Le fromage de Hollande c’est bien connu. Mais le Death Metal hollandais aussi. C’est même une des spécialités du coin. ALTAR est un groupe parmi tant d’autres là bas. Cependant méfiez-vous car celui-ci est particulièrement belliqueux.

Loin d’être une référence, ces gaillards font leur petit bonhomme de chemin, leurs méfaits discographiques en poche. ALTAR est fermement opposé au christianisme et lui voue une interminable haine qui transpire de partout dans leur musique. Néanmoins, il s’éloigne grandement de la kermesse – satanique - habituelle (autres que les jeunots avec des croix renversées et du maquillage plein la gueule). Le propos se veut plus adulte et concret. Démontrant au travers de paroles cyniques et incantatoires ("Ego Art", "Pathethic Priest"), la cruauté humaine sous toutes ses formes

- Ego Art - est un disque sulfureux, incandescent. Chaque accord baigne dans le sang. Un sang impur et démoniaque. Ces démons nous parlent et sont poussés en avant par une force maléfique. Surtout leur chanteur : Edwin Kelder lui-même responsable de l’écriture des textes. Tel un gourou, qui appelle tous les opposants et autres vermines, à se regrouper autour de lui pour cette grande incantation. Son registre est bien sûr guttural, mais reste parfaitement audible. Sa voix est placée bien en avant (il a du coffre, le salaud !), au grand damne des autres instruments (la batterie est de ce fait légèrement en retrait). Les guitares incisives sont les plus privilégiées au niveau du mix. Le son est bon. La prod’ offre beaucoup de clarté ce qui donne dans l’ensemble, du mordant aux rythmiques ("I Take", "Ego Art").

Car ALTAR tricote sévère et sans retenue. C’est une de leurs particularités. Les riffs sont travaillés et l’écriture des titres est fort bien conçue ("C.C.C", "Tonight Will Country I Die"). Quelques moments purement instrumentaux viennent aérer de temps en temps les morceaux ("Egoverment"), mais on est quand même loin de VITAL REMAINS, hein. C’est très vindicatif au final. Ce tempo majoritairement speed fait que les 10 titres (dont une intro comme toujours inutile "Eidolon" ) s’écoutent très facilement pour une durée tournant autour de 40 minutes (ce qui est tout à fait correct dans le style).

Depuis leur précédent opus - Youth Against Christ - ALTAR n’a pas beaucoup évolué. Le son est identique et le parti pris est toujours le même à savoir : exploser la couronne d’épines aux quatre vents ! Des irréductibles provocateurs en somme. Rien que pour ça, ils méritent le détour. Leur style est vite identifiable. Ce n’est pas du DEICIDE, ni du MORBID ANGEL. Non rien de tout ça. Il s’agit juste de petits hollandais hargneux qui pètent très fort pour se faire entendre.

Au final, c’est assez réussi. Si on met de coté certains tricotages et quelques redondances ("Truly Untrue"), ALTAR trouve son chemin finalement, sans que cela soit rédhibitoire non plus. En somme, ces défauts sont assez classiques au regard de la production Death metallique. C’est rapide et bien foutu mais bon, ça se casse un peu la gueule des fois.
In fine, ALTAR nous livre un deuxième album plutôt bon. Sans être pour autant un chef d’œuvre ou une daube, non, juste un bon album c’est tout. C’est simple, carré et crédible. Dans le style c’est pas mal du tout. Avis aux amateurs.