Ecouter SKYFORGER, c'est quand même un peu la frime. Combo totalement inconnu en terres occidentales, il représente pourtant l'un des premiers artisans du folk metal extrême. Né en 1995, rendez-vous compte, ça fait un bail. Plus fort encore, toujours plus intéressant pour briller au pub metal de votre bled, SKYFORGER est letton.

- Ah oui, la Lettonie, je connais, c'est balte.
- Bravo Michel, un bon point pour Michel. Et balte, c'est quoi ?
- Je sais mais je sais pas comment expliquer.
- Pas grave. Tu peux nous dire quoi d'autre sur le pays ?
- Euh…
- Capitale ?
- Bah…Tallin.
- Presque, mais non. Pays limitrophes ?
- C'est-à-dire que… la Russie ?

Pas super fort en géographie, ce Michel mais de vraies qualités de déduction. La Lettonie, ancienne République Socialiste Soviétique, une ouverture sur la Baltique, on va s'arrêter là, ceux que ça intéresse iront visiter Wikipédia pour se cultiver un brin.

Folk metal extrême donc. Mais encore ?

- Michel, Il y a quoi dans SKYFORGER d'après toi ?
- Ben… (30 bonnes secondes de réflexion)… des instruments traditionnels.
- Oui enfin, pas mal de folklore local. Très bien. Quoi d'autre ?
- (timidement) Du black ?
- N'aie pas peur, oui du black. Enfin un peu de black, surtout sur ce premier album. Autre chose ?
- Un côté viking.

Décidément, on en fera quelque chose de ce petit. Un bon petit résumé de "Kauja Pie Saules" sans même en avoir entendu une note. Ce n'était pas non plus très dur, on le voit venir de loin, SKYFORGER. Mais c'est bien, très bien.

Reprenons et détaillons un contenu qui se livre assez facilement à quiconque a déjà traîné ses guêtres dans l'univers du metal païen. Pour la tradition, SKYFORGER joue le professeur d'histoire, conscient des atouts de ce nouvel exotisme balte. Des légendes, des batailles servies par de l'acoustique au flûtiau, à la guimbarde et à la ribambelle connue des instruments à consonance médiévale. Par-dessus cette gentillerie, de très nombreux chants à la texture mâle qui font penser à tous les acteurs de la scène viking européenne. Reste le black, souvent épris d'épique mid-tempo à la BATHORY sans le chant de Quorthon, remplacé par la galère trachéite d'un vocaliste encore très immature, qui fait autant mal à sa propre personne qu'à un auditeur qui doit fatiguer de ses voix sans personnalité aucune.

Immatures aussi les riffs d'un orchestre qu'on sent jeune, très jeune. Bien sûr, on continuera à le suivre, on a envie de lui trouver du potentiel à ce Balte. Et quand on le voit autant s'appliquer à nous conter son pays dans sa langue natale, on se dit que ce serait tellement bien si SKYFORGER prenait un peu de patine. Simple balbutiement certes longtemps travaillé, "Kauja Pie Saules" souffre de trop d'infantilisme pour qu'on en vienne à louer son auteur, aussi sympathique, exotique et appliqué soit-il. La suite s'appelle "Latvieðu Strçlnieki", oublie l'obscurantisme médiéval pour se tourner vers un douloureux vingtième siècle. On espère cette prochaine leçon d'histoire plus mature et soutenue par une instrumentation plus capable et, pourquoi pas, par une production éclaircie.