Elle le sermonnera : « Tu sais, j’aurais aimé que tu te branches entre les interludes et la débandade de coups de pied, au moins j’aurais été fixée ! Mais là, tu me gardais sur le qui-vive constamment, je ne m’endormais que d’un œil quand tu rechargeais tes batteries afin de me blesser de nouveau avec fureur à ton réveil. » L’enfant comprendra et dira : « Mea culpa, mama, j’ai été le premier après tout. »

« La Terre comme une fournaise »

Une chaleur ardente vient s’écraser sur les épaules du travailleur épuisé. Ses bottes et sa boîte à lunch quittent le quartier général pour se diriger vers l’auto. La semelle droite enfonce l’accélérateur, s’amuse quelques kilomètres et freine brusquement. Trafic. Routine. Chaleur. Sueur. Abrutissement. Temps perdu. Réchauffement climatique relatif. Riff de douleur dans le bas des reins, ça ira mieux demain. Soudain, les voitures avancent, se tassent, s’évanouissent dans l’air salin pour ouvrir un chemin. La semelle droite appuie de nouveau sur le champignon. Hâte, écœurement, société de performance, en dedans et en dehors. Soleil de plomb, cœur oblong.

La Terre est une fournaise dont la température est aléatoire entre le brûlant et le torride. Parlez-en à ces travailleurs du bitume, qui retournent chez eux, sales comme des gamins, blasés et bourrus. ALTAR OF PLAGUES est optimiste et pense être en mesure de refroidir les ardeurs du conducteur, avec ses passages atmosphériques, son talent de parachutiste aux prouesses aériennes, ses mélodies aplanies par l’irritation de ses mots. Son imagination enflammée s’envole dès que le trafic décoince et que la bagnole peut rouler vers la liberté, rutilante d’espoir. Pas même le brasier le plus cruel ne pourrait l’en empêcher. Il ne sera pas une victime, ces rayons incandescents ne le renverront pas d’où il vient, il ne se métamorphosera pas en une tombe blanche. À d’autres. Et il roule, roule, déchirant l’horizon...

« Tout s’effondre : les observateurs sont menottés »

L’humain naît pour être libre et grandir dans la volupté, l’éducation et la curiosité étant sa nourriture. Or, ALTAR OF PLAGUES tente de le décourager avec sa trame inquiétante, sa paranoïa psychédélique : « ils » nous surveillent, nous, les observateurs. Notre autonomie de mouvement et de raisonnement est restreinte. La folie gagne son porteur, les barreaux de la prison anatomique se dressent, traversent le cerveau et s’enracinent dans le cortex de l’animal modernisé, informatisé. L’apocalypse égoïste qui se multiplie. Vision noire d’un orage qui n’épargnera personne. Vision inouïe inassouvie.

« Tout s’effondre : la vérité absolue »

Les gratte-ciels se sont effondrés de leur belle mort. Le sol les a rappelés à lui. L’utérus a éclaté, le travailleur n’en peut plus, la stratosphère non plus. Les eaux se sont évaporées pour ne plus jamais mouiller. Le désert a asséché les derniers soubresauts d’une humanité viable et économiquement insatiable. ALTAR OF PLAGUES a repris ses grandiloquents airs et construit les tombes blanches. La vérité absolue est celle qui, à la fin, nous éclaire dans la pénombre la plus dure. Si les yeux ne fixent qu’un pylône dans le soleil couchant, c’est que la blancheur d’une paix tant méritée a foutu le camp au profit d’une infinie tristesse. L’effondrement est total. La ville a perdu, la campagne la suivra-t-elle ?

ALTAR OF PLAGUES gage le contraire, malgré qu’il ne reste que des pupilles dilatées de larmes engraissant des plantations rabougries, que le vent qui fait écho aux vaines prières des hommes agonisant de honte. Assis sur le gazon du Burren, en Irlande, les trois fils de cette île espèrent que leurs majestueux paysages sauront traverser les affres du temps et verront d’autres utérus cracher leur nectar, d’autres travailleurs repartir à la maison sous un soleil de plomb.

L’orage se lève sur la plaine. La foudre vient de tomber sur un pylône et a privé des milliers d’abonnés d’électricité. Miracle. Les poignets libérés des menottes, l’humain rebâtit sa Terre… craquée par ses idioties.

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