Le barbare trve doom vous dira qu'avant 1994, SOLITUDE AETURNUS c'est bien, ça cultive un petit côté romantico-dépressif sur le premier album, ça laisse parler ses penchants théâtraux sur le second et ça s'impose comme le digne successeur de CANDLEMASS, soit du doom très heavy typé 80's qui lorgne plus vers un MERCYFUL FATE qu'un SAINT VITUS.

Seulement, comme l'a si bien dit Wino, la bande à Robert Lowe est née trop tard, et les années 90 voyaient les chevelus de la scène metal passer le flambeau du doom trad' aux rockers, plus inspirés par les 70's que quiconque. Ainsi, à l'heure où sort « Beyond The Crimson Horizon », la scène alternative redécouvre le son zeppelinien, on redescend la vieille Gibson SG de papa du grenier et les kids du désert ajoutent une pincée de fumette à leurs riffs chromés (et inversement).
Demeurer éternellement dans l'ombre du dernier des géants CANDLEMASS n'était définitivement pas une solution, et rester dans la voie heavy-doom allait demander une certaine capacité d'adaptation. Malin comme le singe qu'il est, Lee Dorian l'avait bien compris, allant jusqu'à révolutionner le genre au passage. Peut-être pas aussi créatifs, les texans avaient néanmoins une petite idée sur la question, brillamment mise en pratique sur « Through The Darkest Hour ».

Vient donc le moment où le barbare trve doom vous dit qu'en 1994, SOLITUDE AETURNUS frise le génie. Ceux qui avaient parié sur un virage funeralo-atmosphérique en auront pour leurs frais, fini le classieux et les chemises en dentelles. Après deux ans passés à tailler ses silex, la formation sort enfin du bois, hirsute, sale, avec un nouveau son d'une lourdeur dévastatrice, sans pour autant renier ses racines ni remettre en question son identité.
Le morceau le plus représentatif de cette évolution est certainement « Perfect Insanity »: riff heavy rock, vocaux à la Ozzy et pont sabbathien. Radicalisant son approche, le groupe donne dans le doom percutant, redoutablement efficace. Écoutez « Falling » et son festival de metal en fusion, ou le plus martial « Pain ». Moins de subtilité dans les arrangements mais toujours cette passion pour les solos ciselés et un côté progressif encore présent, en témoignent les nombreux breaks, ponts et changements d'ambiance (« Pain » là encore, mais également "The 9th Day" où le sitar fait une fugace apparition).
Les amateurs de plages plus reposantes apprécieront « The 8th Day », au pouvoir envoûtant certains, ou l'inquiétant « Haunting The Obscure ». L'affaire est conclue par la seule vraie ballade de l'album, « Shattered My Spirit », pas nécessairement le passage le plus intéressant.

Plus violent, plus sombre, plus lourd... « Through The Darkest Hour » est certainement l'album le plus résolument doom de SOLITUDE AETURNUS et également l'un de ses tout meilleurs.
Décidé à moderniser sa musique, le combo d'Arlington signe un presque chef-d'oeuvre du genre, moins timoré que ses efforts précédents et plus convaincant sur la distance. Du grand art.