Amateurs des travaux fécondés par les Black Legions ou du « Transilvanian Hunger » de mes amis DARKTHRONE, ce « Womb of Pestilence », second méfait des Finlandais de WARLOGHE après un premier bébé nommé « The First Possession », vous est destiné. Un peu plus déprimé mais plus inspiré que le premier longue durée, qui était lui plus haineux et bestial, WARLOGHE fabrique ici un disque des plus blasphématoires qui soient, devenu une référence depuis. Plus encore que le premier, et cela bien que la production soit un chouia plus audible, « Womb of Pestilence » est un instrument de torture pour les oreilles qui se révéleront les moins aguerries à l'exercice et un régal pour les durs à cuir.

Car la rondelle est une véritable agression pour les esprits, les âmes et les oreilles, un concentré pur jus avec pulpe de haine des plus viscérales. Déjà, le premier titre reste en tête avec insistance et le second groove bien : un bien meileur feeling ressort de cette galette. La troisième piste, lourde et profondément morbide, achève bien le moral comme rarement un titre de Black Metal me l'a plombé. A son image, une ambiance totalement nécrotique transpire de la release et colle à la peau. Un Black Metal hautement maléfique, habité par l'Enfer intérieur de ses géniteurs et par le Mal incarné en eux... Chacun des sept titres est la marque d'un long travail sur la manière de corrompre le plus efficacement possible les êtres de ceux qui posent une oreille dessus sur cette "Womb of Pestilence"...

Sorti en 2003 chez Illuminated Void Productions, cet Hymne au Mal et au Malin, cette œuvre pleine de "bons" sentiments est un objet d'une meilleure facture que le précédent, m'est avis. Les compositions sont mieux structurées et plus intéressantes, l'ensemble forme un tout cohérent et non plus une purée qui pèse (trop) dans la panse et les cervelles. « Womb of Pestilence » répand ainsi d'une bien meilleure manière sa peste que son aîné « The First Possession ». Comme une glaire acide remontant la tuyauterie de chair et brûlant tout sur son passage, après trop d'angoisses, de dégoûts et de frustrations retenues, « Womb of Pestilence » réussit son pari et touche là où ça fait mal.

Au temps le premier ouvrage donnait l'impression que le chaos et la folie de la douleur l'habitaient, au temps ce second opus semble possédé par le Diable en personne. Il y a quelque chose de surnaturel en lui – il pourrait être mis en doute que ce soit un humain qui l'ait vraiment mis en boîte, qui l'ait modelé à son image... Peut-être les sentiments les plus éloignés de l'humanité, cet état existentiel recherché par les musiciens du genre et qu'ils désirent plus que tout retranscrire dans leur Black Metal, genre extrême baignant dans l'affect et l'absence de ressentis, peut-être ces émotions si fortes et extrêmes possédaient-ils alors E.T.T, âme maudite de WARLOGHE ? Peut-être certaines œuvres dépassent-elles l'Humain pour mieux mettre exorciser les Ténèbres qui agitent souterrainement cette vie humaine ? Peut-être trop de Raison empêche-t-il les auditeurs trop barricadés intellectuellement de se laisser saisir par l'essence de cette musique si humaine et qui se veut inhumaine ? Je pense que « Womb of Pestilence » contient quelques réponses à ces questions. Oserais-je dire que nous avons là un modèle de Black Metal ?