L’autre jour, je répondais à une question d’un lecteur concernant le « Burn My Eyes » de MACHINE HEAD et la réponse était sans appel : ce disque a influencé bon nombre de groupes et redoré le blason du Power Thrash. MH pratiquait un style assez inédit à l’époque, le mélange de différents genres leur conférait ainsi une personnalité unique. Depuis, une véritable Power Thrash mania a envahie les bacs. Comme toutes les modes, beaucoup se sont mis au diapason. Les pays nordiques n’y sont pas exclus, bien au contraire. On y trouve un véritable nid de groupes Metal (sous influences), tout aussi brutaux les uns que les autres (comme FACE DOWN en particulier).

LOWDOWN (groupe Norvégien) encore tout jeune, est influencé, lui, par la toute nouvelle génération US : CHIMAIRA, LAMB OF GOD et bien sûr MH. Il sort son premier opus (« Unknown ») en 2003. Malgré sa motivation, les moyens sont réduits : production en home-studio, distribution limitée au marché indépendant. Toutefois, les compositions démontrent de grandes qualités et un sens inné du groove, ce qui apporte beaucoup de charme à son répertoire. Trois ans plus tard, le label (Black Balloon Records) lui donne (cette fois-ci) les moyens nécessaire pour s’exprimer sous la houlette de Daniel BERGSTRAND (excusez du peu). Ça y est, le champ est libre : maintenant, ça va chier !

Mais pourquoi donc cette euphorie soudaine? C’est très simple : « Anditote» poutre grave!

Les guitares, c’est ça le truc. Leur jeu est mis en exergue par une prod’ titanesque et moderne (merci Daniel) leur offrant beaucoup d’espace et la sensation est on ne peut plus jouissive. Les mauvaises langues diront que c’est un album avec des grosses grattes en somme, hein, pas de quoi s’extasier ? Eh bien si justement… Les morceaux (onze au total) sont très bien construits et la maîtrise est évidente. Depuis 2003, cette jeune formation est en progrès constant. Le bavardage inutile (et juvénile) est définitivement banni. Maintenant, on recentre le débat et on développe les arguments. Qui sont au nombre de trois : puissance, agilité et efficacité.

Tout est pensé et millimétré, du break néo (avec les accords bien puissants qui vont avec) aux passages Death Metal de brute, le rendu est excellent. De plus, ces Norvégiens ne s’enferment pas dans une belle parure pour masquer leurs défauts. Les influences sont évidentes et ils ne s’en cachent pas les bougres ! Des riffs syncopés et triggés (qu’un certain Dino CAZARES n’aurait pas renié), aux larsens et autre couinements guitaristiques (d’une pointure internationale texane à l’album « vulgar » quelque chose) utilisés à outrance, en passant par les vociférations du hurleur de service : Leo Moracchioli (dans le genre gros ours mal léché) qui ne nous épargnera pas l’imitation (quelque peu scolaire) du « Twist » de KORN (« Be The Clown », le bien nommé). Bref, avec LOWDOWN, on entre en territoire connu, hein. Frôlant de justesse le plagiat (la démarche est totalement assumée mais dommageable), LOWDOWN aligne les notes et les patterns meurtriers. De la bourinnade non-stop ? Que nenni. Conscient de son potentiel à défoncer les tympans et à faire de votre cervelle de la fondue, LOWDOWN tempère ses ardeurs et nous propose quelques accalmies bienvenues (ouf !) mais ce moment est de très courte durée... A contrario du malaxage de cortex qui vous attend (cinquante bonnes minutes au compteur).

Le niveau technique est très correct, en complexifiant un tant soit peu sa musique, il caresse doucement du bout du médiator MESHUGGAH (riffs polyrythmiques de rigueur). En somme, vous trouverez dans un seul morceau, différents styles qui se croisent pour ne faire qu’un à la fois (tout comme MH d’ailleurs). Le sentiment d'être écrasé par un rouleau compresseur (conduit par un arthropode) est persistant. Mais bandant(surtout).

« Antidote » est un disque puissant et brutal qui a la gaule et ne se cache pas derrière une belle carrosserie (référence au superbe packaging de l’album) pour vendre de la camelote au premier venu, car la mécanique est parfaitement huilée et les pièces sont toutes neuves (made in Norway).

Alors, amateur de brutalité moderne : foncez !

Note : 3/5.