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RAP METAL  |  STUDIO

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- Style : Molotov

URBAN DANCE SQUAD - Persona Non Grata (1994)
Par KARL VON KARL le 19 Juin 2009          Consultée 5636 fois

On pourrait gloser pendant des éternités entières sur le talent insolent des URBAN DANCE SQUAD. Si nos Hollandais ont connu un succès immédiat avec leur premier effort « Mental Floss For The Globe »(1989), puis le second « Life N’ Perspectives Of A Genuine Crossover »(1991), en réinventant simplement le terme « Fusion », ce n’est malheureusement pas eux qui ont gravé ce disque : « RAGE AGAINST THE MACHINE »(1992). Eh oui, bien que les SQUAD se caractérisaient par des albums éclectiques de haute tenue et par des prestations scéniques explosives, ces derniers n’avaient jamais immortalisé sur disque toute la puissance déployée pendant leurs shows. Tant pis ou tant mieux, l’histoire ne nous le dira jamais. Toujours est-il qu’en cette année 1994, UDS souhaite fermement rafraîchir la mémoire du public.

Alors cette fois, exit les samples et DJ DNA va voir si l’herbe est plus verte ailleurs. En fait il subsiste quelques petits bidouillages sonores, mais leur contribution est infime. Et puis, le grand changement réside dans cette transformation de la production. Fini cet habillage minimaliste qui collait pourtant comme un gant aux anciennes compositions. Maintenant URBAN revêt une chape de bitume, de celui des quartiers pauvres de LOS ANGELES, à l’image de la pochette qui plante le décor avec justesse. Si le gang perd en originalité, si la musique oublie le métissage passé, elle gagne en efficacité et en impact. Enfin le combo propose sur ce « Persona Non Grata » le son qu’il entretient en concert depuis longtemps. À savoir la facette la plus métallique de sa musique colorée et instinctive. Une réussite organique à la clarté exceptionnelle.

Si le musculeux RUDEBOY est pote avec le non moins costaud HENRY ROLLINS (ROLLINS BAND)et le bondissant MIKE MUIR (SUICIDAL TENDENCIES), ce n’est pas pour parler tricot. Ah ça non, fuck you man !! Difficile de rentrer dans ce club de Gym très sélect.

- Eh toi p’tit gringalet ! qu’est-c’que tu fais là ?
Tu t’es perdu ?
- Heueu… j’aimerais faire de la muscu m’sieur,
j’veux être comme vous m’sieur.
- Je crois que ça va être très difficile, en plus t’as même pas de tatouages… vas d’abord te faire tatouer les bras. T’as vu les miens ?
- Vouah p’tain !! Je croyais que c’était vos cuisses m’sieur ! Et c’est quoi ces deux serpents trop mortels !?
- C’est des dragons entrelacés qui bouffent le cul d’une pute de SOUTH CENTRAL.
- J’hallucine, j’veux les mêmes ! Et c’est quoi ces cicatrices ?
- C’est le gang des BODY COUNT à Westwood, j’ai pris deux bastos dans l’épaule droite. Même pas mort.
- Moi un jour j’me suis brûlé avec le pyrograveur de ma tante. Fait mal, alors j’imagine vous m’sieur !

Vous voyez le tableau ?
L’homme possède le punch des meilleurs boxeurs et une énergie communicative phénoménale. Il partage avec ces figures emblématiques la même gouaille, le même don d’orateur et un charisme naturel exacerbé. Et que dire de son Flow absolument magistral, précis , plein de feeling contrastant de manière spectaculaire avec la hargne développée par les guitares. Il faut dire que le très inspiré TRES MANOS n’a jamais été aussi bien mis en valeur et cela s’entend. La basse de SIL claque comme un string sur une croupe incendiaire et le batteur MAGIC STICK applique une dynamique hors du commun. Encore une fois, le groupe a peaufiné ses mélodies et les riffs d’acier trempé tombent comme autant de couperets acérés.

Je pourrais vous dire que j’ai usé ce « Persona Non Grata » jusqu'à la moelle, cela n’aurait pas grand intérêt et surtout cela ne changerait pas mon opinion à son sujet aujourd’hui.
« Demagogue » est toujours ce hit aussi entraînant et groovy, avec son solo grinçant, Rudeboy plaquant consciencieusement son rap à la perfection. Je défie quiconque de ne pas remuer son petit cul à cet instant. A peine plus jouissif, « Good Grief » déboule avec ses riffs incisifs, son break imparable et son refrain scandé à hurler de plaisir. Il fait chaud, très chaud même… et « No Honestly » fait encore un peu plus monter la sauce. Un morceau lourd et graisseux au refrain quasi parfait :« Stupid !! ». Je monte le volume de deux crans.
« Alienated » est plus atmosphérique et mélancolique avec ses superbes guitares aériennes, quelle mélodie bon sang ! « How I Can Lose My Cool ‘N Snipe Like Wesley », t’as bien raison Rudeboy comme Wesley Snipes dans « Passager 57 » PAN dans la tronche !!
« Candy Strip Exp » alterne les riffs heavy et saccadés avec des couplets funky, une bombe. Soudain, une coulée de plomb tombe dans les enceintes. « Selfsufficient Snake » qui ouvrait les concerts lâche une tonne de goudrons sur notre nuque déjà fortement éprouvée. Une danse sombre, rampante, intuitive.

Mais tout n’est pas doré en ce bas monde et l’on attaque ici le ventre mou de la bête. En effet, nous passerons sur le trio des légers « Some Chitchat » et « Selfstyled » ou le sympathique « Burnt Up Cigarette » qui tiennent difficilement la comparaison avec les missiles précédents.

Rien de grave toutefois car les affaires reprennent grâce au décapant « Mugshot » et ses riffs pachydermiques accompagnés d’un refrain taillé pour la scène. L’enjoué et farfelu « Hangout » est une bouffée d’oxygène avant un « Downer » de plus de dix minutes au compteur. Un titre plutôt étrange, hypnotique, dépressif et courageux, bien qu’assez éloigné de l’immédiateté à laquelle le combo nous avait habitué. Une réflexion désabusée et dérangeante sur un thème répété inlassablement, un chant plaintif, des extraits radiophoniques, des soli acides et couinants. Un hurlement et la guitare agonisante reprend son souffle, pose un genou à terre puis poursuit son périple avant de disparaître définitivement. Une jam Doom Rap Metal en quelque sorte.

Décidément ils ne font rien comme les autres ces gens.
Cet album ne fait que confirmer l’intelligence de URBAN DANCE SQUAD, sans pour autant impressionner outre mesure les amateurs des importantes premières œuvres.
Mais comment ne pas reconnaître la jouissance procurée à l’écoute de cette galette inoxydable, qui tournera encore longtemps sur les platines des auditeurs avertis.

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   (2 chroniques)



- Rudeboy (chant)
- Magic Stick (batterie)
- Sil (basse)
- Tres Manos (guitare)


1. Demagogue
2. Good Grief
3. No Honestly
4. Alienated
5. Candy Strip Exp
6. Selfsufficient Snake
7. (some) Chitchat
8. Burnt Up Cigarette
9. Selfstyled
10. Mugshot
11. Hangout
12. Downer



             



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