Avant de devenir un mammouth grassouillet du rock californien, INCUBUS était petit, tout petit, sympa, tout sympa, original, tout original…pour un groupe de néo metal. Normal, INCUBUS, à la base, c'est un groupe de fusion. Attention, mal de tête en prévision, on respire un grand coup et on lit :

Non, le néo metal et la fusion, ce n'est pas pareil. Il suffit pour s'en convaincre de lire la liste des ingrédients.

Néo metal :
Hardcore : 20%.
Ambiance plombée : 30%.
Bonds en l'air : 50%.
Rap : 10 à 30% selon la préparation de l'apothicaire.
Funk : quantité souvent négligeable.
Barré : 50%.
Sinistrose grungelike : 30%.
Date limite de péremption : 1995.

Fusion :
Funk : 40%.
Sourire : 30%.
Bonds en l'air : 50%.
Barré : 10 à 20%.
Rap : très variable selon la potion.
Négritude : 20%.
A consommer avant le : NC.


Quelques passerelles, quelques oppositions. Les deux principales se retrouvent sur le facies des acteurs. Le fusionneur traîne aujourd'hui lourdement sa quarantaine, il continue à aimer la vie. Le néo metalleux reste demi-jeune (la trentaine magnifique), il cache son morose derrière ses dreads. Malheur à INCUBUS qui naît en 1995, quelques mois après la déferlante KORN, qui use de lourdes guitares et qui rigole tout le temps en écoutant encore et toujours…ses vieux disques des RED HOT CHILI PEPPERS et de LIVING COLOUR. Un peu de FAITH NO MORE aussi mais ça, les grands frères de Bakersfield le font aussi.
Inclassable ou mal dans son époque, INCUBUS ne joue pas aux geeks dépressifs, il apprécie le chaud soleil de sa côte ouest natale. Pire, il reste léger quand il se devrait de rester sérieux, très sérieux. C'est vrai, le néo vient après le grunge et doit bien récupérer son auditoire en lui piquant son attitude mal dans ses baskets. Une réussite totale, bravo KORN, bravo les DEFTONES.

Et c'est justement dans sa petite niche qu'il s'est construite tout seul que "Fungus Amongus" peut fièrement lever la tête et aboyer pour faire parler de lui. Bien plus qu'un successeur aux guitares nettement sous-accordées (première preview sur "Speak Free"), ce premier effort respire le frais. Que ça virevolte de partout, on pourrait presque le regretter, c'est très adolescent tout ça. Mais n'allons pas chercher la moindre maturité, elle ne viendra qu'avec les ventes de disques. Et "Fungus Amongus" ne dispose guère de forts arguments marketing. Des titres qu'il faudra faire tourner longtemps avant de tenir une accroche enfin mémorisable, beaucoup de délires nerdy. C'est bien pour cette raison que l'état d'esprit compte beaucoup dans l'écoute du champignon. Ni prise de tête ni intellectualisme pédant, c'est ici la fête dans le garage des parents. On y boit de la limonade (américaine la limonade, rose et sans bulle), une vieille borne d'arcade traîne dans un coin, on eut y jouer à Bubble Bobble. On se sent bien, ce sont les vacances.