Une pochette de metal progressif et une reprise de Rick James, voilà ce qu'on retiendra de "Fool's Game". Passons sur l'artwork, une sinistre erreur de la part de Noise Records, très certainement. Mais Rick james en version metal, comment ne pas en parler ? Pensez donc, un jour concurrent direct de Prince pour le titre de plus grand roi de la funk, un autre recordman de l'absorption de substances farineuses, le regretté James Ambrose Johnson Junior aura lancé la carrière d'un OVNI mal assumé du thrash. Et s'il est aujourd'hui devenu coutume marketing de se faire connaître en refaisant la déco des monuments musicaux du passé, si les pires combinaisons ne font plus peur à personne, les années 80 ne portaient pas encore les germes de la pandémie qui sévit actuellement sur toute l'industrie du disque. Inutile de dresser une liste du tout et n'importe quoi qu'on voit fleurir un peu partout, la seule reprise susceptible d'analyse parallèle avec le mégahit "Super Freak" est bien "Higher Ground", retouché en cette même année 1989 par les RED HOT CHILI PEPPERS.

Et différence majeure, le résultat. Stevie Wonder version superfusion saturée, ça claque, ça pète, ça donne à l'original un effet volume qui lui permet d'exister autrement qu'en tant qu'appendice divertissant. Pas de chance, MORDRED a oublié son spray coiffant. En plus, il a mal au bide. Et "Super Freak" en mode contrit, ça donne…vite, du lactéol !!! On pourra tout dire de Mc Hammer, lui au moins, savait tirer parti du groove originel.
Allez, oublions cette bonne idée mal exécutée, l'album fait quand même dix titres.

Dix titres et peu de choses à en dire. Du riff qu'on entend mal à cause d'une basse très sonore et un brin lourdingue. Elle se laisse taquiner le bas du manche de temps en temps et visite alors deux, trois aigus, son porteur prend des couleurs et on aime "The Artist" pour ça. Elle se contente malheureusement trop souvent de plomber l'ambiance car elle a oublié de s'humecter les cordes. Madame est sèche, c'est embêtant. Et ce ne sont pas les guitares qui faciliteront le coït. Soyons concis, on dirait parfois du mauvais TESTAMENT. Et sinon, c'est plus générique encore. J'admets ne pas y connaître grand-chose en thrash de seconde zone et vous appellerez votre ami le Canard pour choper des renseignements supplémentaires. C'est certain qu'en étant resté à METALLICA, MEGADETH, SLAYER ou encore FLOTSAM AND JETSAM, j'ai du mal à qualifier MORDRED autrement que comme du sous. Et du sous qui ne relève jamais vraiment la tête. C'est vrai, on entend un peu de New-York là-dedans, un brin de joyeuseté vécue par ANTHRAX ou NUCLEAR ASSAULT mais bon, arrêtons là d'étaler des références qui n'ont rien à faire ici (sauf peut-être NUCLEAR ASSAULT, largement inférieur à ses pairs), "Fool's Game", c'est du thrash pas bon, un point c'est tout.

Il reste encore "Every Day's A Holiday" qu'on voit arriver gros comme une maison. La voilà, la porte de sortie d'un groupe qui n'a rien à foutre au sein d'un genre dans lequel il patauge. Un morceau pas dément et très party à la BEASTIE BOYS des débuts qui porte le relais avec un second album nettement plus personnel si pas toujours meilleur. Un morceau qui possède un deuxième mérite, celui de faire comprendre au quintette qu'à six, tout irait mieux et le scratcheur de session rejoindra vite ses collègues de façon permanente.