Un des problèmes du Metal moderne, c’est que les ¾ du temps, ça gueule plus que de raison en faisant beaucoup de bruit pour rien. On en oublie souvent qu’à la base, le Metal descend du Hard Rock qui descend du Rock. Et j’ai l’impression tenace que l’agression au sens large a pris le pas sur les choses élémentaires comme le sens de la composition, la mélodie, l’inspiration... L’aspect « accrocheur » en un mot. J’avoue de temps en temps des groupes comme AEROSMITH, GUN’S, LED ZEP ou AC/DC de la « grande époque » me manquent. Faut trouver maintenant pour écouter un bon Hard Rock pas trop vieux avec de bons riffs et des mélodies bien faites.

Ca tombe bien le dernier INCUBUS nous propose un peu ça, mais un peu plus encore. Un bon Rock « durci » moderne, coincé quelque part entre les RED HOT, FAITH NO MORE, SOUNDGARDEN et SOAD. Une sorte de Hard Rock plus inspiré que péchu qui lorgne à grands coups de tubes vers les aspects les plus séduisants de la New Pop anglaise (« Oil and Water » « Anna Molly »).

Ce sixième album d’INCUBUS se situe dans le prolongement du précédent (A Crow Left...) en affichant une belle diversité et un certain assagissement. Ceux qui ont adoré les délires barrés de « S.C.I.E.N.C.E » (et seulement ce INCUBUS là) vont pas « tripper » des masses avec ce nouvel album. Le groupe piochant allègrement dans tous les répertoires, il faut aussi une certaine « ouverture d’esprit » pour apprécier l’album et supporter que le groupe bouffe à tous les râteliers en alternant ballades un tantinet mièvres, tubes FM, Metal un peu barré, Grunge léger et Hard un poil mélancolique. Du coup, tout le monde n’est qu’un peu content.

INCUBUS a pris le parti du « un peu » pour évoluer alternativement sur plusieurs tableaux, en faisant de la mélodie sa priorité. C’en est presque devenu un apostolat : « Le nouveau INCUBUS sera mélodique ou ne sera pas ». Fin des breaks tordus et des titres barrés de la grande époque... Un polissage a été effectué (c’est donc confirmé) pour que tout soit beau et brillant. Évidemment, ce coté « clinquant » est très critiquable : ça a quelque chose de commercial, de racoleur, de sirupeux. Bref, ça dégouline un peu sur les bords et certains seront écoeurés. On les comprend : toutes ces émotions, toutes ces ondes positives parfois ça fait un peu tâche. Surtout pour un groupe autrefois estampillé « Metal ».

Sauf que Lights Grenades est particulièrement bien foutu. Non seulement la moitié des titres se retiennent quasi dès la première écoute, mais en plus ils s’enchaînent assez bien en se contrebalançant tous les registres du groupe. Les guitares grésillent quand il faut, l’acoustique arrive au bon moment, le passage un peu psychédélique s’intercale sagement, les tubes flirtent avec les morceaux plus pêchus. INCUBUS a développé son « tour de main »: une recette bien dosée qu’il cherche depuis un moment pour rebondir depuis cet OVNI de « S.C.I.E.N.C.E ».

Ce nouvel album d’INCUBUS porte bien son nom. Le groupe n’a pas sorti la grosse artillerie en nous balançant un énième album de Néo Metal de mes couilles bruitiste et inutile. Il s’agit bien au contraire de l’album truffé de mini bombes, toutes aussi différentes les unes que les autres. Plus aérien qu’éphémère, Lights Grenades résiste aux multi écoutes pour arriver à se caler dans votre petit quotidien. C’est un réconfort quand on a le spleen, un petit coin de ciel bleu le lundi matin, un bon coup de fouet (tssh tssh) pour s’énergiser. Un album en définitif « caméléon », résolument positif et qui fait un bien relatif dans le paysage metallique actuel.


Note : 3/5

Morceaux préférés : A Kiss To Send Us Off, Anna Molly
Inutiles : Earth to Bella Part 1 & Earth to Bella Part 2 (quel intérêt de subdiviser ce morceau ?)